samedi 5 février 2011

Alliot-Marie reconnaît un second voyage en jet privé en Tunisie

Michèle Alliot-Marie a reconnu samedi avoir utilisé à deux reprises un jet privé lors des ses vacances controversées en Tunisie.

La ministre française des Affaires étrangères, au coeur d'une vive polémique, a confirmé ainsi une information donnée par le site internet du Nouvel Observateur mentionnant un second vol.
Elle a déclaré à des journalistes, en marge d'une conférence sur la sécurité à Munich, qu'elle avait déjà parlé de ce second vol et a accusé ses adversaires politiques de manipulation et de mauvaise foi.
La chef de la diplomatie française est accusée par l'opposition d'avoir manqué à ses obligations en voyageant en Tunisie à bord d'un avion privé deux semaines avant le renversement de Zine Ben Ali.
Elle avait déjà fait état d'un vol de 20 minutes, entre Tunis et la station balnéaire de Tabarka, à bord de l'avion de son ami Aziz Miled, un homme d'affaires tunisien. La ministre avait démenti en outre des informations présentant cet ami comme un proche du président déchu.
A bord du même appareil, Michèle Alliot-Marie a effectué le 29 décembre un aller-retour vers Tozeur, dans le grand sud tunisien, écrit le Nouvel Observateur.
"J'ai dit au Grand Journal (de Canal+) comme j'ai dit à France 2 que j'avais effectivement, avec mes amis, dont M. Miled, fait d'autres excursions", a dit samedi la ministre à des journalistes qui l'interrogeaient sur ce second vol.
Parmi ces autres excursions, une seule, celle mentionnée par le Nouvel Observateur, a été effectuée en avion, a-t-elle ajouté.
Selon le site Mediapart, l'avion utilisé par la ministre appartenait au beau-frère de Zine Ben Ali, Belhassen Trabelsi, plutôt qu'à Aziz Miled.
Le jet est enregistré au nom de la compagnie Karthago Airlines de Belhassen Trabelsi, qui a fusionné en 2008 avec la compagnie d'Aziz Miled, Nouvelair, écrit vendredi Mediapart.
Selon l'historique des vols du jet que s'est procuré Mediapart, il a été utilisé le 14 janvier, soir de la fuite de Ben Ali, pour faire la liaison Tunis-Cagliari, en Sardaigne. La destination finale du jet ce soir-là n'est pas connue.
Michèle Alliot-Marie a exclu de démissionner et le Premier ministre François Fillon l'a assurée de toute sa confiance, dénonçant "une polémique politicienne".
La ministre a expliqué samedi que les mouvements en Tunisie, lorsqu'elle s'y trouvait, n'avaient pas l'ampleur de ceux qui ont conduit à la chute du régime Ben Ali.
"Il y avait des mouvements, effectivement, un peu avant Noël. Cela dit, ces mouvements étaient extrêmement limités et apparaissaient comme des mouvements sociaux limités à une région qui avait des grosses difficultés économiques", a-t-elle dit.
"C'est seulement après mon départ, et notamment avec la mort du jeune qui s'est immolé, que les mouvements ont éclaté. J'étais déjà rentrée en France. Il est évident que s'il y avait eu des mouvements de cette nature, je ne me serais pas rendue en Tunisie."
"Je ne pense pas avoir commis particulièrement de faute", a dit Michèle Alliot-Marie, en insistant sur le fait que tous les frais de son voyage, effectué en compagnie de ses parents et de son compagnon, Patrick Ollier, également membre du gouvernement, avaient été réglés.
"En ce qui concerne les voyages, je les ai payés moi-même, pour toute la famille, et j'ai montré la facture", a-t-elle dit.
"En ce qui concerne l'hôtel, comme je paye les voyages, ce sont mes parents qui ont payé l'hôtel. Je ne pense quand même pas qu'on va leur demander, à eux qui ont 92 ans, de produire les factures, surtout pour un hôtel dont les chambres, vous pouvez vérifier sur internet, coûtent entre 50 et 200 euros."
Michèle Alliot-Marie a estimé n'avoir rien à se reprocher et a dénoncé une exploitation politique.
"Est-ce que ce n'est pas un tout petit peu de la manipulation et de la mauvaise foi que de faire semblant de découvrir aujourd'hui quelque chose que j'ai dit il y a maintenant cinq jours ?", a-t-elle dit.
"Les polémiques, tout le monde en a subi. Je pense simplement que nous sommes à un peu plus d'un an de l'élection présidentielle et que faute d'avoir un programme, des idées et une unité, l'opposition essaye de s'en prendre systématiquement, à partir de problèmes ponctuels, aux personnalités de la majorité."
Elle a assuré que le président de la République s'était montré "très chaleureux" à son égard depuis le début de l'affaire.
"Je n'ai rien fait de répréhensible sur le plan politique, sur le plan juridique et je pense aussi sur le plan moral", a-t-elle insisté.

Par Reuters

 

vendredi 4 février 2011

Incidents à Sidi Bouzid après la mort de deux détenus dans un poste de police

TUNIS - Plusieurs centaines de personnes ont manifesté vendredi soir devant un poste de police de Sidi Bouzid, berceau de la révolution tunisienne dans le centre du pays, après la mort de deux personnes qui y étaient détenues, ont déclaré des responsables et témoins.
Les corps portant des traces de brûlure ont été amenés à l'hôpital régional de la ville, a dit une source hospitalière sous le couvert de l'anonymat, sans pouvoir expliquer les circonstances de leur décès.
Les deux personnes, identifiées par des témoins comme Aden Hammami et Ridha Bakari Nsiri, ont été récemment arrêtées et étaient détenues dans un poste de police de Sidi Bouzid où elles sont mortes.
S'exprimant sur la chaîne privée Nesma, le ministre tunisien de l'Intérieur, Farhat Rajhi, a confirmé leur mort, affirmant qu'il s'agissait d'un crime qui pourrait être l'oeuvre de partisans de l'ancien régime.
"C'est un crime mystérieux, ils étaient les seuls détenus dans ce poste", a dit le ministre évoquant la piste de partisans du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) du président déchu Zine El Abidine ben Ali ou l'oeuvre de policiers de l'ancien régime.
"Une enquête a été ouverte et doit examiner toutes les hypothèses", a ajouté le ministre.
Plusieurs centaines de manifestants en colère se sont rassemblés devant le poste après l'annonce du décès et ont mis le feu à trois voitures de police avant l'intervention des pompiers, a indiqué un témoin à l'AFP.
C'est de Sidi Bouzid qu'est partie la révolte populaire d'un mois qui a chassé du pouvoir le président Zine El Abidine Ben Ali, après l'immolation le 17 décembre par le feu d'une jeune marchand de fruits de la ville, Mohamed Bouazizi, excédé par des humiliations policières répétées.

(©AFP / 04 février 2011 21h53)

Échanges d'amabilités entre Michèle Alliot-Marie et son homologue tunisien


La ministre des Affaires étrangères a reçu pour la première fois Ahmed Abderraouf Ounaies.


Échanges d'amabilités entre Michèle Alliot-Marie et son homologue tunisien Ahmed Abderraouf Ounaies et Michèle Alliot-Marie ont donné une conférence de presse commune vendredi. © Emma Foster/Maxppp

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Le Point.fr
Vendredi s'est tenue au Quai d'Orsay la première rencontre entre le nouveau ministre des Affaires étrangères de Tunisie Ahmed Abderraouf Ounaies et Michèle Alliot-Marie. Selon la chef de la diplomatie française, le rendez-vous "marque la grande amitié entre la Tunisie et le France". Cet entretien, a, surtout, permis à MAM de souffler un peu, voir de trouver du réconfort en cette période mouvementée. Car son homologue tunisien l'a tout simplement couverte d'éloges.
"Parler à côté de Michèle Alliot-Marie", a-t-il dit en introduction de son intervention, "c'est pour moi un honneur, c'était peut-être un petit rêve que je faisais, et que l'histoire ou l'accélération de l'histoire m'a permis de réaliser.".Et de s'emballer : "J'aime écouter Michèle Alliot-Marie en toutes circonstances et dans toutes les tribunes"...
"Amie de la Tunisie"
La France a été très critiquée pour sa réaction tardive et timide lors de la révolution tunisienne, mais Ahmed Abderraouf Ounaies ne semble pas partager cette analyse. À l'adresse de MAM, il a dit : "Je sais que vous êtes avant tout une amie de la Tunisie, parce que la France est l'amie de la démocratie, la France est l'amie des libertés, et donc Michèle Alliot-Marie, au nom de la France, est l'amie de la Tunisie d'aujourd'hui, qui aspire à enraciner la démocratie dans ses institutions."
Et il a tenu à mettre l'accent sur tout "le réconfort" que la Tunisie a trouvé "chez ses amis français" "dès l'amorce de son nouvel engagement, et d'abord chez Michèle Alliot-Marie". Il a profité de l'occasion pour remercier la France d'"avoir offert un refuge et une protection aux militants de la démocratie à qui les portes de la Tunisie étaient fermées".
Pour sa défense...
De son côté, la ministre des Affaires étrangères, qui a dit que la France était en train de finaliser un plan de soutien à la Tunisie et oeuvre pour que le pays obtienne le statut avancé de l'Union européenne, a assuré à Ahmed Abderraouf Ounaies que "les Français (avaient) été très impressionnés par la façon à la fois sereine, pacifique, déterminée, dont tout un peuple a décidé de prendre en main son destin politique après avoir pris en main son destin économique à d'autres périodes".
MAM, "amie de la Tunisie" donc, a été invitée au cours de cette conférence de presse à s'expliquer sur les affirmations selon lesquelles le jet dans lequel elle a voyagé en Tunisie appartient au clan Ben Ali... Elle en a profité pour souligner que l'UE avait décidé de ne pas geler les avoirs du propriétaire de l'avion, nouvelle preuve, selon elle, de sa bonne foi.

jeudi 3 février 2011

Tunisie, ce petit pays qui a tout d'un grand !

La Tunisie restera dans l’histoire comme la première nation maghrébine qui aura fait chuter son régime par la rue, sa jeunesse comme la première au monde à avoir usé des technologies d’internet pour réussir son soulèvement, et sa société civile comme l’une des rares à avoir lancé ce qu’on pourrait appeler « la tendresse sociale », ce formidable sursaut citoyen qui a poussé les Tunisiens à s’entraider pour défendre leur vie et leurs biens contre les milices de la terreur.

L’on aurait tort de s’étonner que le pays qui compte des ­villes aussi prestigieuses que Carthage et Kairouan réussisse ce pari et gagne le titre de « meneur » du monde arabe. La Tunisie a toujours brillé par son avant-garde intellectuelle, par une lignée de penseurs rebelles. Elle vient d’ajouter un nouvel épisode à son histoire. À la réforme des idées, elle joint la puissance de l’acte, et à la révolte, elle fait succéder la révolution. L’on aurait tort aussi de contester l’usage du mot ­révolution, en l’occurrence, sous prétexte qu’il n’y a pas de ­projet politique inhérent à ce soulèvement populaire. Ce qui vient d’avoir lieu mérite ce label, fût-ce en échappant aux critères européens en la matière.

L’on se méprendrait en refusant de reconnaître que c’est le peuple, et le peuple seul, qui a fait chuter Ben Ali. Exit donc les prédateurs qui s’agitent pour récupérer les fruits de ce soulèvement, les intellectuels et journalistes de la diaspora qui sévissent sur les plateaux de télévision étrangers dans le rôle de porte-voix d’une Tunisie au sujet de laquelle ils ne se sont jamais prononcés publiquement, les vrais faux opposants qui ont passé leur temps dans les cafés de Paris ou de Genève, alors que d’autres ont refusé de quitter le pays au péril de leur vie, les fortunes installées à Londres ou à Dubaï, qui n’ont jamais financé le moindre artiste tunisien, ni ne sont venus en aide aux Bouazizi crevant la faim.

