mardi 18 janvier 2011

Gaudin n’a pas laissé entrer la révolution du jasmin au Mémorial de la Marseillaise

« Tremblez tyrans et vous perfides
L’opprobre de tous les partis,
Tremblez ! Vos projets parricides
Vont enfin recevoir leurs prix !
Tout est soldat pour vous combattre,
S’ils tombent, nos jeunes héros,
La terre en produit de nouveaux,
Contre vous tous prêts à se battre »

La Marseillaise, 4e couplet.

On ne pouvait rêver meilleur symbole. Mais l’odeur du jasmin, le sirocco de la liberté qui souffle depuis quelques jours de l’autre côté de la Méditerranée, le sacrifice de Mohamed Bouazizi, le courage d’un peuple qui est descendu dans les rues au risque d’y laisser la vie, le sentiment qu’un autre monde est possible, tout ça n’a semble-t-il pas ému le maire d’une ville pourtant si proche géographiquement comme culturellement de ce peuple en lutte.
C’est rue Thubaneau, là où La Marseillaise fut chantée pour la première fois, et où Gaudin est si fier d’avoir crée un Mémorial dédié au « chant de guerre de l’armée du Rhin« , que le sénateur-maire a présenté hier ses traditionnels voeux à la presse.
« Ce sont les racines même de la liberté politique, de la démocratie, de la république, qui sont expliquées et célébrées autour de notre hymne national dont les paroles ont été chantées pendant les 29 jours sur le chemin de Paris, avant d’être reprises dans tout le pays et devenir le symbole de la liberté pour les opprimés du monde entier ». Un beau discours, mais qu’il ne sait lire qu’avec ses lunettes d’ex-prof d’histoire de l’après-guerre.
Pas une phrase pour saluer le courage de la rue tunisienne, pas un mot pour les dizaines de morts tombés sous les balles de la police et des milices de Ben Ali, il fallut attendre les questions de la presse pour entendre Gaudin tenter de justifier la si critiquée, et si criticable position de la diplomatie française : « La France a observé, a été prudente…«  Une réponse si décalée dans ce lieu où fut inventée la Marseillaise : « Vous savez, il n’y a pas de révolution sans excès, la France n’est pas là pour favoriser les excès… »
Et Gaudin de finir de s’enfoncer, avec une phrase aux beaux relents néo-colonialistes : « si les intérêts des nombreux français qui sont là-bas ne sont pas pulvérisés et l’atteinte à leur liberté aussi, alors il est clair qu’il vaut mieux qu’un gouvernement nouveau s’installe en Tunisie« . Les Tunisiens apprécieront.
Pour le reste de ses voeux, comme d’habitude, un bel enfilage de perles. Du pomme-C pomme-Q, de ses précédents voeux. Quand le bâtiment va, tout va pour Gaudin : « 2010 a vu le début de la reprise économique (…) cela s’est traduit en particulier par les grues et les chantiers dans notre ville ». Et pour 2013, il nous a ressorti sa ridicule analogie du vase, du bouquet et de la table. Sur les affaires, service minimum après la running question de Marjory Chouraqui de La Provence, faisant simplement les gros yeux à ce pauvre Alain Belviso, le président de l’agglo d’Aubagne pour qui il n’a « pas un sentiment affectueux » - et dont la mise en liberté vendredi dernier malgré les souhaits du Procureur et du juge Duchaîne n’a pas échappé à Gaudin, comme à l’ensemble de la classe politique locale…
Et 2014 ? l’éternel couplet « je ne m’interdis rien », c’est vrai que si il devait être réélu pour un quatrième mandat, il serait maire jusqu’en 2020, et comme il l’est depuis 1995, il battrait Ben Ali en record de longévité au pouvoir. Mais ça n’a pas l’air de le gêner.
Et merci au passage à ceux qui ont permis aux 2 journalistes de Marsactu de pouvoir faire leur travail en les laissant rentrer à cette conférence de presse, après que les organisateurs nous aient bien fait comprendre que nous n’étions pas invités, malgré nos demandes, la salle étant parait-il trop petite et les restrictions budgétaires trop grandes. C’est dommage, on aurait pu ne pas entendre les bons voeux du maire adressés à notre profession :
 » Bonne année aux nombreux médias que vous représentez. Leur diversité est le reflet de notre société, l’essence même de notre démocratie dont l’exercice ne peut se concevoir sans la liberté d’expression« .

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