jeudi 20 janvier 2011

Ben Ali et sa femme se serait enfuie avec 1,5 tonne d'or 17.01.2011


Trabelsi, la mafia


Fil info du 20.01.2011

20h25: Il manquerait bien 1,5 tonne d'or en Tunisie
Tandis que le clan Ben Ali est accusé de s'être enfui avec 1,5 tonne d’or pris dans les coffres de la Banque centrale de Tunisie (BCT), «le Conseil mondial de l’or a récemment évalué le stock d‘or de Tunis à 5,3 tonnes», rapporte Europe 1. «Or, pendant plus de dix ans, l’organisme, qui regroupe à Londres les principaux producteurs de métal jaune, avait évalué le stock tunisien à 6,8 tonnes. Soit une différence d’1,5 tonne», ajoute la radio. Le compte est bon.

19h38: Eva Joly appelle Nicolas Sarkozy à «réparer les fautes commises»
Les eurodéputées Eva Joly et Hélène Flautre (Europe Ecologie-Les Verts) ont appelé Nicolas Sarkozy à agir rapidement pour «réparer les fautes commises jusque-là» en Tunisie par le gouvernement français, dans une lettre au chef de l'Etat datée de ce jeudi. Comme le rassemblement écologiste l'a déjà fait, les eurodéputées demandent aussi des excuses et la démission de la ministre des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie après ses déclarations controversées sur la Tunisie, une décision à leurs yeux «absolument nécessaire pour la crédibilité de notre diplomatie». Rappelant à Nicolas Sarkozy son discours au soir de son élection en mai 2007 où il s'était «adressé à tous les "opprimés du monde"», elles s'étonnent que «dès le début de l'année 2008», le chef de l'Etat ait semblé «oublier ces paroles pourtant pleines de nobles intentions», citant la Tunisie en exemple et comme un pays où «"l’espace des libertés" progressait».

18h30: Le gouvernement tunisien décide de reconnaître tous les partis et mouvements politiques interdits
Selon le ministre de l'Education supérieure, Ahmed Ibrahim, le cabinet est tombé d'accord sur une amnistie générale pour tous ceux qui ont été emprisonnés pour leurs convictions politiques. Prié de dire si le gouvernement avait aussi décidé de lever les interdictions de groupes politiques, dont celle frappant le mouvement islamiste Ennahda, son collègue de la Jeunesse, Mohamed Aloulou, a répondu: «Nous reconnaîtrons tous les mouvements politiques».

18h23: Le gouvernement se met d'accord pour une amnistie générale de tous les détenus politiques, selon un ministre.

17h39: Les membres du gouvernement qui ont démissionné ne seront pas remplacés pour le moment
C'est ce qu'annonce Slim Amamou, le secrétaire d'Etat à la Jeunesse, présent au premier Conseil des ministres du gouvernement provisoire. Il s'agit des ministères de la Santé, et de la Formation et de l'emploi, du secrétariat d'Etat aux Transports et à l'équipement, ainsi que le poste de ministre auprès du Premier ministre. Les membres du gouvernement en question avaient quitté leurs fonctions mardi. «On va enlever la police des campus», ajoute Slim Amamou.

16h56: Tous les avoirs de l'ex-président Ben Ali seront récupérés
L'Etat tunisien récupérera tous les avoirs appartenant à la famille de l'ancien président Zine Ben Ali, a déclaré ce jeudi le ministre de l'Industrie et la Technologie. Mohamed Afif Chelbi a ajouté que la politique d'ouverture aux investissements étrangers se poursuivrait et il a annoncé un progressif retour à la normale des activités des entreprises étrangères en Tunisie, six jours après la chute de Ben Ali face à un mois de contestation de rue. L'Etat récupèrera tous les avoirs, que ce soit des actions de sociétés ou des biens immobiliers et assurera, sous une forme ou une autre, la direction de ces entreprises, a souligné le ministre du gouvernement transitoire. Chelbi appartenait au gouvernement sortant mais dit n'avoir jamais été membre du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), l'ancien parti de Ben Ali dont des manifestants réclament la dissolution depuis plusieurs jours. Le ministre a déclaré que sa principale préoccupation était de créer davantage d'activités pour créer des emplois et attirer davantage de capitaux nationaux ou étrangers. Le message que j'adresse aux sociétés et aux investisseurs est un message de confiance, a ajouté Mohamed Afif Chelbi.