L’on aurait tort, dans le camp des Européens, de vouloir prendre le train en marche afin d’apposer son empreinte sur cette révolution et de prétendre que les Occidentaux sont venus sauver les Tunisiens à la dernière minute. Enfin, les Tunisiens auraient tort de confondre la révolution avec la porte ouverte aux violences et aux exactions de toutes sortes. C’est dans ce registre que ce pays dit sage et doux devrait être à la hauteur de sa réputation et inventer la révolution moderne qui saurait se passer de sa traditionnelle postface lugubre, écrite de vengeance et d’amertume.

Pour finir, on a coutume de dire au Maghreb : « Le Marocain est un guerrier ; l’Algérien est un homme ; le Tunisien est une femme. » Je ne sais pas si l’on a tort ou raison d’user de cet adage, mais une chose est sûre : c’est le peuple arabe qui a octroyé le meilleur statut à ses femmes qui est aujourd’hui au premier rang des guerriers de la révolution. Dans ce cas, il convient de prévenir : le jour où quelque parti que ce soit s’aviserait de toucher aux acquis du code du statut personnel, la « révolution du jasmin » commencerait à dégager ses premiers relents de contre-révolution.

mercredi 2 février 2011

Commission Nationale Supérieure de la Reforme : Ces Enseignants de Droit qui ont retourné leur veste

Le 28 janvier dernier, Mr Yadh ACHOUR avait désigné le 28 janvier 2011 les Membre de la Commission Nationale Supérieures de la Reforme qui a été chargée à travers la nouvelle composition du Premier Ministre Ghannouchi du 27 janvier dernier, d’élaborer des projets de lois visant la modification de l’ensemble de la législation du Régime de Ben Ali et d’entreprendre l’élaboration d’un projet de Constitution tunisienne.
Depuis quelques semaines, Yadh ACHOUR avait affirmé qu’il écarterait de la composition de sa Commission les personnes qui ont soutenu Ben Ali à se présenter en 2014, ainsi que les personnes qui ont participé sous l’époque de Ben Ali à la modification de la Constitution tunisienne ou à la rédaction de certains textes législatifs.
Malheureusement M.Yadh ACHOUR n’a pas tenu du tout ses promesses puisque les Membres de sa Commission sur la Reforme qu’il vient de désigner, sont d’emblée des personnalités complices du Régime de BEN ALI, en majorité des Professeurs de Droit qui enseignent, soit à l’Université de Droit et des Sciences Politiques de Tunis, soit à la Faculté des Sciences Juridiques, Politiques et Sociales de Tunis.
On relève parmi les Enseignants de Droit Public qui enseignent à la Faculté des Sciences Juridiques, Politiques et Sociales de Tunis et qui font partie de la Commission de la Reforme ,les membres suivants :
  1. Mohamed Salah BEN AISSA, Professeur de Droit Public,
  2. Slim LAGHMANI, Professeur de Droit Public,
  3. Ghazi GHRAIRI, Professeur de Droit Public
  4. Hafidha CHAKIR, Maitre de Conférence de Droit Public,
  5. Mounir SNOUSSI, Maître de Conférence de Droit Public
Egalement, on relève les Enseignants de Droit Public qui enseignent à l’Université de Droit et de Sciences Politiques de Tunis et qui font également partie de la Commission de la Réforme , les Membres suivants :
  1. Farhat HORCHANI, Professeur de Droit Public,
  2. Moustapha ben LATAIEF, professeur de Droit Public,
  3. Mohamed Chafik SARSAR, Maître de Conférence de Droit Public,
A ces 8 Membres qui sont des Enseignants de Droit à Tunis, il convient d’ajouter :
  1. Mohamed Ridha JENAYEH, Professeur à la Faculté de Droit de SOUSSE,
  2. Asma Nouiri, Maître Assistante de Doit Public Faculté de Droit des Sciences juridiques de Jendouba
Egalement Sadok MARZOUK, un Avocat près la Cour de Cassation fait partie de ces Membres de la Commission de Reforme.
Deux autres Membres seront désignés par le Ministère de la Justice provenant du Conseil d’Etat et de l’Administration judiciaire.
En tout, la Commission Nationale Supérieure de Reforme Présidée par Yadh ACHOUR comprendrait 12 Membres dont un Membre est nommé Porte-Parole de la Commission, en l’occurrence Ghazi GRAIRI.
On remarque que la majorité des Membres proviennent de l’Université de Tunis.
Il n’est pas sans souligner, le rôle que ces Enseignants de Droit ont excercé sous le régime de Ben Ali dans la révision de la Constitution tunisienne en 2002. D’autre part, la relation qui existe entre ces Enseignants font qu’ils se connaissent très bien et sont politiquement engagés depuis 1987 jusqu’à la chute de Ben Ali dans la même ligne politique dans la défense du régime de BEN ALI !
Les Enseignants de Droit Public qui enseignent à la Faculté des Sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis ont été longtemps considérés par BEN ALI comme son élite intellectuelle, puisqu’ils ont été regroupés à enseigner dans l’Université du 7 novembre, que le Président BEN ALI avait en toute pièce créée le 13 novembre 1987, par la loi N° 83-87 et qui est devenue en 2000, l’université du 7 Novembre de Carthage mais qui a changé d’appellation le 22 janvier 2011 pour devenir l’université de Carthage.
En effet, c’est dans cette Université du 7 Novembre que les intellectuels de Ben Ali ont été introduits pour faire partie de ses enseignants dans l’optique de défendre son Régime lors des concours, des Commissions de recrutement, des colloques, des préparations de projets de lois (Presse, Partis politiques, révision constitutionnelle, Code électoral, etc…)
Ont fait partie de ces Enseignants de l’Université du 7 novembre, les enseignants suivants :
1-Yadh Ben Achour qui a assuré même la fonction de Doyen 1993-1999, et qui a été élevé sous le Régime de Ben Ali au grade de Commandeur de l’Ordre de la République en Juillet 1990. Sans oublier que Yadh Achour avait été désigné par Ben Ali comme Membre du Conseil Constitutionnel de Tunisie durant la période 1988-1992. Egalement, Yadh ACHOUR, a assuré en 1987-1988 sous le régime de BEN ALI la fonction de Membre du Conseil Economique et Social. Yadh ACHOUR est aussi Membre fondateur de l’Académie Internationale de Droit Constitutionnel (A.I.D.C.)de tunis, présidée par Abdelfattah AMOR, l’actuel Président de la Commission Nationale sur l’établissement des faits relatifs aux malversations et à la corruption. L’A.I.D.C. regroupe des Enseignants de Droit Public considérés comme l’élite intellectuelle de BEN ALI qui ont servi lors des révisions de la Constitution de 2002, lors des Colloques sur les Religions et le dialogue des civilisations. On trouve dans l’A.I.D.C. des enseignants étrangers comme Michel Prieur, Troper, F.Delpérée, etc…
Yadh ACHOUR a lui-même assuré l’enseignement dans l’A.I.D.C.
D’autres Membres de la Commission sur la Reforme proviennent de l’Université du 7 novembre à l’exemple de Slim LAGHMANI.
Cet enseignant Slim LAGMANI était étudiant et assistant de Droit et c’est Yadh ACHOUR qui en Juin 1990 était Président du Jury de la soutenance de sa thèse : “Le Discours Fondateur du Droit des Gens”.
La thèse de Slim LAGHMANI avait été récompensé par BEN ALI en lui attribuant le Prix de BEN ALI
Aujourd’hui, Yadh ACHOUR vient de recruter son étudiant Slim LAGHMANI pour faire partie des Membres de la Commission Nationale Supérieure sur la Réforme ! Depuis que Slim LAGMANI a obtenu son Doctorat de Droit en 1990 sous la Présidence de Yadh ACHOUR, Slim LAGHMANI a rejoint rapidement l’élite intellectuelle du 7 novembre. Slim LAGHMANI enseignait à l’Université du 7 Novembre et dès l’arrivée de BEN ALI, il était promu rapidement en l’espace de deux ans au grade de Professeur de Droit Public alors qu’il était un simple Assistant de longues dates à l’époque de Bourguiba… M. Slim LAGHMANI dirige le Laboratoire de Droit Communautaire et relations Maghreb-Europe, sans toutefois avoir la formation nécessaire en Droit Communautaire…Slim LAGHMANI faisait partie des Membres du Conseil Scientifique de l’Université de DROIT du 7 Novembre 1987, Conseil Scientifique qui regroupe 7 Membres dont Sana ACHOUR qui est la sœur de Yadh ACHOUR (toujours le chiffre 7 est présent)!.. De même, Slim Laghmani était promu sous le règne de BEN ALI a dirigé le département de Droit Public de 1996 à 2002 à la Faculté des Sciences juridiques, Politiques et sociales de Tunis. Slim LAGHMANI avait soutenu la candidature de BEN ALI lors des élections de 2004 et avait même plaidé pour la révision constitutionnelle de 2002 qui avait permis à BEN ALI de se présenter aux élections présidentielles sans limite de mandat tout en lui attribuant des immunités de juridiction lui permettant de fuir…
Egalement le frère de Yadh ACHOUR le nommé Rafaa ACHOUR enseignait dans cette Université de droit du 7 novembre où on retrouve qui avait permis à BEN ALI l’élite intellectuelle de BEN ALI. Il est à rappeler que le frère Rafaa ACHOUR avait fait partie du Gouvernement de BEN ALI en 2001-2002 en tant que Secrétaire d’Etat àauprès del’Education Nationale…Dès l’arrivée de BEN ALI, Rafaa ACHOUR avait été promu pour occuper la fonction de Président de l’Université des Sciences, des Techniques de Médecine de Tunis de 1997 à 2000. Il a été Secrétaire Général de l’Académie Internationale de Droit Constitutionnel de 1988 à 1998, Académie qu’il préside actuellement longtemps considérée comme étant le nid des idéologues de BEN ALI…
D’autres enseignants de Droit font partie de la Commission sur la Réforme tel que Farhat HORCHANI qui a l’époque de BEN ALI a connu toutes les promotions. Farhat HORCHANI enseigne à l’Université de Droit et des Sciences politiques de Tunis. Il est Membre du Conseil scientifique de l’Académie de Droit Constitutionnel de Tunis, où se trouve les idéologues de BEN ALI. Il a été Directeur du Département de Sciences Politiques 1999-2005, et Vice-Doyen de la Faculté de Droit et des Sciences politiques 1993-1996…De même, Farhat HORCHANI est le Président de l’Association Tunisienne de Droit Constitutionnel dont les Membres ont joué un grand rôle dans la révision de la Constitution tunisienne en 2002, Association qui organisait sous le règne de BEN ALI des Colloques défendant la politique de BEN ALI. Farhat HORCHANI malgré son appartenance au régime de BEN ALI penche vers le parti « ETTAJDID » ancien parti Communiste qui en 2007 a été réformé pour accueillir les intellectuels de BEN ALI qui veulent passer pour des opposants de gauche défendant les Droits de l’Homme. Aujourd’hui, le patron du parti ETTAJDID Mr. Ahmed BRAHIMI est désigné sous l’actuel Gouvernement de GHANNOUCHI comme le Ministre de l’Enseignement Supérieur de quoi réjouir ces Professeurs de Droit Public qui ont été désignés par Yadh ACHOUR les membres de la Commission Nationale Supérieure de la REFORME ! Ces hautes fonctions ont été exercées par HORCHANI sous le régime de BEN ALI avec l’approbation de BEN ALI car ces fonctions ne peuvent jamais être attribuées à des personnes n’ayant pas une appartenance fidèle pour la défense de BEN ALI et de son régime !
Bref, aujourd’hui après la chute de BEN ALI, ces Enseignants de Droit ont retourné leur veste et passent pour des révolutionnaires du 14 janvier 2011 et en étant Membres de la Commission Nationale de la Réforme, ils veulent encore dessiner l’avenir du Peuple Tunisien comme ils l’ont fait dans le passé sous le règne de BEN ALI.
Le pire, c’est qu’aujourd’hui ces Enseignants de Droit Public affirment avoir souffert de la dictature de Ben Ali et s’en prendre aux intellectuels de BEN ALI alors qu’en réalité Farhat HORCHANI, Rafaa Achour, son frère Yadh Achour, sa sœur Sana ACHOUR, ainsi que Slim LAGHMANI étaient bel et bien des intellectuels du Président BEN ALI, Président qui leur a octroyés tous les honneurs et toutes les promotions pour faire partie de son élite intellectuelle défendant son régime, mais hélas, les voilà ils n’hésitent pas aujourd’hui à refaire le caméléon….
La question qui se pose est comment garantir l’indépendance de la Commission Nationale Supérieur de la Réforme qui veut engager l’avenir de la Tunisie alors que le Peuple Tunisien est grandement avide de changement du passé vers une totale Démocratie et de Liberté pour son future…
Mounir Ben AICHA – Le 01 février 2011

