samedi 22 janvier 2011

Tunisie : la «caravane de la libération» marche sur la capitale

Tunis, samedi. Au lendemain d'importantes manifestations dans la capitale, des milliers de Tunisiens ont entamé une marche vers Tunis pour réclamer le départ du gouvernement de transition. 
Tunis, samedi. Au lendemain d'importantes manifestations dans la capitale, des milliers de Tunisiens ont entamé une marche vers Tunis pour réclamer le départ du gouvernement de transition.  | AFP / Martin Bureau


Une marche pacifique baptisée «Caravane de la libération» est partie du centre-ouest de la Tunisie avec l'objectif affiché de renverser l'équipe en place. Partis de Menzel Bouzaiane, à 280 km au sud de la capitale, où sont tombées sous les balles de la police les premières victimes de la révolte populaire qui a entraîné la chute du régime Ben Ali, les marcheurs sont arrivés en soirée à Regueb (260 km au sud de Tunis), où la population devait les héberger.
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La contestation continue de s'élargir dans la société tunisienne. Alors que la rentrée des classes dans les écoles primaires, fermées comme tous les établissements scolaires depuis le 10 janvier, doit avoir lieu lundi, l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) a annoncé que les instituteurs allaient entamer une grève illimitée jusqu'à «la dissolution du gouvernement».

Des policiers défilent à visage découvert

Samedi à Tunis, des centaines de policiers avaient manifesté, en civil ou en uniforme, mais à visage découvert, devant le siège du gouvernement. Ils ont bloqué un moment l'accès du bâtiment à la du président tunisien de transition, Foued Mebazaa, avant d'être écartés en douceur par d'autres policiers en service. Le groupe de policiers protestataires s'est joint à d'autres manifestants, en majorité des employés de mairie, pour réclamer de meilleures conditions de travail et le départ du gouvernement. Vendredi, pour la première fois, des policiers avaient rejoint les manifestations à Tunis et dans plusieurs villes de province. Ils réclament également la création d'un syndicat pour défendre les droits de la profession.

«Nous aussi avons pendant des années été victimes de l'arbitraire de Ben Ali, expliquait samedi un jeune policier de 28 ans sous couvert de l'anonymat. Aujourd'hui, notre vie est menacée, les citoyens nous prennent pour des tueurs. Le peuple veut se venger, mais nous, nous sommes là pour assurer sa sécurité».

Sur le plan international, le Premier ministre tunisien s'est entretenu samedi avec et . La chef de la diplomatie américaine a affirmé sa «solidarité avec le peuple tunisien et l'appui de son pays à la nouvelle orientation» de la Tunisie, tandis que François Fillon a affirmé le soutien et l'appui de la France «dans tous les domaines».

Par ailleurs, un des frères de la femme de Ben Ali, son épouse, leurs deux enfants et leur gouvernante ont atterri vendredi matin, à bord d'un jet privé, à l'aéroport international de Montréal-Trudeau.

Après la "Révolution du jasmin", la "Caravane de la libération"

Des centaines d'habitants du centre-ouest de la Tunisie, d'où est partie la "Révolution du jasmin", ont entamé samedi une marche sur Tunis pour réclamer le départ du gouvernement des caciques de l'ancien régime, selon l'AFP.