16h54: Les ministres issus du RCD renoncent à leur poste au sein du parti
«Les membres du gouvernement ont démissionné de leur poste au RCD mais restent membres du parti», poursuit Slim Amamou.

16h49: Slim Amamou promet de porter une cravate
«J'aime bien le ministre de la Justice. Je vais porter une cravate rien que pour lui faire plaisir», s'amuse Slim Amamou, le secrétaire d'Etat chargé de la Jeunesse, sur Twitter, toujours au coeur du Conseil des ministres tunisien. Il avait été critiqué cette semaine lors d'une première réunion ministérielle par des ministres issus du RCD, le parti présidentiel, parce qu'il ne portait pas de cravate.

16h24: Les manifestants tunisiens font tomber le sigle du RCD de son bâtiment

16h01: L'UE va geler les avoirs du clan Ben Ali
Les pays européens sont tombés d'accord ce jeudi lors d'une réunion d'experts sur le principe d'un gel des avoirs du président tunisien déchu Zine El Abidine Ben Ali et de ses proches, a indiqué une source diplomatique européenne à l'AFP. L'UE attend à présent que les nouvelles autorités tunisiennes au pouvoir lui transmettent une liste précise des personnes à cibler pour ces sanctions, selon le diplomate.

15h54: Retour des étudiants dans les universités?
Malgré l'état d'alerte, les ministres discutent du retour des étudiants dans les universités, raconte Slim Amamou, le secrétaire d'Etat à la Jeunesse tunisien, sur Twitter.

15h36: La Banque centrale de Tunisie rassure ses créanciers
La Banque centrale de Tunisie s'est efforcée ce jeudi de rassurer les créanciers du pays secoué par une grave crise politique en faisant valoir qu'elle disposait d'assez de réserves en devises pour honorer ses obligations internationales. Les échanges interbancaires internationaux se poursuivent «normalement», déclare la BCT, qui précise disposer, avec 8,8 milliards de dollars, de suffisamment de réserves pour assurer 143 jours d'importations. «Cette somme suffit largement à honorer pleinement les obligations financières et économiques, y compris les échéances de sa dette internationale de 450 millions d'euros le 7 avril 2011 et de 15 milliards de yens le 27 septembre 2011», dit-elle.

15h30: 3% du PIB perdu en raison du mouvement populaire
C'est ce qu'indique le ministre de l'Economie selon Slim Amamou, qui ajoute «à cause de vos conneries» à destination de ses lecteurs. Cependant, «tous les investisseurs restent et sont solidaires. Aucun projet arrêté». «La Banque mondiale, la Banque centrale européenne, la Banque africaine nous appuient», continue Slim Amamou.

15h24: «Tout le monde déteste Ben Ali»
«C'est jouissif d'écouter le ministre de la Justice lire le mandat d'arrêt commençant par le nom de Ben Ali», raconte Slim Amamou sur Twitter. Pour sa part, le ministre des Affaires étrangères donne la liste des pays «qui prennent des mesures sur la fortune des Ben Ali: France, Allemagne, Suisse.» Celui-ci explique que «même les pays arabes nous soutiennent malgré l'inquiétude pour leur régime. Même l'Arabie Saoudite». «Tout le monde déteste Ben Ali», s'exclame le blogueur.

15h20: Un secrétaire d'Etat commente en direct le Conseil des ministres tunisien sur Twitter
Slim Amamou, secrétaire d'Etat chargé de la Jeunesse, comment sur son compte Twitter le premier Conseil des ministres du gouvernement provisoire. D'après lui, le ministre de l'Intérieur annonce une «directive contre les écoutes téléphoniques sans ordre de la justice». «Le ministre de la Défense nous assure que les frontières sont bien gardées», poursuit-il.

15h09: La Tunisie au coeur des questions d'actualité du Sénat
Le cas tunisien est abordé ce jeudi lors des questions d'actualié du Sénat. Le sénateur socialiste du Loiret, Jean-Pierre Sueur, considère qu'«il y a eu des silences et des paroles qui font mal, très mal». Le ministre chargé de la Coopération, Henri de Raincourt, lui a répondu que «la France est à la disposition de la Tunisie pour l'aider à achever le processus démocratique».