mardi 1 février 2011

Tunisie: le gouvernement de transition se penche sur la situation sécuritaire

L'après-«révolution» | Le gouvernement tunisien de transition s' est réuni mardi avec au programme la situation sécuritaire dans le pays. L'ONU a annoncé un bilan de 219 morts et 510 blessés durant les troubles qui ont fait tomber le régime Ben Ali.
 
KEYSTONE
© KEYSTONE | L’ONU a annoncé un bilan de 219 morts et 510 blessés durant les troubles qui ont fait tomber le régime Ben Ali.
 
Le gouvernement tunisien de transition se réunissait mardi avec au programme la situation sécuritaire dans le pays où les incidents se multiplient, alors que l’ONU a annoncé un bilan de 219 morts et 510 blessés durant les troubles qui ont fait tomber le régime Ben Ali.
Deux cents dix-neuf personnes sont mortes, dont 72 dans les prisons, et 510 ont été blessées durant ces cinq semaines de violences, a indiqué à Tunis Bacre Ndiaye, le chef d’une mission du Haut Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU à l’issue de cinq jours de visite de terrain.
"Selon les derniers chiffres retenus, il y a eu 147 personnes tuées et 510 blessées. Ces chiffres n’englobent pas les victimes dans les prisons", a-t-il déclaré, précisant que ces données étaient "provisoires".

Dans le même temps, le gouvernement de transition se réunissait pour la première fois depuis son remaniement dans la douleur le 27 janvier.
Loin de faire l'unanimité
Très contesté dans la rue pendant cinq jours par des manifestants qui campaient sous ses fenêtres malgré le couvre-feu, le premier ministre Mohammed Ghannouchi avait survécu et formé une équipe expurgée des caciques du régime du président Ben Ali, en fuite à l’étranger depuis le 14 janvier.
Selon une source gouvernementale qui a requis l’anonymat, ce conseil devait se centrer sur la question de la sécurité dans le pays, où plusieurs incidents ont été rapportés ces jours derniers.
Les plus inquiétants se sont déroulés lundi à Kasserine, principale ville du centre où la sous-préfecture a été pillée et saccagée par des centaines de jeunes.

Selon des sources syndicales sur place, la sous-préfecture, un lycée, un local associatif et un cabinet de médecin ont été attaqués sans que les forces de l’ordre n’interviennent.
Mardi, la situation restait tendue. Deux syndicalistes, Sadok Mahmoudi et Bechir Harakati, ont indiqué que la police était totalement absente, tandis que l’armée a dispersé dans la matinée un groupe d’un millier de jeunes dans le centre-ville.

Inquiétude de la communauté juive
Sur le littoral sud du pays, c’est dans la communauté juive que l’émoi grandissait.
Lundi soir, la synagogue d’El Hamma, près de Gabès (sud-ouest) a été incendiée par des inconnus, ont indiqué plusieurs responsables de la communauté juive qui ont demandé une protection accrue aux autorités.

"Des gens ont incendié la synagogue lundi soir et les rouleaux de la Torah ont été brûlés", a indiqué Trabelsi Perez, le chef de la communauté juive de l’île de Djerba, qui abrite l’essentiel des quelque 1600 juifs vivant encore en Tunisie.

On a par ailleurs appris mardi de source syndicale qu’un jeune chômeur avait tenté samedi de s’immoler par le feu près de Gafsa (sud) pour dénoncer sa "situation sociale déplorable". Aymen Ben Belgacem, 21 ans, a été hospitalisé dans un état critique à Tunis.

Dans la capitale, le ministre de l’Intérieur Farhat Rajhi devait faire un point sur la sécurité, selon la même source gouvernementale, qui a estimé peu probable une levée du couvre-feu en vigueur depuis le 13 janvier car "la situation n’est pas encore stabilisée".

La gouvernement doit aussi faire face à une grogne de fonctionnaires de plusieurs ministères et aux revendications des policiers, un peu partout dans le pays.
Des policiers ont débrayé lundi à Kairouan (centre), Bizerte (nord) et Sousse (centre-ouest) pour revendiquer un syndicat et de meilleures conditions de travail.
Toutefois, selon une source policière, les policiers devaient reprendre le travail mardi après avoir reçu l’assurance d’une augmentation générale de 140 dinars (environ 73 euros).

Un avion privé appartenant à la famille de Ben Ali a par ailleurs été saisi par la justice française mardi matin à l’aéroport du Bourget près de Paris, ont indiqué des sources proches du dossier.

Alliot-Marie épinglée pour des largesses d'un riche Tunisien

PARIS — La chef de la diplomatie française, Michèle Alliot-Marie, a eu recours fin 2010 en Tunisie au jet privé d'un homme d'affaires tunisien, présenté par l'hebdomadaire Le Canard Enchaîné comme membre "du clan Ben Ali", ce qu'a démenti mardi le cabinet de la ministre.
Dans son édition à paraître mercredi, l'hebdomadaire révèle que la ministre a utilisé entre Noël et le Jour de l'An cet avion pour relier Tunis à la ville de Tabarka, avec son conjoint Patrick Ollier, ministre chargé des Relations avec le Parlement, et des membres de leur famille.
La révolte tunisienne avait commencé quelque deux semaines auparavant, après l'immolation par le feu d'un jeune Tunisien, le 17 décembre à Sidi Bouzid, dans le centre du pays.
Michèle Alliot-Marie est vivement critiquée en France depuis le 11 janvier pour avoir sous-estimé la Révolution du jasmin et avoir proposé devant l'Assemblée nationale une coopération sécuritaire au régime Ben Ali.

L'avion privé ainsi que l'hôtel de destination de Michèle Alliot-Marie appartiennent à Aziz Miled, ami de longue date de la ministre et présenté par Le Canard Enchaîné comme proche de Belhassen Trabelsi, beau-frère de l'ex-président Zine el Abidine Ben Ali.
"Il est vrai que Michèle Alliot-Marie, après avoir pris un vol commercial de Paris à Tunis, a ensuite pris un avion privé pour Tabarka", a indiqué à l'AFP son cabinet. "C'était à l'invitation de Aziz Miled, un ami depuis plusieurs années, qui est le propriétaire d'une compagnie aérienne appelée Nouvelair. Aziz Miled était dans l'avion et les a emmenés, avec ses parents et son conjoint", a-t-on précisé de même source.

"Mais Aziz Miled n'est pas un membre du clan Ben Ali", a souligné le cabinet de la ministre. "Il s'est fait prendre par un membre de la famille Trabelsi 20% de ses parts dans la compagnie aérienne ainsi que la présidence de cette société", a-t-on assuré de même source. La famille Trabelsi est celle de la femme de l'ex-président.

"M. Miled est d'autant moins un proche de Ben Ali que les nouvelles autorités tunisiennes, après le départ de ce dernier et de sa famille, lui ont restitué l'ensemble de ses parts ainsi que la présidence de Nouvelair", a fait valoir le cabinet de la ministre. "En aucun cas, il ne s'agissait d'une faveur du clan Ben Ali", a-t-on insisté de même source.

Dimanche, dans un entretien au Parisien, Michèle Alliot-Marie avait reconnu avoir été en vacances fin 2010 en Tunisie. "Comme des millions de Français, je vais en Tunisie. Voilà tout", avait-elle expliqué.
Elle avait ajouté n'avoir pas songé à démissionner après ses propos controversés sur l'aide policière que la France aurait pu apporter à la Tunisie, précisant avoir "appris à avoir le cuir épais" face aux polémiques.

La semaine dernière, Ségolène Royal, ex-candidate socialiste à la présidentielle de 2007, avait jugé "odieux" le propos de la ministre devant les députés et estimé qu'avoir "des liens très personnels avec la Tunisie" rendait "aveugle".
Le Canard Enchaîné indique aussi avoir cherché en vain à savoir qui avait réglé la facture de l'hôtel de Tabarka où ont séjourné la ministre et sa famille. "Elle a été réglée par Mme Alliot-Marie et sa famille", a assuré l'entourage de la ministre sans plus de précisions.

lundi 31 janvier 2011

Le beau-frère du dictateur tunisien demande le statut de réfugié


OTTAWA – Comme on le soupçonnait, un membre de la famille du dictateur tunisien déchu a bel et bien demandé le statut de réfugié au Canada, tel que confirmé dimanche par le gouvernement. L’homme n’est toutefois pas le bienvenu au pays, a précisé le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon. Belhassen Trabelsi, le beau-frère du dictateur Zine al-Abidine Ben Ali, est à Montréal depuis un peu plus d’une semaine en compagnie de sa femme, de ses enfants et de leur nourrice.
M. Trabelsi détenait le statut de résident permanent au Canada, statut qui lui fut révoqué parce qu’il ne répondait pas aux exigences.
Le gouvernement ne peut toutefois rien faire maintenant qu’il a demandé le statut de réfugié. Toute personne qui fait une telle demande au Canada obtient une audience et a droit à une évaluation du risque que poserait sa déportation éventuelle. Le processus peut prendre jusqu’à sept ans.
«Cet individu n’est pas le bienvenu ici», a répété M. Cannon.
«Mais nous gouvernons un pays qui a une législation en place. La loi est prioritaire. L’individu se fait offrir une protection en vertu de ces lois et peut donc se prévaloir des outils mis à sa disposition.»
Mais pour le critique du NPD en Affaires étrangères, Paul Dewar, il y a une distinction entre s’enfuir en bateau du Sri Lanka et fuir les palais de Tunis, capitale de la Tunisie.
«Nous devons nous efforcer de resserrer les règles à ce sujet», a-t-il dit.

dimanche 30 janvier 2011

"La Tunisie de Ganou-Chichi" par Taoufik Ben Brik

Le journaliste écrivain Taoufik Ben Brik estime que le nouveau gouvernement de transition tunisien, dans lequel Mohammed Ghannouchi a été reconduit, n'est qu'un trompe l'oeil.

