lundi 31 janvier 2011

Le beau-frère du dictateur tunisien demande le statut de réfugié


OTTAWA – Comme on le soupçonnait, un membre de la famille du dictateur tunisien déchu a bel et bien demandé le statut de réfugié au Canada, tel que confirmé dimanche par le gouvernement. L’homme n’est toutefois pas le bienvenu au pays, a précisé le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon. Belhassen Trabelsi, le beau-frère du dictateur Zine al-Abidine Ben Ali, est à Montréal depuis un peu plus d’une semaine en compagnie de sa femme, de ses enfants et de leur nourrice.
M. Trabelsi détenait le statut de résident permanent au Canada, statut qui lui fut révoqué parce qu’il ne répondait pas aux exigences.
Le gouvernement ne peut toutefois rien faire maintenant qu’il a demandé le statut de réfugié. Toute personne qui fait une telle demande au Canada obtient une audience et a droit à une évaluation du risque que poserait sa déportation éventuelle. Le processus peut prendre jusqu’à sept ans.
«Cet individu n’est pas le bienvenu ici», a répété M. Cannon.
«Mais nous gouvernons un pays qui a une législation en place. La loi est prioritaire. L’individu se fait offrir une protection en vertu de ces lois et peut donc se prévaloir des outils mis à sa disposition.»
Mais pour le critique du NPD en Affaires étrangères, Paul Dewar, il y a une distinction entre s’enfuir en bateau du Sri Lanka et fuir les palais de Tunis, capitale de la Tunisie.
«Nous devons nous efforcer de resserrer les règles à ce sujet», a-t-il dit.

dimanche 30 janvier 2011

"La Tunisie de Ganou-Chichi" par Taoufik Ben Brik

Le journaliste écrivain Taoufik Ben Brik estime que le nouveau gouvernement de transition tunisien, dans lequel Mohammed Ghannouchi a été reconduit, n'est qu'un trompe l'oeil.

Balivernes ! Ils veulent me faire avaler leurs couleuvres. Ils ne savent même pas quoi me dire pour me convaincre que leur choix est le bon. Ils me disent que "a politique est l'art du possible", et que "la Révolution relève de l'impossible".

Ils sont heureux. Heureux d'avoir été approché par le cabinet de recrutement de la nouvelle fournée de renégats. Heureux d'avoir une connaissance dans un ministère ou dans un comité ad-hoc. "Oh, tu sais, Néjib Chebbi, c'est un copain d'enfance", "Toufik Bouderbala, c'est la crème des hommes. Il est ceci, il est cela", "Iyadh Ben Achour ne se laissera pas faire, hein... C'est un fils d'ulémas. Je connais sa sœur Sana qui connait la femme du voisin de mon cousin Fritchou". Je ne sais pas si c'est Khémais Chammari ou Khédija Cherif qui vendait leurs starlettes. Dans tous les cas, j'ai vu William Bourdon, l'avocat aux anges. Il tient son scoop pour Sharpa. Ben Ali Baba fait gaffe, à ton sésame, les sept salopards s'en vont en guerre.

D'accord pour les renégats. Mais Ghanou-chichi, ça rime avec pipi. Vous n'allez pas m'obliger de partager son baldaquin. Ca sent le Ben Avi et la belle Lili. L'horreur ! Mokhtar Trifi et Bochra Bel Hadj Hmidi font du tapin à la télé avec les Trabelsi, Sihem BenSedrine et autres alliés des beldis nous déterrent leurs zombis. Feu Mestiri et Filali. Pourquoi pas Zmerli, Charfi et Djazi ?

Je n'ai rien contre le " i ". Mais Chichi et autres papys s'en foutent comme de l'an quarante que la manifestation d'aujourd'hui (29 janvier) a été dispersée par la milice du RCD, armée de gourdin, de chaînes et de coutelas. Les uns font leurs meetings, râpent et zappent la révolution. Les autres se dispersent aux quatre vents pour semer le doute et l'involution. Les Bouzidis dégagent !

Je lui apprends que les services spéciaux sont à mes trousses, que la page facebook de ma femme et celle de mon entourage sont piratées, que je suis sur écoute, que l'armée ne me protège pas, ne protège pas les gueux, mes cousins et mes voisins, elle me complimente (elle, c'est Om Zied) : "Très bien Taoufik...mais il faut que tu protestes auprès des autorités. Appelle Mokhtar". (Mokhtar Jellali, le tout nouveau ministre de l'agriculture est le mari d'Om Zied)

- Je ne t'appelle pas chère amie pour que tu interviennes auprès de ton cher ministre de mari, mais pour te dire, que rien n'a changé. Sous Chichi ou zebbi, c'est la même merde. Je n'ai pas à choisir entre deux merdes. laissez-moi dans ma merde. Je vous emmerde. Et, sans emmerdes, je m'emmerde.

vendredi 28 janvier 2011

Révolution sans frontiére

Tout es partie de Sidi Bouzid, Tunisie, ce n'est qu'un début, Monde Arabe unissez vous! Révoltez vous! Soutenons nous les uns les autres, prenons notre destins en main, ne nous ne laissons plus être dominé. Tunisiens, Egyptiens, Yémenites, Syriens, Jordaniens, Algériens e tout les autres allons y!!!!

Al-Qaïda salue la révolte tunisienne, met en garde contre la France, les USA

DUBAI — Al-Qaïda au Maghreb islamique a salué la révolte en Tunisie et mis en garde ses habitants contre, selon le groupe, la tentative de Paris et Washington de remplacer le président déchu Ben Ali par un de leurs "agents", indique vendredi un centre de surveillance des sites islamistes.
"Votre révolution (...), c'était un tremblement de terre qui a frappé le trône du tyran Ben Ali (...) Le criminel s'est enfui de manière très humiliante", estime dans un communiqué Aqmi, selon le centre américain de surveillance de sites islamistes (SITE).
Les Etats-Unis "et la France, avec les infidèles d'Occident, ne vont accepter aucun changement qui ne serve leurs intérêts en Tunisie. Ils sont en ce moment occupés à trouver un autre agent qui soit acceptable pour eux", poursuit le communiqué publié jeudi sur des forums jihadistes.
Aqmi reproche particulièrement à la France d'avoir "soutenu le tyran Ben Ali jusqu'au dernier moment" et de lui avoir "offert son expertise sur le terrain de l'oppression".
La France et les Etats-Unis "joueront le même sale rôle en Tunisie dans le futur, à moins que les attaques des moujahidine (...) ne les arrêtent", dit le communiqué.
Trois jours avant la fuite de Ben Ali sous la pression de la rue, la ministre française des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie avait proposé "le savoir-faire" français à la police tunisienne pour "régler les situations sécuritaires".
Le gouvernement français a été sévèrement critiqué pour avoir tardé à condamner la répression des manifestations et à soutenir la révolution du jasmin. Ce n'est qu'au lendemain de la chute de Ben Ali que Paris avait explicitement appuyé ce soulèvement.
Aqmi s'en prend également à l'Arabie saoudite qui a donné l'asile à l'ancien président.
"Celui qui lui a donné refuge (...) est celui qui affirme être le gardien des deux mosquées saintes", dit Aqmi en référence au roi Abdallah.
"S'il avait dans son coeur une once de passion pour (l'islam) (...) il n'aurait pas accepté d'héberger sur cette terre pure un criminel".
Ryad a assuré dimanche avoir voulu contribuer à arrêter "l'effusion de sang" en Tunisie en acceptant de donner asile à Ben Ali, le 14 janvier.
Copyright © 2011 AFP. Tous droits réservés.

Humat Al-Hima

حماة الحمى يا حماة الحمى هلموا هلموا لمجد الزمــن
لقد صرخت في عروقنا الدما
نموت نموت و يحيا الوطن

لتدو السماوات برعدها
لترم الصواعق نيرانها
إلى عز تونس إلى مجدها
رجال البلاد و شبانها
فلا عاش في تونس من خانها
ولا عاش من ليس من جندها
نموت و نحيا على عهدها
حياة الكرام و موت العظام

ورثنا السواعد بين الأمم
صخورا صخورا كهذا البناء
سواعد يهتز فوقها العلم
نباهي به و يباهي بنا
و فيها كفا للعلى والهمم
و فيها ضمان لنيل المنى
و فيها لأعداء تونس نقم
و فيها لمن سالمونا السلام

إذا الشعب يوما أراد الحياة
فلا بدّ أن يستجيب القدر
ولا بد لليل أن ينجلي
ولا بد للقيد أن ينكســر

Humât al-himâ yâ humât al-himâ
Halummû halummû li-majdi-z-zaman
Laqad sarakhat fi 'urûqina-d-dimâ
Namûtu namûtu wa yahya-l-watan

Litadwi-s-samâwâtu bira'dihâ
Litarmi-s-sawâ'iqu nîrânahâ
Ilâ 'izzi Tûnis ilâ majdihâ
Rijâla-l-bilâdi wa chubbânahâ
Falâ 'âcha fî Tûnis man khânahâ
Wa lâ 'âcha man laysa min jundihâ
Namûtu wa nahyâ 'alâ 'ahdihâ
Hayâta-l-kirâmi wa mawta-l-'idhâm
Refrain
Warithnâ-s-sawâ'ida bayn al-'umam
Sukhûran sukhûran kahâdha-l-binâ
Sawâ'idu yahtazzou fawqaha-l-'alam
Nubâhî bihî wa yubâhî binâ
Wa fîhâ kafâ li-l-'ulâ wa-l-himam
Wa fîhâ dhamânun linayl-il-munâ
Wa fîhâ li'a'dâ'i Tûnis niqam
Wa fîhâ liman sâlamûna-s-salâm
Refrain
Idha-ch-cha'bu yawman 'arâd al-hayâ
Falâ budda 'an yastajîb al-qadar
Walâ budda li-l-layli an yanjalî
Wa lâ budda li-l-qaydi an yankasir
Refrain
Ô Défenseurs de la Nation !
Donnons ses lettres de gloire à notre temps !
Dans nos veines, le sang a tonné :
« Mourrons, Mourrons pour que vive la Patrie ! »

Que le tonnerre résonne dans les cieux
Et que les éclairs libèrent leurs flammes !
Pour la gloire et la grandeur de la Tunisie !
Les hommes et les jeunes du Pays !
Que ne vive point en Tunisie quiconque la trahit.
Que ne vive point en Tunisie qui ne sert pas dans ses rangs !
Nous vivons et mourrons pour l’engagement
La vie des Augustes ou la mort des Grands !
Parmi les pays,
Nous avons hérité de la vaillance de nos bras :
Des rocs aussi durs que cette construction !
Des membres qui tiennent l’étendard de la nation !
Le drapeau est notre fierté et nous sommes la sienne.
Nos bras nous propulseront au faîte de l’ardeur et de la grandeur
Et seront les garants qui exauceront nos vœux !
Ils se vengeront des ennemis de la Tunisie
Et étreindront ceux qui nous voulaient la paix.
Lorsqu’un jour, le peuple aspire à vivre
Le destin se doit de répondre !
Les ténèbres se dissiperont !
Et les chaînes se briseront !

BELHASSEN TRABELSI

BELHASSEN TRABELSI SE TROUVE AU 94 RUE ST THERESE MONREAL H2Y 3V5
VERIFIER SUR GOOGLE MAP.. LES MEDIAS VONT ETRES PRESENTS FAITES CIRCULER

je demande à toutes les personnes disponible de ce rendre à cette adresse et de faire passé le message!! Faite du bruit, faite vous entendre, fait lui peur!!!

jeudi 27 janvier 2011

[A LIRE] Leçon de stratégie élémentaire

« Ils fomentaient assez la division et les querelles pour que les habitants en fussent tellement occupés qu'ils ne songeassent point à sortir de l'obéissance. »
                                                                   Machiavel


 Aujourd’hui en Tunisie les choses vont vite, très vite. Pour dire les choses le plus simplement du monde, tout se passe tellement vite que l’on ne sait plus où donner de la tête. Et pourtant… pourtant rien ne change. Non, rien. Cela peut ressembler à un paradoxe, mais il ne s’agit que du résultat d’un ensemble de manœuvres politiques élémentaires. Le B-A-BA que tout politicien se doit de connaître pour survivre dans son milieu.
Ces manœuvres, pour basiques qu’elles sont, fonctionnent pour une raison toute simple ; ceux qui en sont les victimes n’ont jamais appris ces techniques et, par conséquent, ils ne peuvent les voir pour ce qu’elles sont. De la même façon qu’un amateur de peinture appréciera une toile sans pouvoir mettre des mots dessus, alors qu’un connaisseur, lui, pourra analyser et comprendre la même toile.

Il s’agit là de mettre à disposition de tous un savoir, une connaissance, qui permettra à chacun de mieux comprendre les manœuvres dont il fait les frais à longueur de journée depuis près de deux longues semaines. L’objectif ici est de proposer à tous de s’attarder un peu sur la manière dont les évènements se déroulent, d’observer ainsi leur enchaînement apparemment chaotique, puis de comprendre le schéma général que tout cela dessine.

Vous ne trouverez là nulle exhortation à l’action, simplement un appel à l’usage raisonné de vos facultés de jugements. La suite, ce sera à vous de la décider, de la dessiner. Trouvez ici l’usage d’outils que l’homme a forgé il y a longtemps en vu de préserver la liberté, mais qui vous ont été retiré par ceux-là qui ne souhaitent pas vous voir les utiliser contre eux ; rappelez vous, l’heure venue, que eux ils n’hésitent pas à les utiliser contre vous.

Il faut partir avant tout du seul constat qui s’impose. Le dimanche 16 janvier au soir, le peuple était plus qu’uni, il ne faisait qu’un, il n’y avait plus en Tunisie ni de clivages sociaux, ni de clivages économiques. Les questions pour tous les tunisiens avaient été réduites à la dernière entre toute, l’ultime, celle de la mort. Face à la mort, nous sommes tous égaux. Et c’est bien ce qui a uni les tunisiens ce dimanche 16 janvier. L’argent ne compte plus face à cette question. Et la manière dont tous les tunisiens avaient eu à faire face à leur mort, ensemble, individuellement et collectivement, les avaient rendu en ce dimanche soir presque invincible. En un autre temps, avec un Hannibal à leur tête, ils auraient pu s’en aller conquérir le monde ce soir là ; nous le savons, tous, au fond de nous. Nous savons quelle force était en nous, quelle foi, quelle fraternité. Nous aurions pu, alors, renverser toutes les tyrannies avec pour seules armes notre courage notre foi et notre unité.

 Aujourd’hui… aujourd’hui jeudi 26 janvier… ce jour qui trouve un écho sinistre dans notre histoire… aujourd’hui les tunisiens sont partagés, divisés, morcelés ; chacun pense contre l’autre, et cela au sein même d’une famille. Tous ont leurs avis, qu’ils veulent le bon, l’unique, le meilleur. Chacun nie à l’autre la possibilité d’avoir raison ; aucun ne cherche la vérité, mais tous cherchent à imposer leurs avis.

Comment en une semaine avons-nous pu redevenir à ce point imbéciles, petits,  méprisables ? Et bien la réponse est très simple. Il a suffit d’une bonne connaissance de la nature humaine et de quelques leviers employés à bon escient. Mais voilà l’explication :

La stratégie de la division commence au soir du vendredi 14 janvier, alors que le tyran s’en va. À ce moment là une force armée se met à terroriser le peuple. Le but politique de cette intervention était évident, il s’agissait de rappeler une population au calme et à la discipline par la peur. Mais c’était sans compter la vigueur de notre peuple, alors raffermit par sa récente victoire. Les tunisiens se sont alors organisés en comité de surveillance et de protection par quartiers, par cités, innervant alors le pays d’un réseaux de résistance tel qu’on ne l’a vu dans l’histoire du monde qu’en de très rares occasions.

 Ceux qui avaient lancés leur force armée à l’encontre du peuple pour le terroriser ont donc du opérer un revirement stratégique en quatre étapes.

La première et la seconde étape se sont déroulées dans le même temps, à savoir du vendredi au lundi. La troisième étape s’est déroulée du 17 janvier au 23 janvier, la dernière est en cours.


La première étape :

Alors que cette force armée[1] a reçu l’ordre de massacrer les populations des quartiers et des zones régionales les plus défavorisées, elle devait préserver de la mort les zones de la Tunisie bourgeoises et aisées, dans ces zones-là, il fallait simplement instaurer un climat de peur et d’insécurité.

Par ailleurs et grâce à cela, l’État d’urgence a pu être maintenu ainsi que son corollaire, le couvre-feu, qui amène l’ensemble des tunisiens à s’isoler en famille dès la fin de l’après-midi.


La seconde étape :

Donner l’impression d’avoir constitué un gouvernement d’union nationale autours de membres de l’opposition légale et de l’UGTT.

Les membres de la véritable opposition, qui n’ont jamais été touchés de près ou de loin par les souillures de la tyrannie, ont été soigneusement tenus à l’écart de tout rapprochement. Ainsi, dans ce gouvernement « d’union nationale » n’apparaissaient que les personnalités politiques tunisiennes qui étaient, d’une part, déjà complices depuis longtemps de la tyrannie[2], et d’autre part, ils étaient les seuls « opposants » à être jamais apparu sur la scène publique tunisienne.

La véritable opposition étant interdite, censurée, effacée soigneusement du champ de vision de la Tunisie et des tunisiens, il était facile alors de prétendre que les possibilités de constituer un autre gouvernement était impossible, puisque effectivement, pour tout ceux qui ne s’étaient jamais intéresser à la politique[3] la scène politique se résumait à ce spectacle bouffon offert par le premier gouvernement d’union nationale[4].


La troisième étape :

L’UGTT accompagnée de certains membres de l’opposition légale se retirent avec bruit et fracas de ce gouvernement[5].

Fort de ce coup d’éclat, ces structures[6] se refont une virginité auprès du peuple tunisien mécontent ; ces structures appellent à la contestation du nouveau gouvernement et à la grève générale. C’est alors que la population commence à se diviser.

D’un côté il y a ceux qui ne veulent pas se compromettre avec des structures honnies et corrompues et qui voient dans ces appels à la grève une manipulation politique au premier degré[7].

De l’autre côté il y a ceux qui, appel à la grève ou pas, avaient prévu d’aller manifester et de demander la destitution de ce gouvernement illégitime et le remplacement des ministres de la tyrannie par des véritables figures de l’opposition qui possèdent l’expérience et les compétences pour mener la mission d’un gouvernement de transition à bien.

Cette division a été entretenue toute la semaine par un usage particulièrement intelligent des réseaux sociaux de la part du pouvoir[8], ainsi que par un usage toujours aussi maitrisé des médias traditionnels que l’on avait prétendument libéré de toute contrainte et de toute propagande.

Enfin, après l’annonce de la réouverture des écoles et lycée et l’appel au retour dans les universités des enseignants du secondaire, un appel à la grève estampillée UGTT a circulé le vendredi 21 janvier. Ce qui n’a fait qu’attiser les passions et les haines le week-end durant. Le dimanche au soir, la rumeur était démentie par l’UGTT. Laissant les mécontents[9] seuls face à ceux qui étaient, au début, contre le mouvement à cause de l’UGTT.


La quatrième étape

Cette étape a commencé le 24 janvier avec l’arrivée de « la caravane de la dignité ». Le pouvoir a, à nouveau, assuré son pouvoir sur les médias, et il use de toute sa maîtrise de la propagande pour montrer les manifestants comme représentant une minorité, un point de vue minoritaire. La séparation est presque achevée puisque le 25 était prévu une contre manifestation pro-gouvernementale.


But

Chaque étape était une manœuvre d’un plan général qui est presque achevé.


La séparation des pauvres et des riches

La première étape consistait à casser l’union qui s’était faite par la destruction des clivages économiques et sociaux. La mort touchant les pauvres, ceux-là ne pouvaient que se radicaliser, alors qu’au contraire, préserver les bourgeois permettait de leur faire réaliser que cela aurait pu être pire, et, du coup, leur faire désirer la paix sociale.  


La séparation intérieure du peuple

Le couvre-feu entrainait, quant à lui, un repli de la population par classe sociale et par famille, il empêche l’expérience de la chose commune de se faire à nouveau. Le maintenir entrainait aussi une plus grande perméabilité des populations à la propagande des médias et de l’internet. Une population enfermée est vulnérable et à l’écoute de tous ce qui se passe, cela devient beaucoup plus facile de lui faire avaler toutes les couleuvres que l’on veut.