14h57: Un ministre démissionnaire s'explique
Hassine Dimassi, nommé ministre de la Formation professionnelle dans le gouvernement provisoire tunisien, a démissionné mardi, avec deux autres membres de l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), afin de protester contre la présence de ministres issus du RCD, le parti présidentiel, dans l'équipe gouvernementale. Interrogé par Le Monde, il estime qu'il n'est «pas normal du tout» que le Premier ministre actuel soit le même que sous le régime Ben Ali, «mais au moment des pourparlers, l'UGTT a fait des concessions sur ce point, car après tout, ce gouvernement n'est qu'un gouvernement de transition». Cependant, Hassine Dimassi ne craint pas que la Tunisie connaisse une situation «à l'iranienne»: «La Tunisie diffère beaucoup de l'Iran. Notre pays a été tout au long de son histoire un pays de tolérance et de rationalité sur le plan religieux». L'ex-ministre considère également que l'armée ne viendra pas s'ingérer sur la scène politique tunisienne car «elle s'est toujours comportée de manière neutre et responsable envers le peuple».

14h33: Le sigle du RCD démantelé sur le siège du parti présidentiel
La grande échelle des pompiers a finir par arriver et le sigle du RCD figurant sur le bâtiment du siège du parti présidentiel est peu à peu démantelé. «le R est tombé», indique l'envoyée spéciale de 20minutes.fr à Tunis.

14h08: La manifestation se poursuit devant le siège du RCD
Près d'un millier de personnes se trouvent désormais devant le siège du RCD, rapporte l'envoyée spéciale de 20minutes.fr à Tunis. Munis de drapeaux tunisiens, de pancartes, chantant l'hymne tunisien, les manifestants tentent de forcer les grilles pour accéder au bâtiment. «On attend les pompiers et leur grande échelle pour enlever le signe du parti présidentiel figurant sur le bâtiment», indique notre journaliste qui précise que l'avenue Mohammed V, sur laquelle se trouve le siège du RCD, a été partiellement coupée.

13h54: Tariq Ramadan ne croit pas à un «effet domino»
«Je ne pense pas qu'il y aura un effet domino immédiat, mais c'est sûr qu'un verrou s'est brisé, qu'un espérance est rendue possible», a déclaré le professeur d’Études islamiques contemporaines à l’université d’Oxford, interrogé par TV5 Monde. Tariq Ramadan cite l'Algérie, la Libye, la Jordanie, l'Egypte et la Mauritanie parmi les pays dont le peuple «étouffe». Cependant, le chercheur ne voit pas «à brève échéance quelque chose qui se déclencherait de la même façon dans ces autres dictatures». «Tous les cas sont singuliers», ajoute-t-il. 

13h32: Les douaniers Français donnent leur version des faits à propos du matériel destiné aux policiers tunisiens
Les langues se délient et la version de l'Elysée commence à flancher. Vendredi dernier, un avion transportant du matériel destiné aux forces de l'ordre tunisienne était sur le point de décoller de Roissy lorsqu'il a été bloqué sur ordre de la présidence de la République. Or les douaniers donnent ce jeudi une version légèrement différente, révèle France Info. Ce sont eux qui ont empêché l'avion de décoller vendredi car le nombre de palettes (40) indiqué sur le bon de commande n'était pas présent. Les douaniers laissent alors passer le week-end et avertissent l'Elysée seulement lundi qui «donne l'ordre de bloquer l'appareil de Roissy». La Douane de conclure: «Si les douaniers n’avaient pas, vendredi dernier, fait scrupuleusement leur travail, cet avion décollait.»

13h28: Des centaines de manifestant devant le siège du RCD, tirs de la police
A Tunis, plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés en fin de matinée devant le siège du RCD, dans le centre. Retranchée derrière des barrières métalliques, la police a tiré en l'air pour tenter de les disperser, sans succès.

13h26: Un ministre proche de l'ancien régime démissionne du gouvernement
Zouheir M'Dhaffar, ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de la Fonction publique, accusé d'être étroitement lié à l'ancien pouvoir, a présenté sa démission du gouvernement ce jeudi.