Balivernes ! Ils veulent me faire avaler leurs couleuvres. Ils ne savent même pas quoi me dire pour me convaincre que leur choix est le bon. Ils me disent que "a politique est l'art du possible", et que "la Révolution relève de l'impossible".

Ils sont heureux. Heureux d'avoir été approché par le cabinet de recrutement de la nouvelle fournée de renégats. Heureux d'avoir une connaissance dans un ministère ou dans un comité ad-hoc. "Oh, tu sais, Néjib Chebbi, c'est un copain d'enfance", "Toufik Bouderbala, c'est la crème des hommes. Il est ceci, il est cela", "Iyadh Ben Achour ne se laissera pas faire, hein... C'est un fils d'ulémas. Je connais sa sœur Sana qui connait la femme du voisin de mon cousin Fritchou". Je ne sais pas si c'est Khémais Chammari ou Khédija Cherif qui vendait leurs starlettes. Dans tous les cas, j'ai vu William Bourdon, l'avocat aux anges. Il tient son scoop pour Sharpa. Ben Ali Baba fait gaffe, à ton sésame, les sept salopards s'en vont en guerre.

D'accord pour les renégats. Mais Ghanou-chichi, ça rime avec pipi. Vous n'allez pas m'obliger de partager son baldaquin. Ca sent le Ben Avi et la belle Lili. L'horreur ! Mokhtar Trifi et Bochra Bel Hadj Hmidi font du tapin à la télé avec les Trabelsi, Sihem BenSedrine et autres alliés des beldis nous déterrent leurs zombis. Feu Mestiri et Filali. Pourquoi pas Zmerli, Charfi et Djazi ?

Je n'ai rien contre le " i ". Mais Chichi et autres papys s'en foutent comme de l'an quarante que la manifestation d'aujourd'hui (29 janvier) a été dispersée par la milice du RCD, armée de gourdin, de chaînes et de coutelas. Les uns font leurs meetings, râpent et zappent la révolution. Les autres se dispersent aux quatre vents pour semer le doute et l'involution. Les Bouzidis dégagent !

Je lui apprends que les services spéciaux sont à mes trousses, que la page facebook de ma femme et celle de mon entourage sont piratées, que je suis sur écoute, que l'armée ne me protège pas, ne protège pas les gueux, mes cousins et mes voisins, elle me complimente (elle, c'est Om Zied) : "Très bien Taoufik...mais il faut que tu protestes auprès des autorités. Appelle Mokhtar". (Mokhtar Jellali, le tout nouveau ministre de l'agriculture est le mari d'Om Zied)

- Je ne t'appelle pas chère amie pour que tu interviennes auprès de ton cher ministre de mari, mais pour te dire, que rien n'a changé. Sous Chichi ou zebbi, c'est la même merde. Je n'ai pas à choisir entre deux merdes. laissez-moi dans ma merde. Je vous emmerde. Et, sans emmerdes, je m'emmerde.

vendredi 28 janvier 2011

Révolution sans frontiére

Tout es partie de Sidi Bouzid, Tunisie, ce n'est qu'un début, Monde Arabe unissez vous! Révoltez vous! Soutenons nous les uns les autres, prenons notre destins en main, ne nous ne laissons plus être dominé. Tunisiens, Egyptiens, Yémenites, Syriens, Jordaniens, Algériens e tout les autres allons y!!!!

Al-Qaïda salue la révolte tunisienne, met en garde contre la France, les USA

DUBAI — Al-Qaïda au Maghreb islamique a salué la révolte en Tunisie et mis en garde ses habitants contre, selon le groupe, la tentative de Paris et Washington de remplacer le président déchu Ben Ali par un de leurs "agents", indique vendredi un centre de surveillance des sites islamistes.
"Votre révolution (...), c'était un tremblement de terre qui a frappé le trône du tyran Ben Ali (...) Le criminel s'est enfui de manière très humiliante", estime dans un communiqué Aqmi, selon le centre américain de surveillance de sites islamistes (SITE).
Les Etats-Unis "et la France, avec les infidèles d'Occident, ne vont accepter aucun changement qui ne serve leurs intérêts en Tunisie. Ils sont en ce moment occupés à trouver un autre agent qui soit acceptable pour eux", poursuit le communiqué publié jeudi sur des forums jihadistes.
Aqmi reproche particulièrement à la France d'avoir "soutenu le tyran Ben Ali jusqu'au dernier moment" et de lui avoir "offert son expertise sur le terrain de l'oppression".
La France et les Etats-Unis "joueront le même sale rôle en Tunisie dans le futur, à moins que les attaques des moujahidine (...) ne les arrêtent", dit le communiqué.
Trois jours avant la fuite de Ben Ali sous la pression de la rue, la ministre française des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie avait proposé "le savoir-faire" français à la police tunisienne pour "régler les situations sécuritaires".
Le gouvernement français a été sévèrement critiqué pour avoir tardé à condamner la répression des manifestations et à soutenir la révolution du jasmin. Ce n'est qu'au lendemain de la chute de Ben Ali que Paris avait explicitement appuyé ce soulèvement.
Aqmi s'en prend également à l'Arabie saoudite qui a donné l'asile à l'ancien président.
"Celui qui lui a donné refuge (...) est celui qui affirme être le gardien des deux mosquées saintes", dit Aqmi en référence au roi Abdallah.
"S'il avait dans son coeur une once de passion pour (l'islam) (...) il n'aurait pas accepté d'héberger sur cette terre pure un criminel".
Ryad a assuré dimanche avoir voulu contribuer à arrêter "l'effusion de sang" en Tunisie en acceptant de donner asile à Ben Ali, le 14 janvier.
Copyright © 2011 AFP. Tous droits réservés.

Humat Al-Hima

حماة الحمى يا حماة الحمى هلموا هلموا لمجد الزمــن
لقد صرخت في عروقنا الدما
نموت نموت و يحيا الوطن

لتدو السماوات برعدها
لترم الصواعق نيرانها
إلى عز تونس إلى مجدها
رجال البلاد و شبانها
فلا عاش في تونس من خانها
ولا عاش من ليس من جندها
نموت و نحيا على عهدها
حياة الكرام و موت العظام

ورثنا السواعد بين الأمم
صخورا صخورا كهذا البناء
سواعد يهتز فوقها العلم
نباهي به و يباهي بنا
و فيها كفا للعلى والهمم
و فيها ضمان لنيل المنى
و فيها لأعداء تونس نقم
و فيها لمن سالمونا السلام

إذا الشعب يوما أراد الحياة
فلا بدّ أن يستجيب القدر
ولا بد لليل أن ينجلي
ولا بد للقيد أن ينكســر

Humât al-himâ yâ humât al-himâ
Halummû halummû li-majdi-z-zaman
Laqad sarakhat fi 'urûqina-d-dimâ
Namûtu namûtu wa yahya-l-watan

Litadwi-s-samâwâtu bira'dihâ
Litarmi-s-sawâ'iqu nîrânahâ
Ilâ 'izzi Tûnis ilâ majdihâ
Rijâla-l-bilâdi wa chubbânahâ
Falâ 'âcha fî Tûnis man khânahâ
Wa lâ 'âcha man laysa min jundihâ
Namûtu wa nahyâ 'alâ 'ahdihâ
Hayâta-l-kirâmi wa mawta-l-'idhâm
Refrain
Warithnâ-s-sawâ'ida bayn al-'umam
Sukhûran sukhûran kahâdha-l-binâ
Sawâ'idu yahtazzou fawqaha-l-'alam
Nubâhî bihî wa yubâhî binâ
Wa fîhâ kafâ li-l-'ulâ wa-l-himam
Wa fîhâ dhamânun linayl-il-munâ
Wa fîhâ li'a'dâ'i Tûnis niqam
Wa fîhâ liman sâlamûna-s-salâm
Refrain
Idha-ch-cha'bu yawman 'arâd al-hayâ
Falâ budda 'an yastajîb al-qadar
Walâ budda li-l-layli an yanjalî
Wa lâ budda li-l-qaydi an yankasir
Refrain
Ô Défenseurs de la Nation !
Donnons ses lettres de gloire à notre temps !
Dans nos veines, le sang a tonné :
« Mourrons, Mourrons pour que vive la Patrie ! »

Que le tonnerre résonne dans les cieux
Et que les éclairs libèrent leurs flammes !
Pour la gloire et la grandeur de la Tunisie !
Les hommes et les jeunes du Pays !
Que ne vive point en Tunisie quiconque la trahit.
Que ne vive point en Tunisie qui ne sert pas dans ses rangs !
Nous vivons et mourrons pour l’engagement
La vie des Augustes ou la mort des Grands !
Parmi les pays,
Nous avons hérité de la vaillance de nos bras :
Des rocs aussi durs que cette construction !
Des membres qui tiennent l’étendard de la nation !
Le drapeau est notre fierté et nous sommes la sienne.
Nos bras nous propulseront au faîte de l’ardeur et de la grandeur
Et seront les garants qui exauceront nos vœux !
Ils se vengeront des ennemis de la Tunisie
Et étreindront ceux qui nous voulaient la paix.
Lorsqu’un jour, le peuple aspire à vivre
Le destin se doit de répondre !
Les ténèbres se dissiperont !
Et les chaînes se briseront !

BELHASSEN TRABELSI

BELHASSEN TRABELSI SE TROUVE AU 94 RUE ST THERESE MONREAL H2Y 3V5
VERIFIER SUR GOOGLE MAP.. LES MEDIAS VONT ETRES PRESENTS FAITES CIRCULER

je demande à toutes les personnes disponible de ce rendre à cette adresse et de faire passé le message!! Faite du bruit, faite vous entendre, fait lui peur!!!

jeudi 27 janvier 2011

[A LIRE] Leçon de stratégie élémentaire

« Ils fomentaient assez la division et les querelles pour que les habitants en fussent tellement occupés qu'ils ne songeassent point à sortir de l'obéissance. »
                                                                   Machiavel


 Aujourd’hui en Tunisie les choses vont vite, très vite. Pour dire les choses le plus simplement du monde, tout se passe tellement vite que l’on ne sait plus où donner de la tête. Et pourtant… pourtant rien ne change. Non, rien. Cela peut ressembler à un paradoxe, mais il ne s’agit que du résultat d’un ensemble de manœuvres politiques élémentaires. Le B-A-BA que tout politicien se doit de connaître pour survivre dans son milieu.
Ces manœuvres, pour basiques qu’elles sont, fonctionnent pour une raison toute simple ; ceux qui en sont les victimes n’ont jamais appris ces techniques et, par conséquent, ils ne peuvent les voir pour ce qu’elles sont. De la même façon qu’un amateur de peinture appréciera une toile sans pouvoir mettre des mots dessus, alors qu’un connaisseur, lui, pourra analyser et comprendre la même toile.

Il s’agit là de mettre à disposition de tous un savoir, une connaissance, qui permettra à chacun de mieux comprendre les manœuvres dont il fait les frais à longueur de journée depuis près de deux longues semaines. L’objectif ici est de proposer à tous de s’attarder un peu sur la manière dont les évènements se déroulent, d’observer ainsi leur enchaînement apparemment chaotique, puis de comprendre le schéma général que tout cela dessine.

Vous ne trouverez là nulle exhortation à l’action, simplement un appel à l’usage raisonné de vos facultés de jugements. La suite, ce sera à vous de la décider, de la dessiner. Trouvez ici l’usage d’outils que l’homme a forgé il y a longtemps en vu de préserver la liberté, mais qui vous ont été retiré par ceux-là qui ne souhaitent pas vous voir les utiliser contre eux ; rappelez vous, l’heure venue, que eux ils n’hésitent pas à les utiliser contre vous.