La séparation des politisés et des dépolitisés

La deuxième étape permettait de diviser ceux qui avaient une culture politique et ceux qui en ont été privé. D’un côté, il y avait l’affirmation qu’autre chose était possible et de l’autre la conviction que rien d’autre que le chaos n’existait.


La séparation des révoltés d’avec eux-mêmes

La troisième étape avait pour but de décrédibiliser l’ensemble des personnes qui refusaient le gouvernement et souhaitaient sa destitution. Ayant décrédibilisé l’ensemble des personnes qui soutenaient cette position politique, la position elle-même est devenu trop facilement attaquable, parce que défendu par des indéfendables. Cette stratégie est vieille comme le monde. Le fait que l’UGTT ait lâché au dernier moment dimanche soir, montre bien que dès le départ il y avait une alliance entre le gouvernement et l’UGTT. Le départ de la centrale syndicale n’ayant été qu’une mise en scène destinée à atteindre l’objectif qui vient d’être décris.


DIVIDE ET IMPERA

La quatrième étape a pour but d’achever cette séparation. Il s’agit maintenant pour chacun d’entre nous de bien comprendre que nous sommes tous, sans exception, au centre d’un maillage social, économique et intellectuel. Et ce maillage est ce qui fait que telle ou telle tactique du pouvoir a plus ou moins bien fonctionnée sur tel ou tel individu. Il nous faut absolument faire comprendre ce qui s’est passé au plus grand nombre, c’est pourquoi je vous enjoins à traduire ce texte en arabe si vous le pouvez, le diffusez le plus possible, parler de cela, expliquer. Ils ont très bien calculé leur coup et ils sont près de gagner. Ils ont appliqué l’une des plus vieilles et des plus efficaces leçons de l’Art Politique : DIVISER POUR MIEUX RÉGNER.


Tunis le 26/01/2011


Shiran Ben Abderrazak
 (Source : http://goo.gl/ZvFYe)

[1] À propos de laquelle courent encore les plus folles rumeurs.


[2] La légitimant et recevant de l’argent et d’autres avantages en échange de la soumission politique.


[3] Et ils étaient nombreux, rappelons que nul ne le pouvait par des moyens légaux de toute façon.


[4] Et que cette union fut l’union nationale des menteurs, corrompus et associés, nul ne pensera à le remettre en question. Par ailleurs cette mécanique explique le triste accueille qu’a subis M Marzouki, accueil qu’il ne méritait certainement pas, mais qui est du à un manque de clairvoyance et d’analyse politique assez frappant. Il lui faudra méditer longuement sur ce qu’Ibn Khaldoun écrivait il y a bien longtemps à propos de ces prophètes malheureux qui ne comptaient que sur le prêche de la vérité (Dawa), ne s’appuyant sur aucun soutient populaire (Assabyya).


[5] Cela laisse ce gouvernement dorénavant tout entier aux mains des ministres que le tyran avait placés, tous membres du parti unique RCD.


[6] Ces structures sont complètements corrompues, impliquées dans les malversations financières du pouvoir, les détournements de fonds publics, et, surtout, elles sont décrédibilisées par vingt ans de collaborations et de bons et loyaux services rendus à la tyrannie


[7] C’est à dire que l’UGTT chercherait à gagner un pouvoir politique et à rendre à ses dirigeants une innocence politique.


[8] L’habile diffusion de rumeurs sur les deux factions, le jeu sur les passions et les attachements culturels des uns et des autres a fait de cette division une véritable « affaire publique ».


[9] Ceux là, rappelons-le, n’avaient pas besoin de l’UGTT pour manifester et faire la grève.

Casse-tête en Tunisie: qui va juger les crimes de Ben Ali et sa famille ?

Beaucoup de Tunisiens veulent voir Zine el-Abidine Ben Ali, sa famille, et ceux qui ont profité de son régime, traduits devant les tribunaux. Pour les crimes qu’ils ont commis, et pour l’argent volé au pays. Parmi les manifestants réunis ce jeudi sur la place de la Kasbah de Tunis, lieu de mobilisation contre l’actuel gouvernement, certains réclamaient que l’ancien président soit jugé pour « crimes contre l’humanité ». « C’est un meurtrier, un meurtrier !», crie une femme.
Le gouvernement tunisien a demandé à Interpol l’arrestation de Ben Ali, qui est réfugié en Arabie Saoudite, afin qu’il soit jugé à Tunis. Une « mission corruption » créée par les actuels dirigeants sous la pression de la société civile, doit enquêter par ailleurs sur l’argent détourné par les Ben Ali et leur affidés.Mais, pour les avocats, sa composition fait peser des doutes sur son impartialité. Ils n’ont pas été invités à y participer, pas plus que les magistrats.
«La mission se compose d’experts-comptables et d’universitaires qui ne se sont pas distingués par leur indépendance vis-à-vis du régime Ben Ali », note un avocat.

« Il y a 1800 magistrats en Tunisie. Est-ce qu’on va confier nos droits à ces gens-là? Je dis non »

En admettant même que les scandales de l’ère Ben Ali arrivent devant les tribunaux, comment espérer qu’une magistrature, totalement aux ordres de l’ancien pouvoir, puisse instruire ces dossiers et les juger en toute impartialité? En visite en Tunisie, pour soutenir la révolution, l’ancienne magistrate Eva Joly, députée verte européenne et possible candidate à l’élection présidentielle de 2012, a rencontré des avocats, et tenté d’apporter quelques réponses. La discussion a été plus technique que politique et a illustré les difficultés auxquelles sont confrontés les Tunisiens.
A terme, il faudra ainsi réformer la justice et notamment le Conseil supérieur de la magistrature aujourd’hui présidé par le Président de la République et dont le vice-président est le ministre de la Justice. Pour l’heure, les juges tunisiens ne bénéficient pas du principe d’« inamovibilité ». S’ils déplaisent, « ils peuvent être déplacés comme des pions », observe l’ancienne magistrate. « Il est difficile d’enclencher des procédures avant que ces questions là soient réglées », ajoute-t-elle. Ce qui peut se faire rapidement.
Pour autant, la modification des conditions de nomination et de carrière des juges ne règlera pas tous les problèmes. « Il y a 1800 magistrats en Tunisie. Est-ce qu’on va confier nos droits à ces gens-là? Je dis non », déclare un avocat. « 1800 magistrats, c’est à peine la moitié de ce qu’il vous faudrait, ils ne seront pas si faciles à remplacer, vous n’avez pas de réserve toute prête », rétorque la députée. D’autres pays ont été confrontés au même problème: « L’Afrique du Sud, le Kosovo, tous les pays où il y a un changement de gouvernement s’y sont heurtés, rappelle Eva Joly. Au Kosovo, tous les magistrats ont été licenciés, un recrutement par concours a été organisé, et 1/3 des anciens magistrats ont été repris ».
Certains magistrats tunisiens seront sans doute prêts à travailler avec un autre gouvernement. Autre possibilité, ouvrir cette profession aux avocats.
Un avocat prend la parole: quel type de procédure choisir? La cour pénale internationale ou les tribunaux nationaux? « La CPI intervient à titre subsidiaire, répond Eva Joly, lorsque la justice d’un pays ne peut pas ou ne veut pas conduire une affaire.
Un autre avocat s’inquiète: « Je crains que les informations sur les gens qui ont été torturés se trouvent au ministère de l’Intérieur. Il faut sécuriser ce qu’il peut y avoir comme registres ». Certains ministères ont déjà commencé à faire le ménage.

La Tunisie recherche son Président chassé du pouvoir et plusieurs membres de sa famille par le canal d’INTERPOL

LYON (France) – INTERPOL confirme que son Bureau central national (B.C.N.) de Tunis a diffusé une alerte mondiale via le réseau international de l’Organisation, en vue de la localisation et de l’arrestation de l’ancien Président tunisien Zine al-Abidine Ben Ali et de six membres de sa famille. Comme l’indiquent les autorités tunisiennes dans les médias aujourd’hui, M. Ben Ali et certains membres de sa famille sont recherchés en Tunisie pour présomption de vol et transfert illicite de devises étrangères.
L’alerte (ou « diffusion INTERPOL ») contient les noms des personnes recherchées ainsi que différentes informations à leur sujet. Elle a été transmise directement par le B.C.N. de Tunis via le réseau de communication policière sécurisée d’INTERPOL, I-24/7, aux 187 autres pays membres de l’Organisation. Contrairement aux notices rouges INTERPOL concernant des personnes recherchées au niveau international, qui sont publiées à la demande des pays membres par le siège du Secrétariat général de l’Organisation, à Lyon, les diffusions sont transmises directement par les B.C.N. INTERPOL, sans intervention du Secrétariat général.
Dans la diffusion qu’il a envoyée, le B.C.N. de Tunis demande aux pays membres d’INTERPOL de rechercher et de localiser M. Ali et ses proches, et de procéder à leur arrestation provisoire en vue de leur extradition vers Tunis. Lorsque ces personnes seront localisées, les autorités tunisiennes transmettront des demandes officielles d’extradition par la voie diplomatique.
INTERPOL n’envoie pas d’agents pour procéder aux arrestations : celles-ci sont opérées par les services chargés de l’application de la loi des différents pays, conformément à leurs législations nationales respectives.
Toute demande d’information complémentaire sur la diffusion envoyée par la Tunisie concernant ces sept personnes et sur le fait qu’elles soient recherchées doit être adressée aux autorités tunisiennes.

Tunisie: Pas vraiment convaincant le ministre de la Justice!