13h05: Le comité central du RCD, ancien parti de Ben Ali, est dissous
C'est ce qu'affirme la télévision tunisienne. La télévision précise que la décision a été prise parce que de nombreux membres du comité central, qui sont également ministres du gouvernement intérimaire, ont quitté leurs fonctions au sein du parti sous la pression de l'opposition. Le RCD continuera lui à fonctionner, ajoute encore la télévision.

12h57: Les salariés de Tunisie Telecom manifestent devant le siège de l'entreprise
Ils demandent le départ du PDG et des membres du conseil administratif.

12h21: Les manifestants seraient arrivés devant le ministère de l'Intérieur
Selon des informations recueillies par notre journaliste sur place, les manifestants seraient arrivés devant le ministère de l'Intérieur, pourtant entouré par un important dispositif de sécurité, et dont l'accès était protégé mercredi par l'armée. Juste à côté se trouve le siège du RCD, le parti de l'ex-président Ben Ali.

11h52: Le sort des journalistes du pouvoir examiné
Le syndicat national des journalistes tunisiens se réunit ce jeudi matin pour examiner le sort des journalistes des organes de presse du pouvoir, comme l'Agence tunisienne de communication. Avec la chute du régime, leur salaire risque notamment de ne plus être assuré.

11h37: Manifestation dans le calme avenue Bourguiba
Malgré les promesses du Premier ministre de «rupture totale» avec le passé et la démission du RCD de plusieurs membres du gouvernement, une manifestation est partie comme chaque matin du siège de l'UGTT, le syndicat des travailleurs, et s'est dirigée vers l'avenue Bourguiba à Tunis. Selon notre journaliste sur place, le cortège avance dans le calme.

11h: Le Premier Conseil des ministres doit se tenir ce jeudi
La démission du RCD des ministres qui appartenaient à ce parti - de l'ancien président Ben Ali - va-t-elle convaincre les autres ministres démissionnaires de revenir au sein du gouvernement. Réponse, peut-être, lors du premier Conseil des ministres qui se tient tout à l'heure.

9h19: Les ministres membres du RCD démissionnent de ce parti
Les ministres tunisiens qui appartiennent au Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) ont démissionné du parti de l'ancien président Zine ben Ali mais ils demeurent en poste dans le gouvernement intérimaire, a annoncé la télévision tunisienne.

Quatre ministres, trois représentants de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) et l'opposant Moustafa Ben Jaafar, ont démissionné cette semaine du cabinet provisoire tunisien. Ils demandaient le départ des ministres appartenant au RCD.


9h09: Lionel Jospin contre-attaque
Sur RTL, l'ancien Premier ministre socialiste se défend de toute complaisance envers les ex-dirigeants de la Tunisie, où il a refusé de se rendre lorsqu'il était à Matignon. Repoussant des critiques de l'actuel chef du gouvernement François Fillon sur «le très beau discours» qu'il avait prononcé lorsqu'il avait reçu Ben Ali à Matignon en 1997, Lionel Jospin estime avoir fait «le minimum syndical». Il juge en outre «extrêmement choquante» la proposition de la ministre des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie d'aider à former la police tunisienne.

8h48: «La démocratie, ce n'est pas un luxe pour les riches»
Le leader du MoDem était l'invité de France Info ce jeudi matin. Interrogé sur les évènements en Tunisie, François Bayrou a estimé que «la démocratie, ce n'est pas un luxe pour les riches, pour ceux qui ont déjà un pays développé».

8h08: Le corps du photographe franco-allemand rapatrié
Le corps de Lucas Mebrouk Dolega, décédé lundi des suites d'un tir policier lors des manifestations à Tunis, est arrivé mercredi soir à l'aéroport d'Orly. Nathalie Donnadieu, sa compagne, s'est adressée à la presse en lisant un texte à sa sortie de l'avion. «Lucas nous a quittés en faisant son travail», a-t-elle rappelé, encadrée d'amis, de membres de la famille et de collègues du photographes

8h03: Le dissident Taoufik Ben Brik se voit bien président
Le journaliste et écrivain tunisien, incarcéré six mois dans les geôles du régime de Ben Ali, rêve de devenir bientôt «le premier président de la Tunisie révolutionnaire». Ben Brik, qui était exilé en France depuis sa libération en avril dernier, avait déjà annoncé sa candidature à l'élection présidentielle prévue en 2014 mais réaffirme dans un entretien à Reuters qu'il sera candidat à l'élection anticipée prévue d'ici le mois de mars.

