mardi 25 janvier 2011

Sarkozy sur la Tunisie : un pas en avant, trois pas en arrière

Lors de la la troisième conférence de presse de son quinquennat, Nicolas Sarkozy n'a évoqué que les questions de politique étrangère, axant ses interventions sur la présidence française du G20 et la Tunisie. Sur ce dernier point, le président a admis quelques défaillances diplomatiques, invoquant surtout le principe de non-ingérence et l'histoire qui unit les deux pays pour expliquer les cafouillages français.



Sarkozy sur la Tunisie : un pas en avant, trois pas en arrière

A l’occasion de la troisième conférence de presse de son quinquennat, le président de la République avait bien fait passer le message : il ne serait question que de politique étrangère. De la hauteur ! « Opération Re-Présendialisation »: pas question de réunir la presse pour aborder les questions de politique intérieure. 

Contrat rempli. Nicolas Sarkozy a donc passé en revue l’actualité internationale, insistant sur deux axes majeurs : le G20 et la Tunisie. Il a annoncé la tenue, à la veille du sommet de Deauville, d'un forum sur l'Internet avec les principaux opérateurs du secteur des pays du G8. Assurant qu’il ne s’agirait « en aucun cas » de brider la Toile, quelques semaines après les révélations de Wikileaks, le Président a  estimé qu’« Internet ouvre pour les responsables que nous sommes de grands sujets de réflexion ».

Nicolas Sarkozy a listé tous les dossiers que la France entendait pousser, annonçant une présidence française sociale: « la France est favorable à une taxe sur les transactions financières »« elle proposera l'instauration d'un socle de protection sociale universel » et un « sommet social » sera organisé à la veille du sommet du G20. Sans dire lesquels, le président a promis des résultats...

Installé à la présidence du G20 depuis moins de trois mois, Nicolas Sarkozy a très peu goûté la question d’une journaliste qui l’interrogeait sur la fonction d’un G20 face à la montée en puissance d’un G2 sino-américain : « Le G2 sino-américain n'existe pas, nous sommes dans un monde multilatéral », a-t-il dit.

Sarkozy, opération re-présidentialisation

D’un ton grave, Nicolas Sarkozy s’est évidemment longuement attardé sur la révolution en Tunisie. Il a admis que Paris n'avait «pas pris la juste mesure de la désespérance d'un peuple frère». «Quand on est si proche, quand les destinées individuelles et collectives sont tellement imbriquées, on n'a pas toujours le recul nécessaire», a-t-il expliqué.

Il a également défendu Michèle Alliot-Marie dont l'offre de coopération policière au régime tunisien avait suscité la polémique. Nicolas Sarkozy a estimé que la ministre des Affaires étrangères avait simplement voulu «éviter qu'il y ait plus de drames». «La forme a pu porter à polémique. Je ne veux pas que la France soit assimilée à un pays qui ait gardé des réflexes coloniaux », a-t-il tout juste reconnu.
Le président ne s'est pas attardé sur les questions de fond : les aveuglements et impérities de la diplomatie française, et en quoi prêter sa police à un tyran aux abois relèverait moins d'un « réflexe colonial » que laisser un peuple reprendre son destin en main ?

Au moins Nicolas Sarkozy, a-t-il évité de sombrer dans les explications hasardeuses de sa « plume ». Le matin même, au micro de France-Inter, Henri Guaino, était interrogé sur les ratés du discours officiel de la France lors de la révolution tunisienne. Pour seule échappatoire, le conseil spécial du Président a expliqué que «ce n'est pas la première fois qu'on tire à balles réelles sur les émeutiers. Même dans les pays démocratiques, cela peut arriver » faisant allusion aux émeutes de Los Angeles de 1992 qui ont fait entre 50 et 60 victimes. 

Ce n’est qu’en toute fin de conférence de presse que l’atmosphère s’est quelque peu détendue lors de l’intervention d’une journaliste étrangère curieuse de savoir si en cas de contagion de la révolution en Algérie, le pays refuserait d'accueillir le président Bouteflika comme elle a interdit au président Ben Ali de s'exiler en France ?

Esquissant un sourire mais mal à l’aise, en homme sage, prudent et en phase de « re-présidentialisation », Sarkozy a esquivé la question: « En visite officielle ? », a-t-il demandé, trop soucieux, cette fois, de ne pas insulter l’avenir.

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