  •  Par Walid Ahmed Ferchichi

    Mercredi 26 janvier 2011, sous les cris des manifestants venus de tous bords pour revendiquer l’amélioration de leurs conditions socioprofessionnelles, Lazhar Karoui Chebbi, ministre de la Justice dans le gouvernement de l’unité nationale, a annoncé que la justice tunisienne vient de lancer un mandat d'arrêt international contre l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali et son épouse Leïla Trabelsi, réfugiés en Arabie saoudite. Ce mandat porte sur les chefs d’accusation de l’acquisition illégale de biens mobiliers et immobiliers et de transferts illicites de devises à l'étranger.
    Neuf autres proches du couple présidentiel déchus, dont Belhassen Trabelsi en fuite, sont également visés par ce mandat.
    L’information a été confirmée plus tard dans la journée par l'organisation de coopération policière internationale, Interpol, laquelle a émis une alerte qui comprend notamment "les noms et diverses informations" sur les personnes recherchées. L’avis demande aux membres d'Interpol de «rechercher, localiser et arrêter M. Ben Ali et ses proches en vue de leur extradition vers la Tunisie».
    Un tollé général au sein des journalistes tunisiens…

    L’annonce faite par le ministre de la Justice devant un parterre de journalistes tunisiens et étrangers, de plusieurs avocats et représentants de la société civile, a suscité un tollé général au sein des présents, notamment les journalistes tunisiens. De prime abord, les chefs d’inculpation ont été qualifiés de «provocants», ne reflétant pas l’extrême gravité des crimes commis par le président déchu et son clan contre le peuple tunisien. De même, le ministre a «zappé» une question posée par un confrère sur l’article 41 de la Constitution tunisienne qui garantit au président déchu –et certains de ses proches- une immunité juridictionnelle durant et après la fin de l'exercice de ses fonctions, ce qui représente, le cas échéant, une bonne échappatoire «légale» pour Ben Ali. Sans doute aucun, le silence du ministre sur une question aussi sensible met encore de l'eau dans le moulin des détracteurs du gouvernement transitoire sévèrement accusé, par certains présents, de rechercher des «alibis juridiques», transformant ainsi la conférence en un grand prétoire ouvert à tous les vents. Passons.
    Le ministre a souligné, en réponse à une question posée par Webmanagercenter portant sur les éventuels obstacles qui peuvent rendre impossible l'extradition de Ben Ali et ses proches, que même en l’absence des accords d’extradition avec certains pays, le mandat d'arrêt international ne laisse aucune chance aux inculpés de fuir la justice tunisienne d’autant plus que le mandat va mobiliser tous les membres d'Interpol pour arrêter et extrader Ben Ali et ses proches vers a Tunisie.
    La liste des accusés et les chefs d’inculpation augmentent le courroux…
    La liste des accusés, une autre révélation faite par le ministre de la Justice et tant attendue par les Tunisiens n’a pas réussi à apaiser le courroux des journalistes qui ont assisté à la conférence. Les causes directes de ce grogne: certains noms ne sont pas sur la liste (les Chiboubs, les Zarrouks, les mabrouks, Abdelwaheb Abdellah, Abdelaziz Ben Dhia, Rafik Haj Kacem,…) d’autant plus que les chefs d’inculpation reflètent, selon les confrères, de la situation de l'hésitation et de l'absence d'une vision claire, transparente et bien déterminée du gouvernement actuel.
    Bon à souligner, M. Chebbi a mentionné que quatre affaires distinctes sont en cours d’instruction par les services judiciaires. Elles portent essentiellement sur les chefs d’inculpation suivants: «la conspiration contre la sureté intérieure, l'attentat ayant pour but d'inciter les gens à s'armer les uns contre les autres et l'acquisition de biens corporels mobiliers et immobiliers et les placements financiers illicites à l'étranger, en plus de la détention et de l'émission de devises par voie illégale, outre la tentative de transfert de devises sans préavis de la Banque centrale, l'introduction d'armes et de munitions sur le territoire tunisien et leur port, leur détention et leur commercialisation sans autorisation préalable ».
    Le ministre appelle les détenus à réintégrer les prisons…
    Par ailleurs, M. Chebbi a souligné que sur les 31.000 détenus dans les prisons tunisiennes, environ 11.029 se sont enfuis. En réponse à une deuxième question posée par Webmanagercenter portant sur les circonstances de l’évasion de ces détenus pour ne pas dire leur libération, le ministre a été catégorique dans sa réponse, en disant qu’une enquête a été ouverte et des instructions ont été données pour procéder aux constats nécessaires en vue de déterminer les circonstances de cette évasion et de délimiter les responsabilités.
    Dans ce même cadre, le ministre a appelé les «évadés» à se rendre et réintégrer leur prison et profiter, le cas échéant, des mesures mises à leur disposition telles que «la liberté conditionnelle» et «l’amnistie générale». D’ailleurs, M. Chebbi a indiqué que suite à son appel lancé sur les ondes de la radio, 1.532 détenus se sont rendus de leur propre gré.
    S’agissant des détenus qui sont morts au cours de ce dernier mois, le ministre a affirmé que les autorités ont recensé 74, dont la plupart (48 exactement) ont été enregistrés dans la prison de Monastir. «D’après les constats et suite à l’enquête menée par les autorités chargées de ce dossier, il s’est avéré que l’incendie a été provoqué par les prisonniers eux-mêmes», a-t-il affirmé.
    A entendre le ministre de la Justice, le dossier de cette immense tragédie, sans exagération aucune, la plus grave de toute l'histoire de notre système carcéral, est définitivement clos.
    Bref, M. Chebbi, ministre de la Justice dans le gouvernement d’unité nationale, a laissé les journalistes sur leur faim sur plusieurs questions, surtout des annonces et révélations qui n'ont pas réussi à calmer les esprits. Pis, elles n'ont fait que verser l'huile sur le feu.

mercredi 26 janvier 2011

Tunisiens, où est l’islamisme ?

Par DANIEL SCHNEIDERMANN

On les aime bien, les Tunisiens, on les adore, plus que jamais, on ne les a jamais tant aimés, mais franchement, ils ont exagéré. Imaginez ! D’abord, ils ont osé surprendre dans son confort la classe politique française. La droite (qui la veille encore proposait aimablement ses canons à eau à Ben Ali) aussi bien que la gauche (qui a découvert, quelle surprise, que le parti de Ben Ali était encore membre de l’Internationale socialiste). Et ce n’est pas tout.
Dans la même foulée, ils ont pris à contre-pied les télés, et leurs envoyés spéciaux, qui ont majestueusement attendu une bonne dizaine de jours, avant de s’aviser que peut-être, quelque chose était en train de se passer en Tunisie. Faire ce coup-là pendant les fêtes de fin d’année, pendant que les avions français patinent sur les aéroports enneigés, et que quelques centaines de touristes voient leurs vols retardés, a-t-on idée ?
Le pire, c’est le bon tour joué aux experts en poussées islamistes. Amis Tunisiens, où avez-vous donc rangé l’islamisme ? Tout de même, ils auraient pu aligner, en tête des manifs, quelques barbus photogéniques, pour faire plaisir à Sarkozy et Pujadas qui, d’une seule voix, avaient classé Ben Ali à l’inventaire mondial des «remparts contre l’islamisme». On n’en demandait pas beaucoup, deux ou trois, même avec barbe fine, mais si possible en costume typique, pour la photo.
Elle fait peine à voir, la déception à peine dissimulée des présentateurs, depuis le début des «événements». Il fallait voir Pujadas, en direct de Tunis lundi soir, cherchant ses islamistes à la lanterne, à la sortie d’une mosquée. Mais il n’y trouvait, hélas, que de simples fidèles, expliquant tranquillement que oui, bien sûr, des islamistes aux élections, au gouvernement, pourquoi pas, s’ils n’embêtent personne. Alors, ces islamistes ? Ce n’était donc qu’un fantasme ?
Car voilà : ce que viennent de faire les Tunisiens, c’est ni plus ni moins chambouler d’immémoriales représentations du JT, et donc aussi un peu les nôtres, Français. Au JT, la «rue arabe» est forcément fanatisée, elle s’exprime en hurlements de rage ou de douleur dans des capitales indistinctes, et est incapable d’autre chose que de brûler des drapeaux américains. Et soudain, d’une révolution arabe, émergent des mots d’ordre tout droit surgis des révolutions européennes et des Lumières, avec, croyait-on, copyright occidental exclusif : liberté, dignité, justice, débat pluraliste, et démocratie.
Et que voit-on ? Pendant que les présentateurs français tremblent encore de voir «des islamistes» entrer au gouvernement tunisien, c’est… un blogueur, qui y déboule, un blogueur facétieux et plein d’humour, Slim404 (ainsi baptisé en raison de la phrase «erreur 404» qui s’affichait, sous Ben Ali, à la place des sites censurés par le pouvoir). Slim404, donc, alias Slim Amamou, secrétaire d’Etat à la Jeunesse et aux Sports, twitta, minute par minute, le premier Conseil des ministres.
Ce fut une après-midi sans précédent. On était autour de la table du Conseil avec les ministres du gouvernement provisoire, les nouveaux et les autres. «C’est jouissif d’entendre le ministre de la Justice lire le mandat d’arrêt commençant par le nom de Ben Ali», twittait la petite souris Slim404. Ou encore cet aveu déchirant : «Les fonctionnaires du ministère ne veulent pas du gouvernement, y compris moi.» Ou cette adresse à ses anciens copains de manifs : «Si j’ai bien compris le ministre de l’Economie, jusqu’à maintenant nous avons perdu 3 % du PIB à cause de vos conneries.» Et notre préféré, dans sa sobriété solennelle : «Le ministre de la Défense nous assure que les frontières sont bien gardées.»
En quelques heures et quelques twits, Slim404 avait dédramatisé la révolution, rendu ses droits à la légèreté au cœur d’un moment d’histoire, esquissé ce que pourrait être un contrôle citoyen sur un gouvernement, et tranquillement réinventé la fonction de porte- parole du gouvernement. Excusez du peu ! Sans doute - peut-être - ses collègues ministres vont-ils lui confisquer son jouet lors des prochaines réunions. On souhaite vivement qu’il résiste à la pression. Ce sera un test.
N’empêche. L’espace de quelques heures, c’est non seulement l’ancien régime Ben Ali, mais toute la solennité française, les comptes rendus de Conseil des ministres coincés dans les dorures, la langue de bois des communiqués, le benalisme courtisan qui gangrène les âmes, qui prennent mille ans d’un coup. C’est beaucoup. Ah non, Tunisiens, la France éternelle ne vous dit pas merci.

mardi 25 janvier 2011

Tunisie : de la difficulté de libérer une presse aux ordres

Le 14 janvier 2011, le peuple tunisien a arraché sa liberté à une dictature qui a duré vingt-trois ans. Le 23 janvier, même la police, symbole et outil de l'oppression politique en Tunisie, a brisé les chaines et a dénoncé le comportement passé de sa direction.
Tous les secteurs sont en train de chercher le chemin de leur liberté et surtout la voix de leur indépendance. Mais où est la presse tunisienne dans ce mouvement historique ?
Le 13 janvier, tous les médias ou presque ont affiché leur volonté de rompre avec la propagande et la censure au service du pouvoir politique. Mais, au bout de dix jours seulement, cette volonté devient de plus en plus faible et de moins en moins fiable.
Les preuves d'une manipulation médiatique et d'un discours uniforme se multiplient. Certains journalistes commencent à renouer avec leurs mauvaises habitudes ; d'autres se soumettent sans réagir aux décisions de rédacteurs en chef qui ne songent qu'à soutenir, par réflexe et par principe, ceux qui détiennent le pouvoir, simplement parce qu'ils sont au pouvoir.

La critique de la dictature est une diversion

Aujourd'hui, la liberté d'expression des médias se réduit à deux phénomènes qui résument l'offre d'informations aux citoyens tunisiens.
  • la critique de l'ancien régime : elle ne dépasse pas la démonstration, imprécise, des crimes dévoilés après le départ de Ben Ali.
  • la prolifération de débats (talk shows) sur les plateaux des chaînes de télévision. Chaque soir, les différents sujets qui sont abordés tombent toujours dans les même piège : la diffamation, le règlement des comptes et les querelles inutiles (comme le cas d'Hannibal TV).
Critiques faciles et vagues de l'ancien régime et règlements de comptes sont les deux dimensions d'une dérive malsaine de l'information, dérive qui s'apparente à une nouvelle forme de manipulation médiatique.
Il y a manipulation, en effet, quand les organes de presse se servent de Ben Ali, désormais inoffensif, pour détourner l'attention des citoyens.
Prenons l'exemple du lynchage médiatique des personnages et personnalités qui gravitaient autour du couple Ben Ali. Ce bruit médiatique rempli de sensationnalisme et d'émotionnel donne l'illusion d'une liberté d'expression qui n'existe toujours pas en Tunisie.
Critiquer et accuser un régime déchu est la chose la plus facile à faire. Mais derrière ce lynchage se cache un objectif d'une opération de diversion : faire croire au peuple tunisien qu'aujourd'hui son seul ennemi est « Ben Ali ».
Les médias tunisiens continuent à montrer l'ancien régime comme le seul danger qui nous guette encore. En ne désignant qu'un seul danger, au demeurant factice, les médias tunisiens détournent l'attention du peuple tunisien et occultent, de fait, les autres menaces, bien réelles, elles.

Trois preuves de la manipulation médiatique

Et pourtant… le RCD, parti du dictateur déchu, continue à régenter le gouvernement de transition. Quelques témoignages contiennent les indices de la manipulation médiatique.
  • une journaliste qui travaille sur un site Internet réputé et qui affirme que son rédacteur en chef lui a strictement interdit de faire des investigations sur les documents détruits par quelques responsables ; or, ces documents auraient pu servir de preuves tangibles sur les crimes du régime de Ben Ali
  • un autre journaliste de la chaîne nationale affirme que les coups de fil passés en direct sont filtrés. Il précise que la régie prépare une liste dont les interlocuteurs sont sélectionnés en avance
  • ce même journaliste a même témoigné à propos d'un débat mis en scène de A à Z dans les coulisses. Et il nous a confié que plus que la moitié des émissions sont enregistrées pour ne pas risquer un dérapage quelconque

Questions dociles au Premier ministre Ghanouchi

Ces derniers jours, l'effort des médias se concentre sur la promotion et le soutien du gouvernement provisoire. La preuve la plus récente est l'interview du Premier ministre Ghanouchi, diffusée vendredi sur la chaîne nationale.
Devant les questions dociles des journalistes, Mohamed Ghanouchi a su influencer une grande partie du peuple tunisien. Les plans rapprochés sur ses larmes n'ont laissé personne indifférent, montrant la volonté -pas si innocente que cela- de gagner l'émotion, la compassion et la compréhension des téléspectateurs avec des techniques cinématographiques, bien connues des spécialistes.
Le découpage de cette interview montre surtout la complicité de la chaîne nationale avec le gouvernement provisoire.
Cette même interview a fait la une de la majorité des journaux, radios et sites Internet du samedi 22 janvier. La presse dans son ensemble n'a pas hésité à ajouter des commentaires positifs en faveur du premier ministre présenté comme l'incarnation de la « rupture avec l'ancien régime ».
Tout se passe comme si pour certains journalistes tunisiens la soumission automatique au Pouvoir était un réflexe conditionné issu de leur « bon vieux temps ».

Les débats télévisés ne servent qu'un seul point de vue

Autre exemple de conformisme anachronique, au niveau des débats organisés par la télévision et la radio : face aux manifestations qui continuent dans toute la Tunisie, les médias sont -encore une fois- tous d'accord pour suggérer la « frivolité » de ces manifestations ; insinuant ainsi que les manifestations qui ont abouti à la libération de notre pays avaient été, elles, des actes de violence et… de terrorisme.
Sans le moindre souci d'objectivité, les médias persistent à critiquer par tous les moyens les demandes des manifestants. Débats, interviews et même les news n'argumentent qu'à partir d'un seul point de vue :
« Nous n'avons pas de meilleure solution que le gouvernement provisoire dominé par les anciens du RCD. »
Et l'argument le plus fort, le plus utilisé aussi, est, bien sûr, la sécurité, l'équilibre et la sérénité du pays qui sont mises en danger, d'après nos médias, par ces manifestations pacifiques.
C'est un curieux détournement du débat que de l'organiser autour d'un seul point de vue. Le débat, c'est par définition, la discussion ouverte à partir de plusieurs points de vue. Multiplier les débats fermés ressemble fort, là encore, au vieux réflexe conditionné par le seule point de vue qui prévalait, naguère, celui de Ben Ali.
Depuis des décennies, le peuple tunisien s'est habitué à considérer les médias nationaux et même privés comme l'un des acteurs les plus puissants de la société du spectacle.
Mais le plus grave, après la révolte du 14 janvier, est de constater que nous n'avons plus beaucoup de chance d'avoir des médias libres, des médias qui se comporteraient comme des outils politiques indispensables à l'éclosion d'une vraie démocratie.
Car, il est clair que nos journalistes, précisément la majorité, renoncent à leur tâche la plus urgente : construire un espace libre de discussion et de réflexion.
Il est aussi clair que nos médias cèdent, sous ou sans pression (une enquête peut le prouver), à l'unique fonction de propagande et de censure qui était leur fonction sous la dictature.

Censure, manipulation et violation de la déontologie… Nous y sommes encore !



Tap


  Si la censure persiste encore sur internet (I), au niveau de la chaîne nationale, c’est encore plus grave, puisque manipulations et violations de la déontologie sont des pratiques ayant encore cours (II)
I.— La perpétuation de la censure sur Internet
S’agissant de l’internet d’abord, m’aurait-on dit qu’après la chute de Ben Ali, l’incarnation du visage de « Ammar 404 » (la censure de l’internet en Tunisie) deviendrait celle de Slim Amamou et de l’Atugien Sami Zaoui Secrétaire d’Etat chargé des TIC, j’aurai sûrement répondu par un sourire ironique.
Pourtant, c’est ce qui semble être devenu le cas lorsque je découvre la dépêche de la TAP qui rapporte : « L’accès à tous les sites web en Tunisie est libre, à l’exception des sites au contenu portant atteinte aux bonnes mœurs, comportant des éléments violents ou incitant à la haine, a annoncé le secrétariat d’Etat des technologies de la communication, dans un communiqué rendu public vendredi. Une adresse mail contact@web-liberte.tn est mise à la disposition des citoyens et des composantes de la société civile pour toute réclamation en relation avec la liberté d’expression sur Internet. (TAP – TUNIS, 22 jan 2011) »


Tap


  Ce qu’il y a de fâcheux dans ce communiqué, c’est l’absence de toute référence à la justice pour suspendre un site internet. Le seul progrès par rapport au passé, c’est la possibilité de contacter quelqu’un (allez savoir qui ?) via une obscure adresse mail “contact@web-liberte.tn”.
Pour le reste, on constate la perpétuation d’une police discrétionnaire et non moins arbitraire qui semble s’arroger ce qui doit relever de la seule compétence des tribunaux.
Etait-ce un communiqué isolé et maladroit ?
En tout cas, je constate en navigant que ce n’est pas aussi isolé que cela puisque sur certaines pages, la censure est encore de mise et toujours selon les formes propres aux dictatures. Voici ce qui désormais apparaît sur les pages bloquées en Tunisie :


Censure-Tunisie-PostBenAli


  On relève que sur la forme, hormis l’ancien mensonge de l’erreur 404, nous avons à présent « quelqu’un, quelque part » qui revendique cette censure. Pour le reste, les caractéristiques de la police de l’internet demeurent identiques à celle de Ben Ali. Des individus, derrière des écrans, décident discrétionnairement ce qui est accessible ou pas aux Tunisiens. Aucune décision de justice n’est mentionnée et aucune référence à un texte légal non plus (et bon courage à celui qui en sortira une de sa manche !).
Face aux sévères critiques que j’ai formulées sur twitter, le Secrétaire d’Etat au TIC Sami Zaoui abonde pourtant dans le sens de la seule compétence des tribunaux :


Tweet Sami Zaoui


  Néanmoins, comme déjà relevé, cela demeure au niveau d’un discours contredisant ce que l’on observe en navigant sur internet. D’autre part, ce n’était pas exactement ce qu’indiquait le communiqué publié par la TAP.
Plus stupéfiant, ce sont les tweets de @slim404 nouveau secrétaire d’Etat à la jeunesse en réponse à mon grand étonnement devant le maintien de la censure :