7h59: Les biens de Ben Ali examinés par les 27 vendredi
A Bruxelles, les ambassadeurs du Comité politique et de sécurité (Cops), une instance du Conseil qui traite des situations de crise et des réponses envisageables de l'Union européenne, doivent se réunir vendredi pour examiner les avoirs de l'ancien président tunisien, et envisager des sanctions, indiquent Les Echos ce jeudi.

6h: Ben Ali aurait envisagé de rentrer en Tunisie
L'ex-président tunisien a déclaré au Premier ministre qu'il envisageait de rentrer de son exil saoudien mais Mohamed Ghannouchi lui a répondu que c'était impossible, selon Reuters. L'échange s'est déroulé par téléphone, a précisé Najib Chebbi, l'un des chefs de file de l'opposition devenu ministre du Développement régional dans le gouvernement d'union nationale formé lundi.
20minutes.fr

Slim Amamou, des geôles tunisiennes au gouvernement

C'est sur son fil Twitter que Slim Amamou a annoncé son entrée dans le gouvernement d'union nationale, lundi. Quatre jours plus tôt, ce blogueur, militant de l'internet libre, était encore en prison, accusé par le régime de Ben Ali d'avoir participé à l'opération internationale de hacking des sites gouvernementaux tunisiens, lancée par Anonymous.

Arrêté le 6 janvier en même temps que deux autres cyberactivistes et le rappeur El General, il est le dernier à avoir été relâché, juste après le dernier discours télévisé de Ben Ali, jeudi 13 janvier. Le président, presque déchu, y promettait la «liberté totale» de l'information et de l'internet. En prison, le cyberactiviste a subi quelques mauvais traitements (privation de sommeil, ligotage à une chaise pendant cinq jours...), a perdu ses cheveux longs bouclés. Le voilà désormais le crâne rasé.

Novice en politique, pour laquelle il n'a jamais vraiment milité, slim404 (référence à «page 404 not found», le code d'erreur qui s'affichait lorsque la censure tombait sur une page Web) s'est surtout investi sous Ben Ali dans la défense de l'internet libre. Ce co-dirigeant d'une PME de développement informatique (Alixsys), et inventeur d'un surligneur pour pages Web, s'apprêtait toutefois à créer en Tunisie une section du parti pirate.

«On l'a à l'oeil, particulièrement à l'oeil»
Dans une interview à Public Sénat, il assure avoir dû «prendre la décision en quelques minutes» d'accepter ou non d'entrer au gouvernement. Depuis lundi, le jeune secrétaire d'Etat enchaîne les interviews et attire l'attention de nombreux médias, de la BBC au blog du New York Times, en passant par le Guardian, Le Monde, France Inter et Al Jazira.

Mais parmi les cyberactivistes tunisiens, son choix est loin de faire l'unanimité. Cette communauté, où tout le monde se connaît virtuellement mais où peu se sont rencontrés physiquement sous Ben Ali, a largement pris sa part dans la révolution tunisienne. Beaucoup de ses figures déplorent la composition du gouvernement, dominée par le RCD, ex-parti de Ben Ali.

Depuis lundi, Slim Amamou se fait tancer sur son fil Twitter, où il reste très actif.

«@slim404 nommé au gouvernement, c'est 1peu comme 1artiste underground qui signe sur une major. Il sera lâché par les puristes et adulé par la masse», critique ainsi @fhtagn. «Tu fais une grave erreur en siégeant avec des ministres RCD», fustige un autre. «Nawaat félicite Slim Amamou. On l'a à l'oeil, particulièrement à l'oeil», prévenait lundi le collectif de blogueurs, en pointe dans la cyberdissidence.

«Je crois au dialogue»
«On s'est mis d'accord qu'il faut communiquer. Je suis à l'intérieur, je vais vous dire tout ce qui se passe», justifie-t-il sur Twitter après la prestation de serment, lundi. Prestation qu'il a d'ailleurs twittée, du «premier clash de la part des RCDistes sur le fait que je ne porte pas de cravate» à «Moufida Tletli [cinéaste nommée à la Culture, ndlr] a prêté serment devant moi».