Il faut partir avant tout du seul constat qui s’impose. Le dimanche 16 janvier au soir, le peuple était plus qu’uni, il ne faisait qu’un, il n’y avait plus en Tunisie ni de clivages sociaux, ni de clivages économiques. Les questions pour tous les tunisiens avaient été réduites à la dernière entre toute, l’ultime, celle de la mort. Face à la mort, nous sommes tous égaux. Et c’est bien ce qui a uni les tunisiens ce dimanche 16 janvier. L’argent ne compte plus face à cette question. Et la manière dont tous les tunisiens avaient eu à faire face à leur mort, ensemble, individuellement et collectivement, les avaient rendu en ce dimanche soir presque invincible. En un autre temps, avec un Hannibal à leur tête, ils auraient pu s’en aller conquérir le monde ce soir là ; nous le savons, tous, au fond de nous. Nous savons quelle force était en nous, quelle foi, quelle fraternité. Nous aurions pu, alors, renverser toutes les tyrannies avec pour seules armes notre courage notre foi et notre unité.

 Aujourd’hui… aujourd’hui jeudi 26 janvier… ce jour qui trouve un écho sinistre dans notre histoire… aujourd’hui les tunisiens sont partagés, divisés, morcelés ; chacun pense contre l’autre, et cela au sein même d’une famille. Tous ont leurs avis, qu’ils veulent le bon, l’unique, le meilleur. Chacun nie à l’autre la possibilité d’avoir raison ; aucun ne cherche la vérité, mais tous cherchent à imposer leurs avis.

Comment en une semaine avons-nous pu redevenir à ce point imbéciles, petits,  méprisables ? Et bien la réponse est très simple. Il a suffit d’une bonne connaissance de la nature humaine et de quelques leviers employés à bon escient. Mais voilà l’explication :

La stratégie de la division commence au soir du vendredi 14 janvier, alors que le tyran s’en va. À ce moment là une force armée se met à terroriser le peuple. Le but politique de cette intervention était évident, il s’agissait de rappeler une population au calme et à la discipline par la peur. Mais c’était sans compter la vigueur de notre peuple, alors raffermit par sa récente victoire. Les tunisiens se sont alors organisés en comité de surveillance et de protection par quartiers, par cités, innervant alors le pays d’un réseaux de résistance tel qu’on ne l’a vu dans l’histoire du monde qu’en de très rares occasions.

 Ceux qui avaient lancés leur force armée à l’encontre du peuple pour le terroriser ont donc du opérer un revirement stratégique en quatre étapes.

La première et la seconde étape se sont déroulées dans le même temps, à savoir du vendredi au lundi. La troisième étape s’est déroulée du 17 janvier au 23 janvier, la dernière est en cours.


La première étape :

Alors que cette force armée[1] a reçu l’ordre de massacrer les populations des quartiers et des zones régionales les plus défavorisées, elle devait préserver de la mort les zones de la Tunisie bourgeoises et aisées, dans ces zones-là, il fallait simplement instaurer un climat de peur et d’insécurité.

Par ailleurs et grâce à cela, l’État d’urgence a pu être maintenu ainsi que son corollaire, le couvre-feu, qui amène l’ensemble des tunisiens à s’isoler en famille dès la fin de l’après-midi.


La seconde étape :

Donner l’impression d’avoir constitué un gouvernement d’union nationale autours de membres de l’opposition légale et de l’UGTT.

Les membres de la véritable opposition, qui n’ont jamais été touchés de près ou de loin par les souillures de la tyrannie, ont été soigneusement tenus à l’écart de tout rapprochement. Ainsi, dans ce gouvernement « d’union nationale » n’apparaissaient que les personnalités politiques tunisiennes qui étaient, d’une part, déjà complices depuis longtemps de la tyrannie[2], et d’autre part, ils étaient les seuls « opposants » à être jamais apparu sur la scène publique tunisienne.

La véritable opposition étant interdite, censurée, effacée soigneusement du champ de vision de la Tunisie et des tunisiens, il était facile alors de prétendre que les possibilités de constituer un autre gouvernement était impossible, puisque effectivement, pour tout ceux qui ne s’étaient jamais intéresser à la politique[3] la scène politique se résumait à ce spectacle bouffon offert par le premier gouvernement d’union nationale[4].


La troisième étape :

L’UGTT accompagnée de certains membres de l’opposition légale se retirent avec bruit et fracas de ce gouvernement[5].

Fort de ce coup d’éclat, ces structures[6] se refont une virginité auprès du peuple tunisien mécontent ; ces structures appellent à la contestation du nouveau gouvernement et à la grève générale. C’est alors que la population commence à se diviser.

D’un côté il y a ceux qui ne veulent pas se compromettre avec des structures honnies et corrompues et qui voient dans ces appels à la grève une manipulation politique au premier degré[7].

De l’autre côté il y a ceux qui, appel à la grève ou pas, avaient prévu d’aller manifester et de demander la destitution de ce gouvernement illégitime et le remplacement des ministres de la tyrannie par des véritables figures de l’opposition qui possèdent l’expérience et les compétences pour mener la mission d’un gouvernement de transition à bien.

Cette division a été entretenue toute la semaine par un usage particulièrement intelligent des réseaux sociaux de la part du pouvoir[8], ainsi que par un usage toujours aussi maitrisé des médias traditionnels que l’on avait prétendument libéré de toute contrainte et de toute propagande.

Enfin, après l’annonce de la réouverture des écoles et lycée et l’appel au retour dans les universités des enseignants du secondaire, un appel à la grève estampillée UGTT a circulé le vendredi 21 janvier. Ce qui n’a fait qu’attiser les passions et les haines le week-end durant. Le dimanche au soir, la rumeur était démentie par l’UGTT. Laissant les mécontents[9] seuls face à ceux qui étaient, au début, contre le mouvement à cause de l’UGTT.


La quatrième étape

Cette étape a commencé le 24 janvier avec l’arrivée de « la caravane de la dignité ». Le pouvoir a, à nouveau, assuré son pouvoir sur les médias, et il use de toute sa maîtrise de la propagande pour montrer les manifestants comme représentant une minorité, un point de vue minoritaire. La séparation est presque achevée puisque le 25 était prévu une contre manifestation pro-gouvernementale.


But

Chaque étape était une manœuvre d’un plan général qui est presque achevé.


La séparation des pauvres et des riches

La première étape consistait à casser l’union qui s’était faite par la destruction des clivages économiques et sociaux. La mort touchant les pauvres, ceux-là ne pouvaient que se radicaliser, alors qu’au contraire, préserver les bourgeois permettait de leur faire réaliser que cela aurait pu être pire, et, du coup, leur faire désirer la paix sociale.  


La séparation intérieure du peuple

Le couvre-feu entrainait, quant à lui, un repli de la population par classe sociale et par famille, il empêche l’expérience de la chose commune de se faire à nouveau. Le maintenir entrainait aussi une plus grande perméabilité des populations à la propagande des médias et de l’internet. Une population enfermée est vulnérable et à l’écoute de tous ce qui se passe, cela devient beaucoup plus facile de lui faire avaler toutes les couleuvres que l’on veut.


La séparation des politisés et des dépolitisés

La deuxième étape permettait de diviser ceux qui avaient une culture politique et ceux qui en ont été privé. D’un côté, il y avait l’affirmation qu’autre chose était possible et de l’autre la conviction que rien d’autre que le chaos n’existait.


La séparation des révoltés d’avec eux-mêmes

La troisième étape avait pour but de décrédibiliser l’ensemble des personnes qui refusaient le gouvernement et souhaitaient sa destitution. Ayant décrédibilisé l’ensemble des personnes qui soutenaient cette position politique, la position elle-même est devenu trop facilement attaquable, parce que défendu par des indéfendables. Cette stratégie est vieille comme le monde. Le fait que l’UGTT ait lâché au dernier moment dimanche soir, montre bien que dès le départ il y avait une alliance entre le gouvernement et l’UGTT. Le départ de la centrale syndicale n’ayant été qu’une mise en scène destinée à atteindre l’objectif qui vient d’être décris.


DIVIDE ET IMPERA

La quatrième étape a pour but d’achever cette séparation. Il s’agit maintenant pour chacun d’entre nous de bien comprendre que nous sommes tous, sans exception, au centre d’un maillage social, économique et intellectuel. Et ce maillage est ce qui fait que telle ou telle tactique du pouvoir a plus ou moins bien fonctionnée sur tel ou tel individu. Il nous faut absolument faire comprendre ce qui s’est passé au plus grand nombre, c’est pourquoi je vous enjoins à traduire ce texte en arabe si vous le pouvez, le diffusez le plus possible, parler de cela, expliquer. Ils ont très bien calculé leur coup et ils sont près de gagner. Ils ont appliqué l’une des plus vieilles et des plus efficaces leçons de l’Art Politique : DIVISER POUR MIEUX RÉGNER.


Tunis le 26/01/2011


Shiran Ben Abderrazak
 (Source : http://goo.gl/ZvFYe)

[1] À propos de laquelle courent encore les plus folles rumeurs.


[2] La légitimant et recevant de l’argent et d’autres avantages en échange de la soumission politique.


[3] Et ils étaient nombreux, rappelons que nul ne le pouvait par des moyens légaux de toute façon.


[4] Et que cette union fut l’union nationale des menteurs, corrompus et associés, nul ne pensera à le remettre en question. Par ailleurs cette mécanique explique le triste accueille qu’a subis M Marzouki, accueil qu’il ne méritait certainement pas, mais qui est du à un manque de clairvoyance et d’analyse politique assez frappant. Il lui faudra méditer longuement sur ce qu’Ibn Khaldoun écrivait il y a bien longtemps à propos de ces prophètes malheureux qui ne comptaient que sur le prêche de la vérité (Dawa), ne s’appuyant sur aucun soutient populaire (Assabyya).


[5] Cela laisse ce gouvernement dorénavant tout entier aux mains des ministres que le tyran avait placés, tous membres du parti unique RCD.


[6] Ces structures sont complètements corrompues, impliquées dans les malversations financières du pouvoir, les détournements de fonds publics, et, surtout, elles sont décrédibilisées par vingt ans de collaborations et de bons et loyaux services rendus à la tyrannie


[7] C’est à dire que l’UGTT chercherait à gagner un pouvoir politique et à rendre à ses dirigeants une innocence politique.


[8] L’habile diffusion de rumeurs sur les deux factions, le jeu sur les passions et les attachements culturels des uns et des autres a fait de cette division une véritable « affaire publique ».


[9] Ceux là, rappelons-le, n’avaient pas besoin de l’UGTT pour manifester et faire la grève.

Casse-tête en Tunisie: qui va juger les crimes de Ben Ali et sa famille ?

Beaucoup de Tunisiens veulent voir Zine el-Abidine Ben Ali, sa famille, et ceux qui ont profité de son régime, traduits devant les tribunaux. Pour les crimes qu’ils ont commis, et pour l’argent volé au pays. Parmi les manifestants réunis ce jeudi sur la place de la Kasbah de Tunis, lieu de mobilisation contre l’actuel gouvernement, certains réclamaient que l’ancien président soit jugé pour « crimes contre l’humanité ». « C’est un meurtrier, un meurtrier !», crie une femme.
Le gouvernement tunisien a demandé à Interpol l’arrestation de Ben Ali, qui est réfugié en Arabie Saoudite, afin qu’il soit jugé à Tunis. Une « mission corruption » créée par les actuels dirigeants sous la pression de la société civile, doit enquêter par ailleurs sur l’argent détourné par les Ben Ali et leur affidés.Mais, pour les avocats, sa composition fait peser des doutes sur son impartialité. Ils n’ont pas été invités à y participer, pas plus que les magistrats.
«La mission se compose d’experts-comptables et d’universitaires qui ne se sont pas distingués par leur indépendance vis-à-vis du régime Ben Ali », note un avocat.