Tweets - Slim Amamou


  Ainsi, plutôt que de lever la censure totalement, on garde une liste des sites bloqués et quelqu’un se charge selon ses humeurs, sa morale, ses convictions de lever ou pas la censure (« décensurer»)
Slim Amamou comme Sami Zaoui reprennent à leur compte cette aberration de la censure discrétionnaire ; celle qui excipe de la pornographie, la pédophilie et le terrorisme pour justifier le pouvoir exorbitant et non moins tyrannique d’un tuteur protégeant les citoyens contre les vilains terroristes et pornographes.
Pourtant, on aura beau se contorsionner, l’argument de la pornographie est intenable. Du reste, l’affirmation selon laquelle « les Tunisiens ne veulent pas des sites pornos » — et à supposer qu’elle soit fidèle— ne signifie nullement que les Tunisiens acceptent de déléguer le filtrage de l’internet à une administration sous prétexte de les protéger des sites qu’ils ne souhaitent pas voir. D’autre part, pour ceux qui cherchent à accéder à l’information, il est tout aussi inadmissible qu’un bureaucrate censeur décide ce que le spécialiste en obstétrique, en MST ou le chercheur en sociologie des mœurs aient le droit de lire ou pas.
Qu’il y ait de « vieux croûtons » dans le gouvernement de transition qui soient prêts à sacrifier la liberté de l’internet sous le prétexte de préserver la société des dangers qui heurtent la morale, cela ne m’étonnerait guère. Qu’ils soient sincères dans leur vision du monde et de la morale, je peux le penser également. Mais, le problème c’est que ces derniers vivent encore dans le siècle dernier. Et je ne suis pas certain qu’ils soient en mesure de réaliser que la seule et UNIQUE garantie effective — et je mesure mes mots — contre tout glissement ultérieur vers un extrémisme de gauche, de droite ou religieux, c’est la liberté totale des médias, à commencer par celle d’accéder à l’internet.
Je l’ai déjà écrit, je fais partie de ceux qui sont terrorisés à l’idée de laisser un enfant seul devant un ordinateur connecté à internet. Mais je suis encore plus terrorisé à l’idée de transmettre une dictature à mes enfants. Les vieux croûtons qui sont prêts à sacrifier nos libertés pour satisfaire leur vision de la morale ne seront plus là dans une dizaine d’années. En revanche, mes enfants seront encore là et moi avec. Ne pas réaliser l’importance capitale d’un internet non soumis à la censure dans les années à venir pour préserver la démocratie des rédempteurs religieux, c’est jouer avec le feu qui brûlera les ailes de la nouvelle démocratie tunisienne.
Enfin, signalons la pétition d’un groupe d’internautes tunisiens très mécontent du maintien de la censure et qui demande l’arrêt total de toute forme de censure. Cette pétition demande également de laisser la responsabilité au citoyen de filtrer lui-même ce qui est susceptible de lui porter préjudice.
II.— Les atteintes à la déontologie sur la télévision nationale
Le 23 janvier 2011 survient un cataclysme dans l’audio visuel tunisien. Une parmi les trois chaînes à couverture nationale -Hannibal TV- est suspendue sans aucune forme de procès. Un écran noir remplace ses émissions. Cette suspension va durer jusqu’à 20h10.
Comment cela a eu lieu, qui l’a ordonnée et selon quelle procédure ? Nous ne le savons toujours pas.
Face à ce grave dérapage, le ministre du gouvernement de transition, A. Chebbi, prend en charge devant les médias le désamorçage de cette grave bévue. Il formule des excuses publiques et déclare que son gouvernement n’y est pour rien. Quant à savoir qui est derrière cette suspension, il s’est refusé à donner une quelconque information.
Ce qui est particulièrement inquiétant depuis la chute de Ben Ali, c’est cette opacité que l’on relève tous les jours concernant un certain nombre de décisions importantes. Et à ce propos également, tous les jours des informations affluent sur des arrestations de présumés collaborateurs avec l’appareil répressif de ben Ali, sans la moindre précision de « qui fait quoi ». Aucun porte-parole du ministère de la Justice ou du ministère de la Défense ne donne de détails sur les procédures suivies. Le pouvoir judiciaire, en terme de communication tout au moins, demeure le grand absent.
Quant à télévision nationale, elle ne parvient toujours pas à se défaire de l’une de ses plus dégradantes habitudes. La manipulation et la désinformation sous le couvert de la «source autorisée».
Une chaîne à couverture nationale est suspendue et, aussi invraisemblable que cela puisse paraître, la présentatrice du journal télévisé de 20h de la chaîne publique l’annonce comme s’il s’est agi de la météo.




  Et tout aussi invraisemblable, la présentatrice indique le plus naturellement au monde qu’elle tient ses informations d’une «source autorisée» (“masdar mâadhoun“). Un dictateur s’est fait virer et près d’une centaine de Tunisiens sont tombés, entre autres pour bannir ces «sources autorisées», mais la présentatrice n’est toujours pas au courant !


Censure Tunisie PostBenAli TVN 23-1-20011


  Plus impardonnable, la présentatrice lit le communiqué de cette « source autorisée» qui accuse le patron de la chaîne et son fils de crime de haute trahison, et ce, en faisant fi des règles déontologiques les plus élémentaires. Le rédacteur en chef du nouveau cru de la chaîne nationale ne sait toujours pas ce que signifie la présomption d’innocence. Du reste, la détention de l’Arbi Nasra et de son fils ne durera que quelques heures. Ils sont actuellement libres.

The Dictator is gone but not the dictatorship. We haven’t done anything yet.


Ben Ali is gone, but the regime is still there. This interim government must be purged of the old regime’s men. This is why I think we should not trust this government:

1. Mr Ghannouchi’s government did not unequivocally state that they will make every possible effort to get Ben Ali extradited to face justice in Tunisia. Mr Ghannouchi was still in contact with him after he left and there are credible rumours that the prime minister even mediated to get the dictator asylum.

2. This interim government is yet to send a full list of names for the Ben Ali – Trabelsi clans so that their accounts in foreign banks are frozen. Switzerland had to identify its own list of suspect accounts. France and other countries have taken preemptive measures but not based on an exact list from the Tunisian government. Even if this measure is finally taken by the government, the lack of urgency in dealing with this issue and the lack of transparency concerning who from the clan was arrested dealt Mr Ghannouchi’s government a huge credibility blow in the eyes of the public.

3. National TV does not look very free to me. Some people seem to be still pulling the strings and controlling the agenda of most programs. One example, early news programs reporting the demonstration which started in Sidi Bouzid and headed for Tunis to bring down the government said that their demands were “political and social” refusing to be any more explicit. They only admitted the specific demands later when it was clear the size of the demonstration was growing and it was turning into an open ended sit-in in the Kasbah. In so called round-tables, I very rarely see guests calling for the old regime’s men to go. I also rarely see guests representing parties who have been outspoken against the interim government, such as Marzouki’s CPR party and others.

4. The ministers who served under the old regime seem to be clinging to their positions at any cost. Their argument is continuity. This is laughable. Continutity can be assured by them making themselves available to an independent transition government whenever they are needed. Logistically, they can even work side by side but leaving the decision making power in the hands of the independents. Besides, we all now that continuity is guaranteed by the high-level and mid-level civil servants working under the minister, and not by the minister himself. This is why former Presidents H. Bourguiba as well as Z. A. Ben Ali moved their reliable men between the ministries of Sports, Information, Tourism, etc. regardless of their academic and professional experience. The position of a minister is a political one, tasked with drafting policies and long-term strategies and communicating with the public and other institutions at a political level. He or she is not tasked directly with operational day to day issues, which are usually delegated and are not reviewed on a daily basis.

5. Reports from patriotic Tunisians in various ministries and courts that critical documents are being destroyed. These documents are the only way to indict those who collaborated with the mafia of the old regime. A big clean-up is undergoing right now in the various “important” ministries and institutions. This cleanup is as widespread as the spread of the corruption under the old regime, where a big “royal clan” and their collaborators in the system were above the law for over a decade. This cleanup includes also the Ministry of Interior, where efforts are probably focusing on reducing as much as possible all evidence of torture and other serious abuses. There are even those who speculate that the burning of some prisons early on after the dictator fled was an attempt to get rid of the biggest piece of evidence, the prisoners who were tortured themselves. This morbid theory, while I hope is wrong, is a reflection in any case of the little trust the population has in this current caretaker government.
It is urgent that we get our economy back on track as soon as possible and start the rebuilding process. It is also urgent that we focus on the short-term basic needs of vulnerable people especially, many of whom lost their livelihoods in the disturbances which broke out after the dictator fled. This will only happen if people get an interim government that they accept and trust. The Tunisian people are very aware that democracy requires institutions and free and fair elections, and these cannot emerge out of a government that served under a dictator for two decades. Life does not emerge out of the dead. Only God can do that. The interim government must be formed of independents who have real credibility, personalities from academia and civil society who demonstrated their passionate belief in the values of freedom and democracy. Mr Ghannouchi must yield to popular demand for the country’s sake. We cannot change the population, so his government ought to go.

Khalil Amiri
London, 23/1/2011

Tunisia is also this...

La Tunisie c'est aussi ça, alors voici une petite pause "réconfort", et tout le monde reste les bienvenue en Tunisie, ou presque.. Michèle Alliot Marie, Frédéric Mitterand, Bruno Lemaire et d'autre qui se reconnaitront.

:)


Please, never forget! Never forget!




L'Alliance Fédéraliste Bretonne

L'Alliance Fédéraliste Bretonne exprime sa sympathie au Peuple tunisien. Après le renversement du régime autoritaire de Ben Ali, régime malheureusement soutenu pendant 2 décennies par les gouvernants français de gauche ou de droite, il faut souhaiter que ce pays se trouve rapidement doté d'une nouvelle constitution garantissant la démocratie, la stabilité et la prospérité économique. 

An Emglev Kevredel Breizh a zo en em tiskleriañ skoazh-ouzh-skoazh gant ar Pobl tunisiek. Goude ar reveursi hag en deus lakaet Ben Ali da dec'hout kuit, koulskoude dezhañ da vezañ bet skoazellet gant ar goarnamanchoù gall( tu dehou ha tu kleiz ), spi hon eus hag e vo savet dizale ur vonreizh nevez gouest da zichenniñ an demokratelezh, an ingalded hag al lañs ekonomikel.

Le Président / Ar Prezidant,
J-L Le Mee. ■

les visas révoqués

Les visas diplomatiques américains des anciens membres du gouvernement tunisien ainsi que ceux octroyés aux membres de leur famille ont été révoqués, a annoncé l'ambassade des Etats-Unis d'Amérique à Tunis dans un communiqué parvenu lundi à l'Associated Press.
Selon la même source, le département d'Etat américain poursuivra cette mesure de révision au fur et à mesure que le gouvernement tunisien prendra forme et révoquera les visas de ceux qui ne seront également plus éligibles.

Le capitalisme préfère-t-il la dictature ?