Des centaines d'habitants du centre-ouest de la Tunisie, d'où est partie la "Révolution du jasmin", ont entamé samedi une marche sur Tunis, "la Caravane de la libération", pour réclamer le départ du gouvernement des caciques de l'ancien régime, selon un correspondant de l'AFP.
Ils étaient environ 300 à leur départ dans la matinée de la localité de Menzel Bouzaiane, à 280 km au sud de la capitale, mais ont agglutiné d'autres manifestants en chemin et approchaient dans la soirée de la localité de Regueb (centre-ouest) où ils étaient attendus par la population. Selon le correspondant de l'AFP, ils étaient environ 800 dans la soirée. Un syndicaliste qui participe à la marche, Mohamed Fadhel, a avancé le chiffre de 2.500. Des appels circulent sur les réseaux sociaux pour que d'autres manifestants d'autres régions rejoignent la marche qui compte arriver à Tunis "dans quatre ou cinq jours", selon M. Fadhel.
Des manifestations à Tunis avec des policiers
En attendant, le calme précaire à Tunis a une nouvelle fois été rompu samedi. Plusieurs centaines de personnes, dont de nombreux policiers, défilaient dans le centre de Tunis, demandant la démission du gouvernement dominé par des caciques du régime du  président déchu Ben Ali.  Des policiers qui manifestaient en civil et en uniforme devant le siège du gouvernement ont bloqué un moment l'accès du bâtiment à la voiture du président tunisien de transition, Foued Mebazaa, avant d'être écartés en douceur par  d'autres policiers en service. Le groupe de policiers manifestants s'est joint à un autre groupe protestataires, en majorité des employés de mairie, pour réclamer de meilleures conditions de travail et le départ du gouvernement.
Les Tunisiens manifestent quotidiennement pour demander la démission du  gouvernement d'union nationale formé lundi, trois jours après la fuite en Arabie saoudite du président déchu Zine El Abidine Ben Ali. Vendredi, pour la première fois, des policiers avaient rejoint les  manifestations à Tunis et dans plusieurs villes de province. Ils étaient nombreux samedi à défiler dans le centre-ville de Tunis, arborant un brassard rouge. La population tunisienne exprime ouvertement son hostilité à l'égard de la  police, instrument privilégié du pouvoir de Ben Ali, qui s'est illustrée dans la répression sanglante de la "révolution du jasmin", qui a fait 100 morts en un mois selon les Nations unies.
Autre signe que la colère n'est pas retombée : le syndicat tunisien des enseignants du primaire a appelé ses adhérents à observer une grève illimitée dès la rentrée prévue lundi pour exiger "la dissolution du gouvernement", a annoncé samedi à l'AFP un porte-parole de l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT).

POLEMIQUE - Une enquête sur l'argent qui a servi à les acheter pourrait être ouverte..

POLEMIQUE - Une enquête sur l'argent qui a servi à les acheter pourrait être ouverte...

Slim Chiboub, gendre de l'ex-président tunisien Ben Ali, le 19 janvier 2004, à Tunis Slim Chiboub, gendre de l'ex-président tunisien Ben Ali, le 19 janvier 2004, à Tunis F.BELAID / AFP

 

Dans la période actuelle, il ne fait pas bon être un proche du clan Ben Ali. Slim Chiboub, gendre de l’ex-président tunisien, en fait l’expérience en ce moment. La vingtaine de chevaux de course qu’il possède en France, basés à Chantilly et Marseille, sont suspectés d’avoir été achetés avec l’argent du peuple tunisien. En conséquence, il a commencé à les vendre, a révélé à 20minutes.fr une source travaillant dans le milieu hippique.

Les chevaux vendus ou «passés sous un autre nom»

C’est une bien mauvaise nouvelle pour Slim Chiboub quand le bilan de ses galopeurs s’établit en 2010 à une vingtaine de courses remportées pour un cumul de 582.000 euros de gains. Mais la fin d’une course remportée récemment par l’un d’entre eux à Marseille «a failli tourner au pugilat entre pro et anti-Ben Ali», rapporte cette source qui précise que cela a commencé à donner des frissons à France Galop, en charge des courses hippiques en France.
Alors «les chevaux de Slim Chiboub ont été passés sous un autre nom», celui de leur entraîneur pour la plupart, quand ils n’ont pas été tout simplement vendus. Cependant, dans ce dernier cas, l’argent n’atterrit jamais directement dans la poche du propriétaire, précise notre source, mais «sur un compte France Galop» et celui-ci «servira à payer ses entraîneurs».

Slim Cheboub fait profil bas

Si Slim Cheboub, actuellement à Dubaï, fait profil bas, il «serait un peu précipité de le mettre dans le même sac que Ben Ali, avec qui il n’est pas en odeur de sainteté», d’après l’un des managers qu’il emploie. En effet, l’homme est marié à Dorsaf Ben Ali, l’une des filles issues du premier mariage du président déchu, et «avait été écarté politiquement par les proches de la deuxième première dame», Leïla Trabelsi, a précisé Le Parisien jeudi.
Par ailleurs, Slim Cheboub ne figure pas sur la liste des membres de la famille Ben Ali et Trabelsi recherchés par les nouvelles autorités tunisiennes. Cependant, selon Le Parisien, un homme d’affaires tunisien vivant en France, Salah Harbaoui, a malgré tout déposé mercredi un référé pour faire saisir ses chevaux par Sherpa, une ONG qui figure parmi les auteurs de la plainte visant les faits de recel d'abus de biens sociaux, blanchiment et recel de détournement de fonds publics du clan Ben Ali.