« Il y a 1800 magistrats en Tunisie. Est-ce qu’on va confier nos droits à ces gens-là? Je dis non »

En admettant même que les scandales de l’ère Ben Ali arrivent devant les tribunaux, comment espérer qu’une magistrature, totalement aux ordres de l’ancien pouvoir, puisse instruire ces dossiers et les juger en toute impartialité? En visite en Tunisie, pour soutenir la révolution, l’ancienne magistrate Eva Joly, députée verte européenne et possible candidate à l’élection présidentielle de 2012, a rencontré des avocats, et tenté d’apporter quelques réponses. La discussion a été plus technique que politique et a illustré les difficultés auxquelles sont confrontés les Tunisiens.
A terme, il faudra ainsi réformer la justice et notamment le Conseil supérieur de la magistrature aujourd’hui présidé par le Président de la République et dont le vice-président est le ministre de la Justice. Pour l’heure, les juges tunisiens ne bénéficient pas du principe d’« inamovibilité ». S’ils déplaisent, « ils peuvent être déplacés comme des pions », observe l’ancienne magistrate. « Il est difficile d’enclencher des procédures avant que ces questions là soient réglées », ajoute-t-elle. Ce qui peut se faire rapidement.
Pour autant, la modification des conditions de nomination et de carrière des juges ne règlera pas tous les problèmes. « Il y a 1800 magistrats en Tunisie. Est-ce qu’on va confier nos droits à ces gens-là? Je dis non », déclare un avocat. « 1800 magistrats, c’est à peine la moitié de ce qu’il vous faudrait, ils ne seront pas si faciles à remplacer, vous n’avez pas de réserve toute prête », rétorque la députée. D’autres pays ont été confrontés au même problème: « L’Afrique du Sud, le Kosovo, tous les pays où il y a un changement de gouvernement s’y sont heurtés, rappelle Eva Joly. Au Kosovo, tous les magistrats ont été licenciés, un recrutement par concours a été organisé, et 1/3 des anciens magistrats ont été repris ».
Certains magistrats tunisiens seront sans doute prêts à travailler avec un autre gouvernement. Autre possibilité, ouvrir cette profession aux avocats.
Un avocat prend la parole: quel type de procédure choisir? La cour pénale internationale ou les tribunaux nationaux? « La CPI intervient à titre subsidiaire, répond Eva Joly, lorsque la justice d’un pays ne peut pas ou ne veut pas conduire une affaire.
Un autre avocat s’inquiète: « Je crains que les informations sur les gens qui ont été torturés se trouvent au ministère de l’Intérieur. Il faut sécuriser ce qu’il peut y avoir comme registres ». Certains ministères ont déjà commencé à faire le ménage.

La Tunisie recherche son Président chassé du pouvoir et plusieurs membres de sa famille par le canal d’INTERPOL

LYON (France) – INTERPOL confirme que son Bureau central national (B.C.N.) de Tunis a diffusé une alerte mondiale via le réseau international de l’Organisation, en vue de la localisation et de l’arrestation de l’ancien Président tunisien Zine al-Abidine Ben Ali et de six membres de sa famille. Comme l’indiquent les autorités tunisiennes dans les médias aujourd’hui, M. Ben Ali et certains membres de sa famille sont recherchés en Tunisie pour présomption de vol et transfert illicite de devises étrangères.
L’alerte (ou « diffusion INTERPOL ») contient les noms des personnes recherchées ainsi que différentes informations à leur sujet. Elle a été transmise directement par le B.C.N. de Tunis via le réseau de communication policière sécurisée d’INTERPOL, I-24/7, aux 187 autres pays membres de l’Organisation. Contrairement aux notices rouges INTERPOL concernant des personnes recherchées au niveau international, qui sont publiées à la demande des pays membres par le siège du Secrétariat général de l’Organisation, à Lyon, les diffusions sont transmises directement par les B.C.N. INTERPOL, sans intervention du Secrétariat général.
Dans la diffusion qu’il a envoyée, le B.C.N. de Tunis demande aux pays membres d’INTERPOL de rechercher et de localiser M. Ali et ses proches, et de procéder à leur arrestation provisoire en vue de leur extradition vers Tunis. Lorsque ces personnes seront localisées, les autorités tunisiennes transmettront des demandes officielles d’extradition par la voie diplomatique.
INTERPOL n’envoie pas d’agents pour procéder aux arrestations : celles-ci sont opérées par les services chargés de l’application de la loi des différents pays, conformément à leurs législations nationales respectives.
Toute demande d’information complémentaire sur la diffusion envoyée par la Tunisie concernant ces sept personnes et sur le fait qu’elles soient recherchées doit être adressée aux autorités tunisiennes.

Tunisie: Pas vraiment convaincant le ministre de la Justice!

  •  Par Walid Ahmed Ferchichi

    Mercredi 26 janvier 2011, sous les cris des manifestants venus de tous bords pour revendiquer l’amélioration de leurs conditions socioprofessionnelles, Lazhar Karoui Chebbi, ministre de la Justice dans le gouvernement de l’unité nationale, a annoncé que la justice tunisienne vient de lancer un mandat d'arrêt international contre l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali et son épouse Leïla Trabelsi, réfugiés en Arabie saoudite. Ce mandat porte sur les chefs d’accusation de l’acquisition illégale de biens mobiliers et immobiliers et de transferts illicites de devises à l'étranger.
    Neuf autres proches du couple présidentiel déchus, dont Belhassen Trabelsi en fuite, sont également visés par ce mandat.
    L’information a été confirmée plus tard dans la journée par l'organisation de coopération policière internationale, Interpol, laquelle a émis une alerte qui comprend notamment "les noms et diverses informations" sur les personnes recherchées. L’avis demande aux membres d'Interpol de «rechercher, localiser et arrêter M. Ben Ali et ses proches en vue de leur extradition vers la Tunisie».
    Un tollé général au sein des journalistes tunisiens…

    L’annonce faite par le ministre de la Justice devant un parterre de journalistes tunisiens et étrangers, de plusieurs avocats et représentants de la société civile, a suscité un tollé général au sein des présents, notamment les journalistes tunisiens. De prime abord, les chefs d’inculpation ont été qualifiés de «provocants», ne reflétant pas l’extrême gravité des crimes commis par le président déchu et son clan contre le peuple tunisien. De même, le ministre a «zappé» une question posée par un confrère sur l’article 41 de la Constitution tunisienne qui garantit au président déchu –et certains de ses proches- une immunité juridictionnelle durant et après la fin de l'exercice de ses fonctions, ce qui représente, le cas échéant, une bonne échappatoire «légale» pour Ben Ali. Sans doute aucun, le silence du ministre sur une question aussi sensible met encore de l'eau dans le moulin des détracteurs du gouvernement transitoire sévèrement accusé, par certains présents, de rechercher des «alibis juridiques», transformant ainsi la conférence en un grand prétoire ouvert à tous les vents. Passons.
    Le ministre a souligné, en réponse à une question posée par Webmanagercenter portant sur les éventuels obstacles qui peuvent rendre impossible l'extradition de Ben Ali et ses proches, que même en l’absence des accords d’extradition avec certains pays, le mandat d'arrêt international ne laisse aucune chance aux inculpés de fuir la justice tunisienne d’autant plus que le mandat va mobiliser tous les membres d'Interpol pour arrêter et extrader Ben Ali et ses proches vers a Tunisie.
    La liste des accusés et les chefs d’inculpation augmentent le courroux…
    La liste des accusés, une autre révélation faite par le ministre de la Justice et tant attendue par les Tunisiens n’a pas réussi à apaiser le courroux des journalistes qui ont assisté à la conférence. Les causes directes de ce grogne: certains noms ne sont pas sur la liste (les Chiboubs, les Zarrouks, les mabrouks, Abdelwaheb Abdellah, Abdelaziz Ben Dhia, Rafik Haj Kacem,…) d’autant plus que les chefs d’inculpation reflètent, selon les confrères, de la situation de l'hésitation et de l'absence d'une vision claire, transparente et bien déterminée du gouvernement actuel.
    Bon à souligner, M. Chebbi a mentionné que quatre affaires distinctes sont en cours d’instruction par les services judiciaires. Elles portent essentiellement sur les chefs d’inculpation suivants: «la conspiration contre la sureté intérieure, l'attentat ayant pour but d'inciter les gens à s'armer les uns contre les autres et l'acquisition de biens corporels mobiliers et immobiliers et les placements financiers illicites à l'étranger, en plus de la détention et de l'émission de devises par voie illégale, outre la tentative de transfert de devises sans préavis de la Banque centrale, l'introduction d'armes et de munitions sur le territoire tunisien et leur port, leur détention et leur commercialisation sans autorisation préalable ».
    Le ministre appelle les détenus à réintégrer les prisons…
    Par ailleurs, M. Chebbi a souligné que sur les 31.000 détenus dans les prisons tunisiennes, environ 11.029 se sont enfuis. En réponse à une deuxième question posée par Webmanagercenter portant sur les circonstances de l’évasion de ces détenus pour ne pas dire leur libération, le ministre a été catégorique dans sa réponse, en disant qu’une enquête a été ouverte et des instructions ont été données pour procéder aux constats nécessaires en vue de déterminer les circonstances de cette évasion et de délimiter les responsabilités.
    Dans ce même cadre, le ministre a appelé les «évadés» à se rendre et réintégrer leur prison et profiter, le cas échéant, des mesures mises à leur disposition telles que «la liberté conditionnelle» et «l’amnistie générale». D’ailleurs, M. Chebbi a indiqué que suite à son appel lancé sur les ondes de la radio, 1.532 détenus se sont rendus de leur propre gré.
    S’agissant des détenus qui sont morts au cours de ce dernier mois, le ministre a affirmé que les autorités ont recensé 74, dont la plupart (48 exactement) ont été enregistrés dans la prison de Monastir. «D’après les constats et suite à l’enquête menée par les autorités chargées de ce dossier, il s’est avéré que l’incendie a été provoqué par les prisonniers eux-mêmes», a-t-il affirmé.
    A entendre le ministre de la Justice, le dossier de cette immense tragédie, sans exagération aucune, la plus grave de toute l'histoire de notre système carcéral, est définitivement clos.
    Bref, M. Chebbi, ministre de la Justice dans le gouvernement d’unité nationale, a laissé les journalistes sur leur faim sur plusieurs questions, surtout des annonces et révélations qui n'ont pas réussi à calmer les esprits. Pis, elles n'ont fait que verser l'huile sur le feu.

mercredi 26 janvier 2011

Tunisiens, où est l’islamisme ?