Par Hervé Gattegno
Le capitalisme s'accommode de la dictature. En Tunisie, la démocratie est encore fragile puisqu'elle dépend du soutien de l'armée. Et la situation économique est très inquiétante. On peut comprendre que la France ne veuille pas se mêler de l'avenir politique du pays - à part approuver la démocratie, on ne voit d'ailleurs pas ce que Nicolas Sarkozy pourrait faire de plus. En revanche, je ne vois pas ce qui l'empêchait d'offrir le soutien de la France à l'économie tunisienne. Il ne l'a pas fait - ou alors du bout des lèvres. Et là, on est obligé de se demander pourquoi.
Il est difficile de soutenir que la France défend les droits de l'homme partout sauf dans les pays liés à la France par l'histoire. Au demeurant, Nicolas Sarkozy s'est montré moins "réservé" avec la Côte d'Ivoire. Donc on peut regretter qu'il n'ait pas trouvé de mots pour dire que la France offrira sa garantie, et même qu'elle prêtera au nouvel État tunisien - quand il sera vraiment en place - l'argent dont il aura besoin pour relancer l'activité économique. Il s'est passé quelque chose d'incroyable la semaine dernière : deux grandes agences de notation ont baissé la note de la Tunisie, c'est-à-dire qu'elles ont jugé que la capacité du pays à rembourser ses dettes avait diminué avec la chute de Ben Ali. La conséquence, c'est que la Tunisie va devoir emprunter sur les marchés financiers à des taux d'intérêt plus élevés. La démocratie part donc avec un handicap. Et ça, c'est inacceptable !
Le cynisme du capitalisme financier
Tout est là : ces agences ne raisonnent que d'un "strict point de vue financier". On l'a vu au moment de la crise des subprimes : tous les placements les plus toxiques avaient reçu des notes excellentes. Sur le papier, tout était parfait, mais ce n'était que du papier ! Les mêmes agences - que Nicolas Sarkozy a dénoncées mille fois - ne jurent que par la Russie et la Chine, mais il est vrai que ce ne sont pas des pays qui sont menacés par "l'instabilité politique". Dans le cas de la Tunisie, on peut donc bien conclure que le capitalisme mondial - à travers les agences de notation - affirme clairement, et cyniquement, qu'il aurait préféré que la dictature reste en place. On aurait aimé entendre Nicolas Sarkozy dire, au nom de la France, qu'il ne partage pas cet avis.
Peut-être que, grâce à la présidence du G20, la France va retrouver sa voix. Certes, au G20 on ne parle pas de démocratie mais de capitalisme. Et on a compris que ce sont deux choses différentes. Mais, comme on y parle beaucoup de régulation, peut-être que Nicolas Sarkozy pourrait contribuer à ce que les États décident de réguler la finance par la démocratie. Ce serait une belle revanche pour les Tunisiens. S'il y avait des agences de notation pour l'honneur en politique, la France pourrait retrouver la moyenne.

Sarkozy sur la Tunisie : un pas en avant, trois pas en arrière

Lors de la la troisième conférence de presse de son quinquennat, Nicolas Sarkozy n'a évoqué que les questions de politique étrangère, axant ses interventions sur la présidence française du G20 et la Tunisie. Sur ce dernier point, le président a admis quelques défaillances diplomatiques, invoquant surtout le principe de non-ingérence et l'histoire qui unit les deux pays pour expliquer les cafouillages français.



Sarkozy sur la Tunisie : un pas en avant, trois pas en arrière

A l’occasion de la troisième conférence de presse de son quinquennat, le président de la République avait bien fait passer le message : il ne serait question que de politique étrangère. De la hauteur ! « Opération Re-Présendialisation »: pas question de réunir la presse pour aborder les questions de politique intérieure. 

Contrat rempli. Nicolas Sarkozy a donc passé en revue l’actualité internationale, insistant sur deux axes majeurs : le G20 et la Tunisie. Il a annoncé la tenue, à la veille du sommet de Deauville, d'un forum sur l'Internet avec les principaux opérateurs du secteur des pays du G8. Assurant qu’il ne s’agirait « en aucun cas » de brider la Toile, quelques semaines après les révélations de Wikileaks, le Président a  estimé qu’« Internet ouvre pour les responsables que nous sommes de grands sujets de réflexion ».

Nicolas Sarkozy a listé tous les dossiers que la France entendait pousser, annonçant une présidence française sociale: « la France est favorable à une taxe sur les transactions financières »« elle proposera l'instauration d'un socle de protection sociale universel » et un « sommet social » sera organisé à la veille du sommet du G20. Sans dire lesquels, le président a promis des résultats...

Installé à la présidence du G20 depuis moins de trois mois, Nicolas Sarkozy a très peu goûté la question d’une journaliste qui l’interrogeait sur la fonction d’un G20 face à la montée en puissance d’un G2 sino-américain : « Le G2 sino-américain n'existe pas, nous sommes dans un monde multilatéral », a-t-il dit.

Sarkozy, opération re-présidentialisation

D’un ton grave, Nicolas Sarkozy s’est évidemment longuement attardé sur la révolution en Tunisie. Il a admis que Paris n'avait «pas pris la juste mesure de la désespérance d'un peuple frère». «Quand on est si proche, quand les destinées individuelles et collectives sont tellement imbriquées, on n'a pas toujours le recul nécessaire», a-t-il expliqué.

Il a également défendu Michèle Alliot-Marie dont l'offre de coopération policière au régime tunisien avait suscité la polémique. Nicolas Sarkozy a estimé que la ministre des Affaires étrangères avait simplement voulu «éviter qu'il y ait plus de drames». «La forme a pu porter à polémique. Je ne veux pas que la France soit assimilée à un pays qui ait gardé des réflexes coloniaux », a-t-il tout juste reconnu.
Le président ne s'est pas attardé sur les questions de fond : les aveuglements et impérities de la diplomatie française, et en quoi prêter sa police à un tyran aux abois relèverait moins d'un « réflexe colonial » que laisser un peuple reprendre son destin en main ?

Au moins Nicolas Sarkozy, a-t-il évité de sombrer dans les explications hasardeuses de sa « plume ». Le matin même, au micro de France-Inter, Henri Guaino, était interrogé sur les ratés du discours officiel de la France lors de la révolution tunisienne. Pour seule échappatoire, le conseil spécial du Président a expliqué que «ce n'est pas la première fois qu'on tire à balles réelles sur les émeutiers. Même dans les pays démocratiques, cela peut arriver » faisant allusion aux émeutes de Los Angeles de 1992 qui ont fait entre 50 et 60 victimes. 

Ce n’est qu’en toute fin de conférence de presse que l’atmosphère s’est quelque peu détendue lors de l’intervention d’une journaliste étrangère curieuse de savoir si en cas de contagion de la révolution en Algérie, le pays refuserait d'accueillir le président Bouteflika comme elle a interdit au président Ben Ali de s'exiler en France ?

Esquissant un sourire mais mal à l’aise, en homme sage, prudent et en phase de « re-présidentialisation », Sarkozy a esquivé la question: « En visite officielle ? », a-t-il demandé, trop soucieux, cette fois, de ne pas insulter l’avenir.

Et si l’on réquisitionnait l’empire immobilier de Ben Ali à Paris ?

Jack Dion s'interroge sur l'attitude de la France à l'égard du clan Ben Ali, et plus généralement de certains dictateurs. Après s'être aveuglée sur le régime tunisien, accueilli l'exil pendant 25 ans de Jean-Claude Duvalier, va-t-elle fermer les yeux sur le confortable patrimoine accumulé par Ben Ali, alors qu'elle pourrait le réquisitionner ?

On peut comprendre que les Tunisiens aient quelque difficulté à saisir les virages successifs de la diplomatie française à l’égard de leur révolution. Lors de sa conférence de presse, au prix de contorsions verbales qui témoignent de son embarras, Nicolas Sarkozy s’est livré à un exercice périlleux en invoquant la « non ingérence », nouvelle vertu cardinale de la France.

Dans ce cas, il faut rapatrier au plus vite nos soldats d’Afghanistan, quitter la structure de commandement de l’Otan, qui est le modèle par excellence de la machine à s’ingérer, et ne pas chercher des poux dans la tête de Hu Jintao, le président chinois, à propos du Tibet. Passons. Tout cela n’est pas sérieux, et le prestige de la France dans le monde ne sortira pas grandi de cet épisode funeste.

Il y aurait un moyen symbolique de limiter les dégâts. Il suffirait de réquisitionner les biens de la famille Ben Ali en France, et de les mettre sous séquestre avant de les restituer aux futures autorités tunisiennes, qui pourront ensuite en faire ce qu’elles voudront.

Libération a détaillé trois beaux morceaux du patrimoine de l’ancien président. Il y a un hôtel particulier situé 17 rue Le Sueur (XVIème arrondissement), et qui appartient à Nesrine, la quatrième fille de la célèbre famille. Il faut y ajouter un somptueux appartement 16 place des Etats-Unis (XVIème arrondissement), propriété des frères Mabrouk, tous liés au clan Ben Ali. Enfin, au 18 avenue Elisée-Reclus (VIIème) se trouve l’appartement des Taïbi, présentés comme un « sous clan » de celui qui est à la Tunisie ce que Ceaucescu fut à la Roumanie.

Voici peu, le porte-parole du gouvernement, François Baroin, avait affirmé que la France se tenait « à la disposition des autorités constitutionnelles tunisiennes » pour examiner le sort des biens immobiliers du président tunisien déchu. Il serait bien de ne pas en rester au stade des paroles verbales et de passer aux actes. Le droit de réquisition existe. Pourquoi ne pas l’appliquer dans ce cas précis, et au plus vite ?

Evoquant la révolte qui a balayé la Tunisie, lors de sa conférence de presse, Nicolas Sarkozy a eu cette phrase : « Nous n’avions pas pris la mesure ». Voilà un très bon moyen de la prendre.

Le message serait d’autant plus pertinent que la France a souvent su se montrer fort compréhensive avec certains dictateurs. Le dernier exemple en date est celui de Jean-Claude Duvalier, alias Baby Doc, qui est rentré en Haïti après avoir passé 25 ans en France, sans jamais avoir été inquiété par la justice. 

Baby Doc avait atterri à Grenoble le 7 février 1986. La gauche et la droite l’ont laissé vaquer à ses occupations en toute tranquillité. L’ex dictateur a écumé les grandes villes de France et de Navarre, en se livrant à des frasques bien vite oubliées grâce à un carnet d’adresse aussi fourni que ses comptes en banque. Le clan Ben Ali va-t-il bénéficier des mêmes complicités ?