Slim Amamou a refusé de démissionner du gouvernement, après le départ de quatre ministres issus de l'opposition, mardi. «Je crois au dialogue, disait-il à Public Sénat lundi soir. Au sujet des anciens ministres de Ben Ali, il n'y a pas vraiment de choix, il faut être réaliste quand même (...). Si vous voulez des gens qui ont du métier et savent ce qu'ils font, il faut faire appel à ces personnes».

Au gouvernement, Amamou veut «transmettre et conseiller sur tout ce qui concerne Internet, que ce soit au niveau technologique ou sur ce que pensent les gens du gouvernement», indiquait-il à Public Sénat, promettant aussi d'«essayer de faire en sorte que le gouvernement soit plus connecté».

Mission partiellement remplie, à en croire ce qu'il écrit ce matin à propos de Sami Zaoui, nouveau secrétaire d'Etat aux technologies de la communication:
Sami Zaoui sec.Etat TIC est maintenant
sur Twitter@samizaoui

sinon j'ai discuté de la censure encore en
cours avec le sec.Etat des TIC on va
régler ça


Mais Slim Amamou n'est pas au bout de ses peines, comme en témoignent ses derniers twitts en date, ce jeudi matin, où il raconte son arrivée au ministère:
les fonctionnaires de mon Mnistère ne
veulent pas du gouvernement, y compris
moi et mon Ministre


d'ailleurs je savais pas où étais le
ministère, j'ai demandé à un passant, il
m'a accompagné jusqu'a la porte.
Beaucoup de soutien


Par ELODIE AUFFRAY (Le Monde)