Par DANIEL SCHNEIDERMANN

On les aime bien, les Tunisiens, on les adore, plus que jamais, on ne les a jamais tant aimés, mais franchement, ils ont exagéré. Imaginez ! D’abord, ils ont osé surprendre dans son confort la classe politique française. La droite (qui la veille encore proposait aimablement ses canons à eau à Ben Ali) aussi bien que la gauche (qui a découvert, quelle surprise, que le parti de Ben Ali était encore membre de l’Internationale socialiste). Et ce n’est pas tout.
Dans la même foulée, ils ont pris à contre-pied les télés, et leurs envoyés spéciaux, qui ont majestueusement attendu une bonne dizaine de jours, avant de s’aviser que peut-être, quelque chose était en train de se passer en Tunisie. Faire ce coup-là pendant les fêtes de fin d’année, pendant que les avions français patinent sur les aéroports enneigés, et que quelques centaines de touristes voient leurs vols retardés, a-t-on idée ?
Le pire, c’est le bon tour joué aux experts en poussées islamistes. Amis Tunisiens, où avez-vous donc rangé l’islamisme ? Tout de même, ils auraient pu aligner, en tête des manifs, quelques barbus photogéniques, pour faire plaisir à Sarkozy et Pujadas qui, d’une seule voix, avaient classé Ben Ali à l’inventaire mondial des «remparts contre l’islamisme». On n’en demandait pas beaucoup, deux ou trois, même avec barbe fine, mais si possible en costume typique, pour la photo.
Elle fait peine à voir, la déception à peine dissimulée des présentateurs, depuis le début des «événements». Il fallait voir Pujadas, en direct de Tunis lundi soir, cherchant ses islamistes à la lanterne, à la sortie d’une mosquée. Mais il n’y trouvait, hélas, que de simples fidèles, expliquant tranquillement que oui, bien sûr, des islamistes aux élections, au gouvernement, pourquoi pas, s’ils n’embêtent personne. Alors, ces islamistes ? Ce n’était donc qu’un fantasme ?
Car voilà : ce que viennent de faire les Tunisiens, c’est ni plus ni moins chambouler d’immémoriales représentations du JT, et donc aussi un peu les nôtres, Français. Au JT, la «rue arabe» est forcément fanatisée, elle s’exprime en hurlements de rage ou de douleur dans des capitales indistinctes, et est incapable d’autre chose que de brûler des drapeaux américains. Et soudain, d’une révolution arabe, émergent des mots d’ordre tout droit surgis des révolutions européennes et des Lumières, avec, croyait-on, copyright occidental exclusif : liberté, dignité, justice, débat pluraliste, et démocratie.
Et que voit-on ? Pendant que les présentateurs français tremblent encore de voir «des islamistes» entrer au gouvernement tunisien, c’est… un blogueur, qui y déboule, un blogueur facétieux et plein d’humour, Slim404 (ainsi baptisé en raison de la phrase «erreur 404» qui s’affichait, sous Ben Ali, à la place des sites censurés par le pouvoir). Slim404, donc, alias Slim Amamou, secrétaire d’Etat à la Jeunesse et aux Sports, twitta, minute par minute, le premier Conseil des ministres.
Ce fut une après-midi sans précédent. On était autour de la table du Conseil avec les ministres du gouvernement provisoire, les nouveaux et les autres. «C’est jouissif d’entendre le ministre de la Justice lire le mandat d’arrêt commençant par le nom de Ben Ali», twittait la petite souris Slim404. Ou encore cet aveu déchirant : «Les fonctionnaires du ministère ne veulent pas du gouvernement, y compris moi.» Ou cette adresse à ses anciens copains de manifs : «Si j’ai bien compris le ministre de l’Economie, jusqu’à maintenant nous avons perdu 3 % du PIB à cause de vos conneries.» Et notre préféré, dans sa sobriété solennelle : «Le ministre de la Défense nous assure que les frontières sont bien gardées.»
En quelques heures et quelques twits, Slim404 avait dédramatisé la révolution, rendu ses droits à la légèreté au cœur d’un moment d’histoire, esquissé ce que pourrait être un contrôle citoyen sur un gouvernement, et tranquillement réinventé la fonction de porte- parole du gouvernement. Excusez du peu ! Sans doute - peut-être - ses collègues ministres vont-ils lui confisquer son jouet lors des prochaines réunions. On souhaite vivement qu’il résiste à la pression. Ce sera un test.
N’empêche. L’espace de quelques heures, c’est non seulement l’ancien régime Ben Ali, mais toute la solennité française, les comptes rendus de Conseil des ministres coincés dans les dorures, la langue de bois des communiqués, le benalisme courtisan qui gangrène les âmes, qui prennent mille ans d’un coup. C’est beaucoup. Ah non, Tunisiens, la France éternelle ne vous dit pas merci.

mardi 25 janvier 2011

Tunisie : de la difficulté de libérer une presse aux ordres

Le 14 janvier 2011, le peuple tunisien a arraché sa liberté à une dictature qui a duré vingt-trois ans. Le 23 janvier, même la police, symbole et outil de l'oppression politique en Tunisie, a brisé les chaines et a dénoncé le comportement passé de sa direction.
Tous les secteurs sont en train de chercher le chemin de leur liberté et surtout la voix de leur indépendance. Mais où est la presse tunisienne dans ce mouvement historique ?
Le 13 janvier, tous les médias ou presque ont affiché leur volonté de rompre avec la propagande et la censure au service du pouvoir politique. Mais, au bout de dix jours seulement, cette volonté devient de plus en plus faible et de moins en moins fiable.
Les preuves d'une manipulation médiatique et d'un discours uniforme se multiplient. Certains journalistes commencent à renouer avec leurs mauvaises habitudes ; d'autres se soumettent sans réagir aux décisions de rédacteurs en chef qui ne songent qu'à soutenir, par réflexe et par principe, ceux qui détiennent le pouvoir, simplement parce qu'ils sont au pouvoir.

La critique de la dictature est une diversion

Aujourd'hui, la liberté d'expression des médias se réduit à deux phénomènes qui résument l'offre d'informations aux citoyens tunisiens.
  • la critique de l'ancien régime : elle ne dépasse pas la démonstration, imprécise, des crimes dévoilés après le départ de Ben Ali.
  • la prolifération de débats (talk shows) sur les plateaux des chaînes de télévision. Chaque soir, les différents sujets qui sont abordés tombent toujours dans les même piège : la diffamation, le règlement des comptes et les querelles inutiles (comme le cas d'Hannibal TV).
Critiques faciles et vagues de l'ancien régime et règlements de comptes sont les deux dimensions d'une dérive malsaine de l'information, dérive qui s'apparente à une nouvelle forme de manipulation médiatique.
Il y a manipulation, en effet, quand les organes de presse se servent de Ben Ali, désormais inoffensif, pour détourner l'attention des citoyens.
Prenons l'exemple du lynchage médiatique des personnages et personnalités qui gravitaient autour du couple Ben Ali. Ce bruit médiatique rempli de sensationnalisme et d'émotionnel donne l'illusion d'une liberté d'expression qui n'existe toujours pas en Tunisie.
Critiquer et accuser un régime déchu est la chose la plus facile à faire. Mais derrière ce lynchage se cache un objectif d'une opération de diversion : faire croire au peuple tunisien qu'aujourd'hui son seul ennemi est « Ben Ali ».
Les médias tunisiens continuent à montrer l'ancien régime comme le seul danger qui nous guette encore. En ne désignant qu'un seul danger, au demeurant factice, les médias tunisiens détournent l'attention du peuple tunisien et occultent, de fait, les autres menaces, bien réelles, elles.

Trois preuves de la manipulation médiatique

Et pourtant… le RCD, parti du dictateur déchu, continue à régenter le gouvernement de transition. Quelques témoignages contiennent les indices de la manipulation médiatique.
  • une journaliste qui travaille sur un site Internet réputé et qui affirme que son rédacteur en chef lui a strictement interdit de faire des investigations sur les documents détruits par quelques responsables ; or, ces documents auraient pu servir de preuves tangibles sur les crimes du régime de Ben Ali
  • un autre journaliste de la chaîne nationale affirme que les coups de fil passés en direct sont filtrés. Il précise que la régie prépare une liste dont les interlocuteurs sont sélectionnés en avance
  • ce même journaliste a même témoigné à propos d'un débat mis en scène de A à Z dans les coulisses. Et il nous a confié que plus que la moitié des émissions sont enregistrées pour ne pas risquer un dérapage quelconque

Questions dociles au Premier ministre Ghanouchi

Ces derniers jours, l'effort des médias se concentre sur la promotion et le soutien du gouvernement provisoire. La preuve la plus récente est l'interview du Premier ministre Ghanouchi, diffusée vendredi sur la chaîne nationale.
Devant les questions dociles des journalistes, Mohamed Ghanouchi a su influencer une grande partie du peuple tunisien. Les plans rapprochés sur ses larmes n'ont laissé personne indifférent, montrant la volonté -pas si innocente que cela- de gagner l'émotion, la compassion et la compréhension des téléspectateurs avec des techniques cinématographiques, bien connues des spécialistes.
Le découpage de cette interview montre surtout la complicité de la chaîne nationale avec le gouvernement provisoire.
Cette même interview a fait la une de la majorité des journaux, radios et sites Internet du samedi 22 janvier. La presse dans son ensemble n'a pas hésité à ajouter des commentaires positifs en faveur du premier ministre présenté comme l'incarnation de la « rupture avec l'ancien régime ».
Tout se passe comme si pour certains journalistes tunisiens la soumission automatique au Pouvoir était un réflexe conditionné issu de leur « bon vieux temps ».

Les débats télévisés ne servent qu'un seul point de vue

Autre exemple de conformisme anachronique, au niveau des débats organisés par la télévision et la radio : face aux manifestations qui continuent dans toute la Tunisie, les médias sont -encore une fois- tous d'accord pour suggérer la « frivolité » de ces manifestations ; insinuant ainsi que les manifestations qui ont abouti à la libération de notre pays avaient été, elles, des actes de violence et… de terrorisme.
Sans le moindre souci d'objectivité, les médias persistent à critiquer par tous les moyens les demandes des manifestants. Débats, interviews et même les news n'argumentent qu'à partir d'un seul point de vue :
« Nous n'avons pas de meilleure solution que le gouvernement provisoire dominé par les anciens du RCD. »
Et l'argument le plus fort, le plus utilisé aussi, est, bien sûr, la sécurité, l'équilibre et la sérénité du pays qui sont mises en danger, d'après nos médias, par ces manifestations pacifiques.
C'est un curieux détournement du débat que de l'organiser autour d'un seul point de vue. Le débat, c'est par définition, la discussion ouverte à partir de plusieurs points de vue. Multiplier les débats fermés ressemble fort, là encore, au vieux réflexe conditionné par le seule point de vue qui prévalait, naguère, celui de Ben Ali.
Depuis des décennies, le peuple tunisien s'est habitué à considérer les médias nationaux et même privés comme l'un des acteurs les plus puissants de la société du spectacle.
Mais le plus grave, après la révolte du 14 janvier, est de constater que nous n'avons plus beaucoup de chance d'avoir des médias libres, des médias qui se comporteraient comme des outils politiques indispensables à l'éclosion d'une vraie démocratie.
Car, il est clair que nos journalistes, précisément la majorité, renoncent à leur tâche la plus urgente : construire un espace libre de discussion et de réflexion.
Il est aussi clair que nos médias cèdent, sous ou sans pression (une enquête peut le prouver), à l'unique fonction de propagande et de censure qui était leur fonction sous la dictature.

Censure, manipulation et violation de la déontologie… Nous y sommes encore !