Certes, Zine El Abidine Ben Ali n’est pas en France. Pour l’heure, il est réfugié en Arabie Saoudite. On s’étonne cependant qu’aucune voix ne s’élève pour s’étonner que les autorités d’un pays ami des Etats-Unis le laissent libre de ses mouvements, comme s’il était en villégiature.

Serait-il incongru d’exiger l’arrestation de l’ancien dictateur tunisien afin qu’il puisse rendre des comptes à la justice de son pays ? Va-t-on laisser tous les membres de cette (grande) famille s'éparpiller aux quatre coins du monde, à l’image de l’un des frères de l’épouse de Ben Ali, qui vient de débarquer avec les siens à Montréal, où il possède une villa cossue dans le quartier huppé de Westmount, achetée il y a deux ans ?

En ce moment, parmi les manifestants qui défilent à Tunis devant le palais du Premier ministre, on entend ce cri : « La Kasbah, c’est la Bastille de la Tunisie, et on va la démonter, comme les sans-culottes ont fait tomber la Bastille en 1789 ». Montrons leur que la France de 2011 n’est pas totalement indigne de celle de 1789.

lundi 24 janvier 2011

Obsèques du photographe tué jeudi

Les obsèques du photographe franco-allemand Lucas Mebrouk Dolega, mortellement blessé alors qu'il couvrait les émeutes en Tunisie, auront lieu jeudi au cimetière du Père Lachaise, à Paris, a annoncé lundi sa compagne. Le rendez-vous a été fixé "à partir de 15h30" devant le crématorium.
"Lucas, photojournaliste français, est décédé dans l'exercice de sa passion et de son métier", écrit Nathalie Donnadieu, sa compagne, dans un communiqué. Lucas Mebrouk Dolega, 32 ans, couvrait pour l'agence EPA, le vendredi 14 janvier, les manifestations à Tunis devant le ministère de l'Intérieur, quand il a été atteint par un tir de grenade lacrymogène tirée "à bout portant" par un policier tunisien, selon un de ses confrères. Le photographe, qui travaillait pour EPA depuis avril 2006, est le seul journaliste à avoir été tué lors de la révolution tunisienne.
Le président Nicolas Sarkozy lui a rendu hommage lundi. "Il accomplissait son devoir de journaliste, il ne faisait rien d'autre que son métier, un métier difficile, exigeant qui demandait de la passion et du courage et Lucas ne manquait ni de l'un ni de l'autre", a-t-il affirmé.

Guide to Protecting the Tunisian Revolution, Part One: Initial Security


Daniel Cohn-Bendit - Le Parlement européen n'est pas à la hauteur


DECRYPTAGE - La Toile est un élément majeur pour relayer la contestation populaire, mais elle ne suffit pas...

DECRYPTAGE - La Toile est un élément majeur pour relayer la contestation populaire, mais elle ne suffit pas...

Tunisie, Algérie, Egypte, Jordanie, Syrie… Internet et les réseaux sociaux en particulier sont devenus un cauchemar pour certains régimes de pays arabes dans lesquels une contestation populaire de plus en plus importante se fait sentir. Car, dans le cas tunisien, malgré une censure beaucoup plus présente que dans d’autres régimes similaires,  le Web a joué dans la chute de l’ex-président Ben Ali un rôle «très important» selon Karim Bitar, spécialiste du monde arabe à l'Institut des relations Internationales et Stratégiques (Iris), joint par 20minutes.fr.
«C'est sensationnel d'avoir participé via Internet à la chute du tyran, en téléchargeant des vidéos, a expliqué le blogueur tunisien Tarek Mekki à son retour au pays dimanche après un exil au Canada. Ce que nous avons fait sur Internet avait de la crédibilité, et c'est pourquoi cela a marché.»

«Internet n’aurait pas été suffisant sans la grande mobilisation populaire»

Karim Bitar souligne également la combinaison avec les chaînes de télévision arabes, telle Al-Jazira, qui relayait les vidéos des internautes tunisiens. Cependant, «Internet n’aurait pas été suffisant sans la grande mobilisation populaire», tempère le chercheur.
«Internet sert d’appui, d’effet boule de neige pour amplifier, galvaniser les foules et contourner la censure» via les réseaux sociaux notamment, ajoute le chercheur, mais la Toile ne fait pas tout: «Elle ne peut pas créer une révolution ou abattre un régime à elle toute seule». Deux autres facteurs déterminants sont nécessaires selon Karim Bitar: la géopolitique et l’économie.

La Tunisie était en avance

Ces trois éléments étaient réunis en Tunisie. «Il y avait une unanimité contre le régime Ben Ali», précise le chercheur alors qu’en Iran par exemple, où, au cours des troubles de juin 2009, l’«on a parlé d’une révolution Twitter, le pouvoir a fait jouer la fibre nationaliste pour se maintenir». Malgré des restrictions moins contraignantes en Algérie et en Egypte, le taux de pénétration sur Internet y est également moindre qu’en Tunisie (13% et 20% contre 30% en Tunisie).  
Les Egyptiens n’ont pourtant pas attendu  non plus les Tunisiens pour exprimer leur mécontentement grâce à Internet et aux réseaux sociaux. Le pays, qui compte le plus d’internautes du monde arabe (17 millions), s’est déjà enflammé à plusieurs reprises, et notamment lors d’émeutes en 2008 grâce à une mobilisation relayée par téléphone portable et sur Internet. Battu à mort en juin 2010 «après avoir diffusé une vidéo dans laquelle des policiers étaient pris en flagrant délit de corruption», c’est un blogueur, Khaled Saïd, qui est devenu la «figure de proue des mouvements de contestation du pouvoir» qui s’organisent systématiquement via Facebook, rapporte France 24. 
Mais ce qui vient de se passer en Tunisie a provoqué «un enthousiasme de la jeunesse arabe inédit jusqu'alors», indique Karim Bitar qui est ainsi convaincu que les régimes arabes autoritaires «sont condamnés à moyen terme». Pour le chercheur, «l’aspiration à la transparence est profonde et irréversible» et Internet «jouera un rôle», notamment comme relais de «l’exaspération des peuples». Une conclusion à laquelle certains sont arrivés également en France. «La force d'Internet et des réseaux sociaux a libéré la parole en Tunisie. C'est un constat que nous aurons à prendre en compte à l'avenir», a déclaré la ministre française des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, peu après la fuite de Zine Ben Ali en Arabie saoudite.

Tunisie : sur la piste des proches de Ben Ali

Le gouvernement a officiellement révélé que l'ex-ministre de l'Intérieur, Abdallah Kallel, ainsi que les deux anciens conseillers de Ben Ali,  Abdel Aziz Ben Dhia et Abdelwahab Abdallah, ont été arrêtés. Par ailleurs des membres du clan Trabelsi ont réussi à trouver refuge au Canada en tant que "résidents permanents". Malgré tout, les manifestations continuent.
Dans les nombreuses rumeurs qui circulent à Tunis, les informations véridiques autour des clans Ben Ali – Trabelsi sont assez rares. Après avoir appris que l'un des neveux de l'ex-première dame Leïla Ben Ali, Imed Trabelsi, n'était pas mort mais en état d'arrestation, la prudence est plus que jamais de rigueur. D'autant que le gouvernement tunisien ne communique pas beaucoup sur les proches de l'ancien régime - il faut dire qu'il compte parmi ces derniers au moins moins huit de ses membres, dont le Premier ministre Mohamed Ghannouchi. À peine sait-on, par exemple, qu'une trentaine de proches de la famille Ben Ali – Trabelsi ont été arrêtés, mais on ne connaît toujours pas leur identité.
Une solide information officielle a cependant filtré ce dimanche sur trois anciens collaborateurs de Ben Ali. Selon l'agence officielle TAP, Abdallah Kallel, Abdel Aziz Ben Dhia et Abdelwahab Abdallah ont été arrêtés et placés en résidence surveillée. Le premier est le président du Sénat et ancien ministre de l'Intérieur, les autres ont été les plus proches conseillers de Ben Ali : Ben Dhia était l'un des architectes de la politique du président déchu, tandis qu’Abdallah, ministre-conseiller à la présidence, avait la haute main sur l'information.
Jusqu'ici, le sort de ces responsables faisait l'objet de rumeurs contradictoires, certaines évoquant leur arrestation, d'autres leur fuite. Les trois personnalités étaient des cadres de l'ancien parti au pouvoir, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), dont les manifestants exigent chaque jour la dissolution. Kellal a déjà eu maille à partir avec la justice : il a échappé de justesse à celle de la Suisse en 1992. Alors qu'il se faisait soigner dans ce pays, il a failli être arrêté après la plainte d'un Tunisien pour « torture » à l'époque où il était ministre de l'Intérieur.
Immigrés indésirables
Autre information sur des proches de l'ancien président : le ministre de l'Immigration canadien, Jason Kenney a déclaré que certains membres du clan Ben Ali « étaient déjà résidents permanents » du Canada, où ils ont donc « le droit » de séjourner.
Samedi dernier, Le Journal de Québec avait révélé l'arrivée d'un des frères de la femme de Ben Ali, son épouse, leurs deux enfants et leur gouvernante. Dimanche, Radio-Canada, a précisé que le jet privé ayant déposé les Ben Ali à l'aéroport international de Montréal-Trudeau transportait en réalité entre cinq et dix membres du clan, et aurait atterri jeudi, non vendredi.
Ottawa a confirmé l'information du Journal de Québec, sans toutefois livrer plus de détails.  L'identité exacte de la famille en question n'est pas connue, Leila Ben Ali (née Trabelsi) ayant plusieurs frères. Mais en coulisse, on confirme que ce beau-frère fait partie d'une liste d'une douzaine de membres du clan Ben Ali dont les mouvements sont suivis par des services occidentaux.
Reste que depuis l'arrivée de cette famille Trabelsi, les Canadiens n'ont pas arrêté d'exprimer leur indignation. Ils ne comprennent pas comment des membres d'une dictature honnie ont pu trouver accueil dans leur pays aussi facilement. Du coup, les autorités canadiennes ont dû se justifier et indiquer qu'elles n'entendaient pas accueillir d'autres proches de Ben Ali. Le gouvernement a par exemple accru sa surveillance des compagnies aériennes, a expliqué une source officielle sur Radio-Canada. Et samedi dernier, le ministère de l'Immigration avait déjà souligné que « M. Ben Ali, les membres destitués de l'ancien régime tunisien et leurs proches n'étaient pas les bienvenus au Canada ». (Avec AFP)