Révolution tunisienne – Les menaces extérieures

Outre les questions que le peuple tunisien est en droit de se poser après l’annonce de la formation du nouveau gouvernement, il faut aussi se demander quel est l’avenir de ce pays sur le nouvel échiquier régional et international.
A l’heure où tous les peuples, et particulièrement les peuples arabes, expriment leur soutien à la révolution tunisienne, certains gouvernements, malgré des déclarations positives, restent sceptiques quant aux conséquences de ce raz de marée autant formidable qu’inattendu qui a balayé à jamais l’une des dictatures les plus répressives et les plus sanglantes de notre monde actuel.
L’Italie, comme la France ont refusé à l’avion de l’ancien président d’atterrir à Cagliari ou à Paris ‘sur leur sol respectif) alors que l’Arabie Saoudite a accepté de l’accueillir. A l’exception de la France, les deux autres pays ne font pas partie de ceux vers lesquels le regard doit se porter pour préserver la transition démocratique et veiller à son bon déroulement.
La Libye
Quand bien même le discours adressé par Kadhafi à la nation tunisienne laisse percevoir la peur réelle d’une contagion, on peut l’interpréter comme une déclaration de guerre à la révolution tunisienne. Pour calmer le jeu, l’ancien président tunisien avait déclaré qu’outre les 30000(0) emplois qui seraient créés, la Lybie avait proposé d’accueillir 5 000 demandeurs d’emplois tunisiens sur ces terres. On ne saura jamais qui sont ceux qui se sont « précipités » aux frontières et quels sont les « emplois » qui leur ont été offerts ? On peut également se poser la question : pourquoi Ali Seriati, l’ancien directeur de général de la sécurité présidentielle se dirigeait-il, accompagné d’une cinquantaine de personnes vers la Lybie au moment où il a é arrêté à la frontière ?
 La peur des dirigeants lybiens et dans une moindre mesure algériens peut, en cas de persistance de l’instabilité en Tunisie les amener à essayer d’aggraver la situation pour maintenir le chaos.
La France
Sa position a été claire dès le départ, un soutien silencieux à Ben Ali et à son régime. Sa ministre des Affaires étrangères a même suggéré de proposer le savoir-faire français à la police tunisienne pour "régler les situations sécuritaires". On sait que, à l’image des CRS, les BOP- Brigades de maintien de l’ordre public- avaient été formées par les experts français.
Selon le Professeur Rob Prince, membre du Peace Corps, qui connait bien la Tunisie, le piège dans lequel est tombée l’économie tunisienne est la conséquence de son enfermement dans le rôle stratégique de territoire périphérique ou semi périphérique, ayant pour seule mission de fournir une main d’œuvre sous payée aux entreprises délocalisées ainsi que d’être une destination touristique bradée pour les pays européens et particulièrement la France.
Après un silence pesant et une attitude hostile à la révolution, le gouvernement français a amorcé un virage à 180° pour apporter son soutien total au changement opéré en Tunisie. Mais la véritable grande question est de savoir comment la France va-t-elle opérer pour éviter un repli du marché tunisien sur lui-même en premier lieu et sur d’autres débouchés où les balances commerciales seraient plus équitables ? A la traîne, ses médias « officieux », continuent de brandir le spectre de l’islamisme, mais pour combien de temps encore ?
Les Etats-Unis
"Je condamne et déplore le recours à la violence contre des citoyens qui ont exprimé de façon pacifique leur opinion en Tunisie et je salue le courage et la dignité du peuple tunisien a déclaré le président Obama en apprenant la chute de l’ancien dictateur. Compte tenu du comportement du « je dis une chose et je fais son contraire » adopté par le président américain depuis son arrivée au pouvoir, ces déclarations semblent avoir très peu d’impact sur le peuple tunisien. Ce dernier n’oublie pas que la désignation de Ben Ali à Varsovie n’était qu’une couverture à sa véritable activité en tant qu’agent de la Cia lors de la guerre froide, que ce sont encore les Etats-Unis qui l’ont « placé » à la tête du pays en 1987 et qui l’ont soutenu sous couvert du combat contre l’islamisme et le terrorisme. Ces deux « menaces » montrant des signes d’essoufflement, ce soutien a commencé à laisser percevoir des failles depuis quelques années. L’abandon de la lutte contre le terrorisme comme leitmotiv a laissé le régime de Ben Ali sans parrain. La publication des Tunileaks a révélé que les Etats-Unis exécraient Ben Ali mais qu’ils ne trouvaient pas de solution de rechange. Enfin le coup de grâce de l’armée à Ben Ali n’aurait pas pu se faire sans le feu vert des USA.
Force est donc de reconnaître aujourd’hui qu’ils ont joué de manière indirecte un rôle important dans la chute du Dictateur.
La question qui se pose est de savoir quel va être leur rôle dans la marche du pays vers la démocratie ? Sur quelles nouvelles bases leur collaboration avec le nouveau régime va-t-elle être fondée ? Et surtout de quelle manière les USA vont-ils poser leurs exigences de poursuivre la collaboration militaire et le maintien des « relations » avec Israel ? 
Israel
Non content d’autoriser la création de sociétés fictives pour le blanchiment d’argent en provenance d’Israel, les placements de la fortune de Ben Ali dans des comptes bancaires israéliens ne seraient plus secrets pour personne.
Dans un travail de sape mené sous forme de dossier spécial sur la révolution tunisienne, la presse israélienne ne contient pas ses craintes de voir cette révolution réussir et surtout de devenir contagieuse. « Les autorités israéliennes suivent attentivement la situation tout en s'inquiétant que la « révolution du jasmin » ne fasse tache d'huile au Proche-Orient » a déclaré Benjamin Netanyahou. « La dictature va revenir » titre le Ydediot Aharanot, quand Haaretz décrit la révolution tunisienne comme « un tremblement de terre.
Par ailleurs, une information du Yediot Ahahranot n’a pas manqué de retenir l’attention des lecteurs, celle de la laborieuse évacuation de 20 touristes israéliens détenteurs de passeports européens (conf. l’affaire Medhbouh à Dubaï) par le ministère des Affaires étrangères israélien. Pourquoi par le biais des ambassades européennes ? Qui sont-ils réellement ?
Selon des sources non officielles, depuis plusieurs années des agents du Mossad avaient élu domicile dans le bunker du palais de Carthage. Quelle était leur véritable mission ? On le saura peut-être un jour. En attendant et pour mieux comprendre les préoccupations israéliennes, il suffit de faire référence à l’une des dernières déclarations publiques de Yehud Olmert : « la chute du gouvernement de Moubarak si elle devait arriver, sonnerait le glas des accords de camp David ». Il semble avoir compris le mécanisme de ce que l’on appelle l’effet domino.

Fatma BENMOSBAH