mardi 18 janvier 2011

Pourquoi la Règle du Jeu a soutenu les hackers anti Ben Ali


Laurent David Samama

Tunisie-Liberte
Manifestation à Lyon le 15 janvier 2011 pour célébrer la chute du président tunisien Zine El Abidine Ben Ali.
Jeudi 13 Janvier au soir, La Règle du Jeu lançait via twitter un appel à la blogosphère visant à soutenir de manière effective la Révolution de Jasmin. :
« Hackers de tous les pays, unissez-vous. Soutenez les Anonymous. Piratez, bloquez, les sites officiels de la Tunisie de Ben Ali. BHL »

Depuis, le désormais ex-Président Ben Ali a fui son pays. Il y a eu ces derniers jours, ces dernières heures en Tunisie, une formidable accélération de l’Histoire. De ces moments rares dans la vie des peuples et des nations où la volonté populaire triomphe de la dictature et des archaïsmes. Sans doute peut-on attribuer une partie du succès de cette mobilisation à l’outil Internet. C’est bien via Twitter, Facebook et divers sites et blogs que la jeunesse tunisienne s’est échangée des informations vitales à la contestation. Ces échanges ont eu lieu malgré la censure qui verrouillait les messageries et empêchait l’accès à certains sites. La Règle du Jeu a été victime de cette censure. Tandis que son site était accessible en Tunisie, nos pages chroniquant, expliquant la révolte étaient soigneusement rendues inaccessibles. Le procédé est machiavélique : de cette façon le pouvoir en place donnait à son peuple l’impression qu’en Europe personne ne le soutenait et que des sites comme le nôtre restaient sourds à son appel. Cela était faux, bien évidemment !
Forte de ce constat et bien consciente qu’il est des circonstances (soutien aux porteurs de valise pendant la guerre d’Algérie; manifestes des “salopes” clamant, il y a bien longtemps, avoir bravé la loi en se faisant avorter) où l’illégalité devient une nécessité, La Règle du Jeu a lancé un appel au piratage des sites officiels tunisiens.
Expliquons-nous. Puisque la dictature muselait les organes de presse et empêchait la libre expression, eh bien La Règle du Jeu a souhaité relayer l’action des hackers du monde entier exerçant ce que l’on pourrait appeler un droit de représailles démocratiques. L’Histoire nous a donné raison. Ce sont bien les institutions d’un pouvoir illégitime et désormais renversé qu’il fallait attaquer. C’est bien la presse, alors aux ordres, qu’il fallait mettre devant ses responsabilités. Cela aura constitué, en plus des articles mis en ligne sur le site, notre contribution à la Révolution de Jasmin.

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