Tap


  Si la censure persiste encore sur internet (I), au niveau de la chaîne nationale, c’est encore plus grave, puisque manipulations et violations de la déontologie sont des pratiques ayant encore cours (II)
I.— La perpétuation de la censure sur Internet
S’agissant de l’internet d’abord, m’aurait-on dit qu’après la chute de Ben Ali, l’incarnation du visage de « Ammar 404 » (la censure de l’internet en Tunisie) deviendrait celle de Slim Amamou et de l’Atugien Sami Zaoui Secrétaire d’Etat chargé des TIC, j’aurai sûrement répondu par un sourire ironique.
Pourtant, c’est ce qui semble être devenu le cas lorsque je découvre la dépêche de la TAP qui rapporte : « L’accès à tous les sites web en Tunisie est libre, à l’exception des sites au contenu portant atteinte aux bonnes mœurs, comportant des éléments violents ou incitant à la haine, a annoncé le secrétariat d’Etat des technologies de la communication, dans un communiqué rendu public vendredi. Une adresse mail contact@web-liberte.tn est mise à la disposition des citoyens et des composantes de la société civile pour toute réclamation en relation avec la liberté d’expression sur Internet. (TAP – TUNIS, 22 jan 2011) »


Tap


  Ce qu’il y a de fâcheux dans ce communiqué, c’est l’absence de toute référence à la justice pour suspendre un site internet. Le seul progrès par rapport au passé, c’est la possibilité de contacter quelqu’un (allez savoir qui ?) via une obscure adresse mail “contact@web-liberte.tn”.
Pour le reste, on constate la perpétuation d’une police discrétionnaire et non moins arbitraire qui semble s’arroger ce qui doit relever de la seule compétence des tribunaux.
Etait-ce un communiqué isolé et maladroit ?
En tout cas, je constate en navigant que ce n’est pas aussi isolé que cela puisque sur certaines pages, la censure est encore de mise et toujours selon les formes propres aux dictatures. Voici ce qui désormais apparaît sur les pages bloquées en Tunisie :


Censure-Tunisie-PostBenAli


  On relève que sur la forme, hormis l’ancien mensonge de l’erreur 404, nous avons à présent « quelqu’un, quelque part » qui revendique cette censure. Pour le reste, les caractéristiques de la police de l’internet demeurent identiques à celle de Ben Ali. Des individus, derrière des écrans, décident discrétionnairement ce qui est accessible ou pas aux Tunisiens. Aucune décision de justice n’est mentionnée et aucune référence à un texte légal non plus (et bon courage à celui qui en sortira une de sa manche !).
Face aux sévères critiques que j’ai formulées sur twitter, le Secrétaire d’Etat au TIC Sami Zaoui abonde pourtant dans le sens de la seule compétence des tribunaux :


Tweet Sami Zaoui


  Néanmoins, comme déjà relevé, cela demeure au niveau d’un discours contredisant ce que l’on observe en navigant sur internet. D’autre part, ce n’était pas exactement ce qu’indiquait le communiqué publié par la TAP.
Plus stupéfiant, ce sont les tweets de @slim404 nouveau secrétaire d’Etat à la jeunesse en réponse à mon grand étonnement devant le maintien de la censure :


Tweets - Slim Amamou


  Ainsi, plutôt que de lever la censure totalement, on garde une liste des sites bloqués et quelqu’un se charge selon ses humeurs, sa morale, ses convictions de lever ou pas la censure (« décensurer»)
Slim Amamou comme Sami Zaoui reprennent à leur compte cette aberration de la censure discrétionnaire ; celle qui excipe de la pornographie, la pédophilie et le terrorisme pour justifier le pouvoir exorbitant et non moins tyrannique d’un tuteur protégeant les citoyens contre les vilains terroristes et pornographes.
Pourtant, on aura beau se contorsionner, l’argument de la pornographie est intenable. Du reste, l’affirmation selon laquelle « les Tunisiens ne veulent pas des sites pornos » — et à supposer qu’elle soit fidèle— ne signifie nullement que les Tunisiens acceptent de déléguer le filtrage de l’internet à une administration sous prétexte de les protéger des sites qu’ils ne souhaitent pas voir. D’autre part, pour ceux qui cherchent à accéder à l’information, il est tout aussi inadmissible qu’un bureaucrate censeur décide ce que le spécialiste en obstétrique, en MST ou le chercheur en sociologie des mœurs aient le droit de lire ou pas.
Qu’il y ait de « vieux croûtons » dans le gouvernement de transition qui soient prêts à sacrifier la liberté de l’internet sous le prétexte de préserver la société des dangers qui heurtent la morale, cela ne m’étonnerait guère. Qu’ils soient sincères dans leur vision du monde et de la morale, je peux le penser également. Mais, le problème c’est que ces derniers vivent encore dans le siècle dernier. Et je ne suis pas certain qu’ils soient en mesure de réaliser que la seule et UNIQUE garantie effective — et je mesure mes mots — contre tout glissement ultérieur vers un extrémisme de gauche, de droite ou religieux, c’est la liberté totale des médias, à commencer par celle d’accéder à l’internet.
Je l’ai déjà écrit, je fais partie de ceux qui sont terrorisés à l’idée de laisser un enfant seul devant un ordinateur connecté à internet. Mais je suis encore plus terrorisé à l’idée de transmettre une dictature à mes enfants. Les vieux croûtons qui sont prêts à sacrifier nos libertés pour satisfaire leur vision de la morale ne seront plus là dans une dizaine d’années. En revanche, mes enfants seront encore là et moi avec. Ne pas réaliser l’importance capitale d’un internet non soumis à la censure dans les années à venir pour préserver la démocratie des rédempteurs religieux, c’est jouer avec le feu qui brûlera les ailes de la nouvelle démocratie tunisienne.
Enfin, signalons la pétition d’un groupe d’internautes tunisiens très mécontent du maintien de la censure et qui demande l’arrêt total de toute forme de censure. Cette pétition demande également de laisser la responsabilité au citoyen de filtrer lui-même ce qui est susceptible de lui porter préjudice.
II.— Les atteintes à la déontologie sur la télévision nationale
Le 23 janvier 2011 survient un cataclysme dans l’audio visuel tunisien. Une parmi les trois chaînes à couverture nationale -Hannibal TV- est suspendue sans aucune forme de procès. Un écran noir remplace ses émissions. Cette suspension va durer jusqu’à 20h10.
Comment cela a eu lieu, qui l’a ordonnée et selon quelle procédure ? Nous ne le savons toujours pas.
Face à ce grave dérapage, le ministre du gouvernement de transition, A. Chebbi, prend en charge devant les médias le désamorçage de cette grave bévue. Il formule des excuses publiques et déclare que son gouvernement n’y est pour rien. Quant à savoir qui est derrière cette suspension, il s’est refusé à donner une quelconque information.
Ce qui est particulièrement inquiétant depuis la chute de Ben Ali, c’est cette opacité que l’on relève tous les jours concernant un certain nombre de décisions importantes. Et à ce propos également, tous les jours des informations affluent sur des arrestations de présumés collaborateurs avec l’appareil répressif de ben Ali, sans la moindre précision de « qui fait quoi ». Aucun porte-parole du ministère de la Justice ou du ministère de la Défense ne donne de détails sur les procédures suivies. Le pouvoir judiciaire, en terme de communication tout au moins, demeure le grand absent.
Quant à télévision nationale, elle ne parvient toujours pas à se défaire de l’une de ses plus dégradantes habitudes. La manipulation et la désinformation sous le couvert de la «source autorisée».
Une chaîne à couverture nationale est suspendue et, aussi invraisemblable que cela puisse paraître, la présentatrice du journal télévisé de 20h de la chaîne publique l’annonce comme s’il s’est agi de la météo.




  Et tout aussi invraisemblable, la présentatrice indique le plus naturellement au monde qu’elle tient ses informations d’une «source autorisée» (“masdar mâadhoun“). Un dictateur s’est fait virer et près d’une centaine de Tunisiens sont tombés, entre autres pour bannir ces «sources autorisées», mais la présentatrice n’est toujours pas au courant !


Censure Tunisie PostBenAli TVN 23-1-20011


  Plus impardonnable, la présentatrice lit le communiqué de cette « source autorisée» qui accuse le patron de la chaîne et son fils de crime de haute trahison, et ce, en faisant fi des règles déontologiques les plus élémentaires. Le rédacteur en chef du nouveau cru de la chaîne nationale ne sait toujours pas ce que signifie la présomption d’innocence. Du reste, la détention de l’Arbi Nasra et de son fils ne durera que quelques heures. Ils sont actuellement libres.

The Dictator is gone but not the dictatorship. We haven’t done anything yet.


Ben Ali is gone, but the regime is still there. This interim government must be purged of the old regime’s men. This is why I think we should not trust this government:

1. Mr Ghannouchi’s government did not unequivocally state that they will make every possible effort to get Ben Ali extradited to face justice in Tunisia. Mr Ghannouchi was still in contact with him after he left and there are credible rumours that the prime minister even mediated to get the dictator asylum.

2. This interim government is yet to send a full list of names for the Ben Ali – Trabelsi clans so that their accounts in foreign banks are frozen. Switzerland had to identify its own list of suspect accounts. France and other countries have taken preemptive measures but not based on an exact list from the Tunisian government. Even if this measure is finally taken by the government, the lack of urgency in dealing with this issue and the lack of transparency concerning who from the clan was arrested dealt Mr Ghannouchi’s government a huge credibility blow in the eyes of the public.

3. National TV does not look very free to me. Some people seem to be still pulling the strings and controlling the agenda of most programs. One example, early news programs reporting the demonstration which started in Sidi Bouzid and headed for Tunis to bring down the government said that their demands were “political and social” refusing to be any more explicit. They only admitted the specific demands later when it was clear the size of the demonstration was growing and it was turning into an open ended sit-in in the Kasbah. In so called round-tables, I very rarely see guests calling for the old regime’s men to go. I also rarely see guests representing parties who have been outspoken against the interim government, such as Marzouki’s CPR party and others.

4. The ministers who served under the old regime seem to be clinging to their positions at any cost. Their argument is continuity. This is laughable. Continutity can be assured by them making themselves available to an independent transition government whenever they are needed. Logistically, they can even work side by side but leaving the decision making power in the hands of the independents. Besides, we all now that continuity is guaranteed by the high-level and mid-level civil servants working under the minister, and not by the minister himself. This is why former Presidents H. Bourguiba as well as Z. A. Ben Ali moved their reliable men between the ministries of Sports, Information, Tourism, etc. regardless of their academic and professional experience. The position of a minister is a political one, tasked with drafting policies and long-term strategies and communicating with the public and other institutions at a political level. He or she is not tasked directly with operational day to day issues, which are usually delegated and are not reviewed on a daily basis.

5. Reports from patriotic Tunisians in various ministries and courts that critical documents are being destroyed. These documents are the only way to indict those who collaborated with the mafia of the old regime. A big clean-up is undergoing right now in the various “important” ministries and institutions. This cleanup is as widespread as the spread of the corruption under the old regime, where a big “royal clan” and their collaborators in the system were above the law for over a decade. This cleanup includes also the Ministry of Interior, where efforts are probably focusing on reducing as much as possible all evidence of torture and other serious abuses. There are even those who speculate that the burning of some prisons early on after the dictator fled was an attempt to get rid of the biggest piece of evidence, the prisoners who were tortured themselves. This morbid theory, while I hope is wrong, is a reflection in any case of the little trust the population has in this current caretaker government.
It is urgent that we get our economy back on track as soon as possible and start the rebuilding process. It is also urgent that we focus on the short-term basic needs of vulnerable people especially, many of whom lost their livelihoods in the disturbances which broke out after the dictator fled. This will only happen if people get an interim government that they accept and trust. The Tunisian people are very aware that democracy requires institutions and free and fair elections, and these cannot emerge out of a government that served under a dictator for two decades. Life does not emerge out of the dead. Only God can do that. The interim government must be formed of independents who have real credibility, personalities from academia and civil society who demonstrated their passionate belief in the values of freedom and democracy. Mr Ghannouchi must yield to popular demand for the country’s sake. We cannot change the population, so his government ought to go.

Khalil Amiri
London, 23/1/2011