lundi 24 janvier 2011

Opposition tunisienne : les forces en présence


FOCUS - Après la fuite de Ben Ali, le chef du nouveau gouvernement d'union nationale a annoncé la légalisation de tous les partis. Opposition légale, partis interdits, lefigaro.fr fait le point sur les opposants à l'ancien parti quasi unique.

L'opposition légale (tolérée sous Ben Ali) :

Nejib Chebbi.
Nejib Chebbi. Crédits photo : FETHI BELAID/AFP
Parti démocratique progressiste - Le PDP est le plus grand parti de ce qui constituait l'opposition légale. Son fondateur, l'avocat Nejib Chebbi, a été nommé ministre du Développement régional du gouvernement d'union nationale annoncé le 17 janvier. Parmi ceux demeurés en Tunisie, il était le plus connu des opposants au régime de Ben Ali. Après avoir dirigé le PDP depuis les années 1980 jusqu'à 2006, il n'a pu se présenter à l'élection présidentielle de 2009, car n'étant plus le chef d'un parti. Najib Chebbi était fréquemment la cible des forces de sécurité tunisiennes et des médias pro-gouvernementaux. Aujourd'hui dirigé par une femme, Maya Jribi, le parti a été attaqué pour son manque de fermeté car il ne réclamait pas le départ de Ben Ali.
Ettajdid (Renouveau en arabe) - Développant une ligne politique de centre gauche, le parti anciennement communiste, a vu ses membres régulièrement harcelés par les autorités sous l'ère Ben Ali. Son secrétaire général, Ahmed Ibrahim, est le nouveau ministre de l'Enseignement supérieur du gouvernement d'union nationale mais menace déjà de démissionner. Il a été candidat à la présidentielle de 2009.
Forum démocratique pour le travail et les libertés - Le FDTL, parti de gauche, rassemble notamment des intellectuels, des membres de la classe moyenne et des activistes des droits de l'homme. Il milite pour la démocratie depuis sa création en 1994, réclamant des élections libres, la libération des prisonniers politiques, une séparation entre le parti au pouvoir et le gouvernement ainsi que la liberté pour le peuple tunisien. Légalisé en 2002, le FDTL est dirigé par Mustapha Ben Jaâfar, nommé ministre de la Santé du gouvernement d'union nationale avant de démissionner. Il s'agit d'un vieil opposant et d'une personnalité respectée de la vie politique, plusieurs fois candidat à la présidentielle. On ne sait pas en revanche de quelle popularité il dispose dans l'opinion publique tunisienne.
Parmi les autres partis autorisés, on compte notamment le Mouvement des démocrates socialistes (MDS) d'Ismaïl Boulahya, le Parti de l'unité populaire (PUP) de Mohamed Bouchiha, le Parti social libéral (PSL) et le Parti des verts pour le progrès. Leurs critiques du régime déchu ont été plus que discrètes. L'Union démocratique unioniste (UDU) est le seul parti de l'opposition de façade qui a pris ses distances pendant la crise du régime.
Union générale des travailleurs tunisiens L'UGTT est une puissante centrale syndicale, la seule du pays, qui a joué un grand rôle dans la révolution du Jasmin. Elle a soutenu le mouvement et appelé à des «réformes politiques fondées sur la promotion de la démocratie et la consolidation des libertés». Mais pendant le règne de Ben Ali, la direction de l'UGTT a souvent affiché une attitude relativement conciliante à l'égard du pouvoir. Trois personnalités de ce syndicat ont brièvement intégré le gouvernement d'union nationale avant de le quitter le lendemain sur demande de l'organisation.
L'opposition interdite sous Ben Ali :

Rached Ghannouchi (photo prise en 2000).
Rached Ghannouchi (photo prise en 2000). Crédits photo : ODD ANDERSEN/AFP
Ennahda (Renaissance en arabe) - Interdit jusqu'à la récente annonce de la légalisation des partis politiques, le mouvement des islamistes tunisiens est dirigé depuis son exil londonien par Rached Ghannouchi, un homonyme du premier ministre n'ayant aucun lien de parenté avec celui-ci. Ghannouchi a quitté la Tunisie il y a 23 ans mais se dit désormais prêt à revenir au pays. Son parti a été interdit au début des années 1990, accusé de menacer le régime. 25.000 de ses militants ont alors été incarcérés, d'autres quittant le pays. Aucun des membres d'Ennahda ne figure dans le gouvernement d'union nationale annoncé le 17 janvier. Le mouvement ne compte pas présenter de candidat à la présidentielle mais entend participer aux législatives. Au contraire de certains de ses voisins arabes, l'influence des islamistes en Tunisie est jugée moindre. Ghannouchi estime l'Islam compatible avec un régime démocratique multipartite et prône le dialogue avec l'Occident.

Moncef Marzouki.
Moncef Marzouki. Crédits photo : BORIS HORVAT/AFP
Congrès pour la République - Le CPR est dirigé par l'opposant historique Moncef Marzouki. Ancien président de la Ligue tunisienne des droits de l'homme et co-fondateur du Conseil des libertés en Tunisie (CNLT, non reconnu), Marzouki est condamné en 2000 à un an de prison. En 2001, il créé le Congrès pour la République puis quitte son pays pour la France où il vit dès lors en exil. Son parti est interdit en 2002. Marzouki a par le passé eu des liens avec les islamistes mais le CPR se définit comme une organisation laïque, militant pour les droits de l'homme, l'indépendance de la justice et l'organisation d'élections libres. Moncef Marzouki s'est déclaré candidat à la future présidentielle.
Parti communiste des ouvriers de Tunisie - Le PCOT est une petite formation d'extrême gauche dont les activités sont interdites dans le pays, où elle comptait autrefois des nombreux partisans à l'université. Le parti défend un régime parlementaire. Il est dirigé par Hamma Hammami qui, recherché par la police, vivait dans la clandestinité jusqu'à récemment. Il a d'ailleurs été incarcéré plusieurs heures durant la révolution du Jasmin. Le PCOT a annoncé qu'il ne présenterait pas de candidat à la présidentielle.
------------------
Les autres opposants :
Yadh Ben Achour, chargé de la réforme politique au sein du gouvernement d'union nationale, est un intellectuel ayant toujours gardé sa liberté d'esprit.
Slim Amamou, emprisonné pendant la «révolution du Jasmin», est un cyberdissident très actif. Il entre au gouvernement d'union nationale comme secrétaire d'Etat à la Jeunesse et aux Sports.
Mokhtar Trifi, chef de la Ligue tunisienne des droits de l'homme (LTDH), n'était pas reconnu par le pouvoir de Ben Ali.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire